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San José : la belle épopée
Orvault est devenu, le temps d'un week-end, la capitale du foot européen. Les U11 de San José, équipe d'un quartier paisible de Valence participent pour la première fois à ce type de tournoi XXL. Reportage embarqué avec un Miguel, un José et un Javi.
« Joder » , « vamos chavales » , « Ostia » , « venga » , les signes d’encouragement et de dépit s’entremêlent sur le bord de la pelouse. Après 3 victoires et 1 nul, les Espagnols de San José, petit club d’un quartier de Valence, en Espagne, voient devant eux se dresser un défi de taille : l’ogre nantais, qui compte un parcours sans faute dans cette poule du mini-Mondial d’Orvault, tournoi pascal réputé dans l’Ouest, regroupant 120 équipes en compétition, dont le Barça, Chelsea, la Juve, Manchester City, les gros clubs français, une Entente Côteau du Vignoble ou San José.
Des jours de congé et des cris
Les Canaris, version miniature, sont clairement favoris pour le choc de cette poule. Le vainqueur se qualifiera pour la phase finale et une nouvelle poule de 3, censée définitivement écrémer le plateau avant les choses sérieuses : les quarts de finale. La quinzaine de personnes encadrant et accompagnant les petits Espagnols donne de la voix et de l’énergie, à l’ombre d’un Barça qui attire évidemment tous les regards. Parmi eux, Vicente, papa de Javi, le petit 8 de l’équipe, pas franchement le meilleur, mais qui se bat comme un chacal sur le rectangle vert, porte un bronzage de mec connaissant son premier soleil de l’année. « J’ai pris deux jours de congé pour suivre mon fiston » , dit ce grand fan du Real Madrid. Sur le terrain, Javi semble plutôt tétanisé par la verve de son père, bruyant le long de la main courante et intransigeant avec le petit.
Après une victoire 9-0 face à une équipe locale, Adrian, l’entraîneur de l’équipe, 27 ans au compteur, grosse barbe, look soigné et gros smile, fait les présentations : « Cela fait 6 ans que je m’occupe des jeunes du club. Depuis mon arrivée, bien jouer au ballon, pratiquer un jeu simple fait de passes, de remises et de jeu en mouvement, à l’image du Barça, est ce que l’on souhaite développer comme idée du football dans notre club » . Ok, sur le principe, l’idée est louable, mais dans la pratique, le résultat n’est pas si évident à saisir. Peu importe. « L’objectif n’est pas de gagner le tournoi, confesse Adrian. De toute façon, avec City, Monaco, Chelsea ou la Juve, il ne faut pas se voiler la face, la tâche est ardue. Nous, on essaie de faire vivre une expérience positive aux enfants pour qu’ils s’ouvrent et se confrontent à des cultures qu’ils ne connaissent pas. »
Marre de l’herbe
À l’instar de toutes les équipes présentes à Orvault, l’organisation et l’accueil reçus sont pour Adrian un élément extrêmement positif de son expérience française. Il regrette néanmoins les 25 degrés de Valence, mais ne crache pas sur une petite crêpe à l’heure du goûter qu’il considère comme « une petite merveille » . Collé à côté de l’entraîneur, Dani, petit blond timide, un peu joufflu, joue pour l’équipe « azul » depuis maintenant 4 ans. Amateur également de handball, le petit suit les cours avec assiduité, mais ne rêve que d’une chose : devenir pro. Également, fan de Madrid « parce que la majorité de (sa) famille y vit » , le numéro 3 de l’équipe vit avec passion l’événement, mais regrette deux choses : l’absence de sa famille et les terrains… en herbe. La nouvelle génération a ses codes : « Je n’aime pas la pelouse naturelle, je préfère jouer sur synthé. Il n’y a pas de faux rebonds, et c’est donc plus facile pour les contrôles » . À quelques minutes du match décisif face à Nantes, il rêve de qualification et d’une prochaine rencontre contre un club anglais. Liverpool et Man City font envie. Surtout à 10 ans.
Entre les cris, les trompettes et les encouragements de toute sorte, le public espagnol est bouillant. L’entrée sur la pelouse de son équipe se déroule au rythme de la musique de Star Wars. Un cri de guerre, des mâchoires serrées et des regards acérés signifient à leurs adversaires que leur engagement sera sans faille. Pas le genre de comportements à faire flipper les minis-Canaris. Le match débute sur des bases élevées pour les Valenciens, trop élevées. Les premières minutes de la partie sont asphyxiantes, la balle est monopolisée par les Nantais qui ouvrent joliment la marque grâce à un petit lob des familles d’une pépite canarie. Les encouragements ibériques laissent place au silence. Le temps file et alors que le FCN déroule son foot, San José place un contre très rapide et réussit à égaliser, d’une frappe à l’entrée de la surface. Et si…
Lorient, le LLOSC et l’OL derrière San José
Il reste 10 minutes, mais elles ne seront que souffrance, tant physique que mentale, pour les petits Bleus. Souverains au milieu, dominateurs techniquement, les Canaris ont repris l’avantage, après un mouvement collectif d’école, conclu par un modèle de tête décroisée. Plutôt bluffant pour des gamins de 11 ans. Le FC Nantes ne lâchera plus la rencontre, et San José peut remiser ses envies de grosses écuries européennes. La tristesse se lit évidemment sur leurs visages, car les chances sont maigres pour ces minots de retrouver un jour sur leur route les prestigieux noms proposés par le tournoi orvaltais. Après 4 matchs de classement, dont 3 nuls et une victoire, San José termine son aventure française dans le premier tiers du classement final, à la 25e place (72 équipes représentées en U11, 48 en U13). Manchester City, Liverpool, le Barça sont bien devant, mais les Espagnols font mieux que l’Olympique lyonnais, le FC Lorient ou le LLOSC. Pas si mal et un beau lot de consolation avant de reprendre ce qu’on n’aime pas trop : l’école, alors qu’il commence à faire beau.
Par Gaultier Fabre, à Orvault