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Samuel Eto’o Fils, Tome VIII

Par Markus Kaufmann
5 minutes
Samuel Eto’o Fils, Tome VIII

Un premier tome au Real Madrid et à Leganès. Un roman renaissance à Majorque. Deux immenses best-sellers au Barça et à l'Inter. Un carnet de voyage en Russie, entre Moscou et Makhatchkala. Une série de deux aventures discrètes en Angleterre, à Londres et Liverpool. Et voilà le huitième volume : le retour en Italie. Alors que l'on pensait que Samuel Eto'o allait lâcher la plume bien plus tôt, voilà qu'il s'envole pour Gênes et la Sampdoria de Mihajlović dans un beau projet footballistique. Pour continuer à écrire une histoire qui pourrait bien ne jamais se finir.

Finalement, très peu de grandes figures réussissent à conserver le même personnage au fil de toutes ces longues années de carrière, entre histoires de concurrence, de contrats, d’intérêts, de familles, de buts et d’hommes. Il y aura eu au moins cinq ou six Maradona, d’Argentinos Juniors à Séville. On a connu quatre Beckham, entre le 7 de Manchester, le 23 Madrid, la rockstar à Los Angeles et le pro exemplaire à Milan et Paris. Zidane, lui, aura connu une carrière en trois temps bien rythmés : la France, Turin, puis le Real. Certains parviennent à construire une seule identité forte : Zanetti malgré les débuts à Banfield, Totti malgré les changements dans le jeu, Giggs malgré la perte de vitesse. Mais ils sont aussi rares qu’immenses. Au milieu de tout ça, il y a les autres qui font comme ils peuvent. Et à l’opposé, il y a ces champions qui ne peuvent s’empêcher de toujours choisir le contre-pied. Deux, trois ou quatre actes, ça ne suffisait pas pour Samuel Eto’o. Maintenant qu’il est entré dans l’histoire du football, peut-être veut-il démontrer qu’il peut y rester pour toujours. Immortel ?

L’envie insatiable de prouver

Quelque part, Samuel Eto’o a toujours eu quelque chose à démontrer. D’abord, on lui a toujours demandé. Le Real l’avait envoyé chez les anonymes de Leganès, puis lui avait seulement concédé quelques bouts de matchs. Sept, en tout. Ensuite, c’était l’exil au large, à Majorque. Malgré la gloire de 2009 et sa saison irrésistible dans le premier Barça de Guardiola, Eto’o avait été viré pour « une question de feeling » . Sans respect. Arrivé comme une monnaie d’échange à Milan, il trouvait alors Diego Milito en pointe. Eto’o, le champion d’Europe, le 9 du Barça, provoquait un penalty lors du premier derby de la saison, mais devait laisser le buteur argentin le transformer à sa place. Le destin est capricieux. Deuxième arme offensive de l’équipe de Mourinho, il finissait la saison avec 12 petits buts en Serie A et passait une bonne partie de son temps à jouer pour un Milito princier.

À Chelsea, on lui aura répété qu’il n’était plus « un grand numéro 9 » . Ensuite, Eto’o a toujours eu quelque chose à démontrer parce qu’il en a toujours eu envie. De se montrer, de démontrer, de faire plus que tout le monde. À vrai dire, la situation au Barça et le fauteuil de Messi en faux 9 ne lui aurait peut-être pas plu très longtemps. À l’Inter, il aura pris un malin plaisir à battre les records de Milito lors de sa deuxième saison milanaise, la plus aboutie de sa carrière à titre individuel (37 buts, 15 assists). Qui sait, peut-être d’ailleurs qu’il garderait plutôt les buts et la gloire individuelle sous les ordres de Leonardo plutôt que le sacrifice et les titres sous Mourinho.

De Moscou à Londres, de Makhatchkala à Liverpool

En juillet 2011, lorsqu’Eto’o prend dans ses bras Massimo Moratti au milieu du terrain d’entraînement de l’Inter, sous les applaudissements des tifosi, on croit bien qu’il s’agit d’un adieu au grand football. Le contrat était si gros, le projet était si différent. Et puis, Eto’o avait déjà tout gagné. Tout. Mais la Russie n’a pas enlevé Samuel Eto’o. Elle l’a fait vieillir, c’est tout. Peut-être un peu plus vite que s’il était resté dans un grand club européen. Parti à 30 ans, il est revenu avec deux années de plus, mais aussi une bonne centaine de vols Moscou-Makhatchkala. À Chelsea, Eto’o a donc subi le banc et les vannes.

Il est tout simplement devenu vieux, chose que peu de grands buteurs de son âge n’ont pas connu. Seul Zlatan Ibrahimović, peut-être. Et le Suédois répète qu’il arrêtera avant que le destin ne le rattrape. À Everton, Eto’o s’est donc adapté à son âge : milieu offensif (7 fois) plutôt qu’avant-centre (3 fois), et souvent remplaçant (7 fois). Ainsi, ces dernières trois années et demie ont été un véritable déclin littéraire. Un volume russe que personne n’a jamais compris, car il n’y a rien à comprendre dans une telle offre financière. Puis deux volumes anglais plus courts, plus tristes, presque pathétiques. Des échecs, car tout ce qui n’est pas brillante réussite doit être un échec pour Eto’o. Et voilà qu’en ce mois de janvier 2015, la Samp propose de prolonger à nouveau l’écriture.

Casting génois et génial

Cette Sampdoria, ce n’est pas n’importe laquelle. C’est celle de Siniša Mihajlović, guide spirituel, tactique, technique et aussi physique d’un club qui renaît sous le leadership de l’un de ses ex (à lire : Mihajlović, guide de l’église sampdorienne). Une belle histoire qui vaut 34 points à mi-chemin et une belle 3e place ex-aequo avec le Napoli. Et puis, c’est aussi celle de Massimo Ferrero, imprévisible président à l’italienne. Alors que la vente de son meilleur buteur Manolo Gabbiadini au Napoli semblait redimensionner l’ambition du club, l’achat de Luis Muriel – indisponible encore six semaines – et l’arrivée d’Eto’o sont un regard ferme et dense vers la qualification en C1.

Après tout, il faut dire que lorsqu’un chef de guerre serbo-croate rencontre un roi camerounais dans la demeure d’un riche entrepreneur italien sur les rives d’un port européen, le Vieux Continent a de quoi s’inquiéter. En tout cas, cette ultime destination est digne d’un roman d’aventures. Ironie de l’histoire, Samuel Eto’o revient dans une ville portuaire de la Méditerrannée près de vingt ans après son arrivée téméraire à Marseille, avec un pauvre visa de dix jours. Une manière de boucler la boucle ? Mais qui peut dire avec certitude que c’est déjà la fin ? Il paraît que les grands écrivains ne meurent jamais.

D’ailleurs, les grands acteurs non plus

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