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Sampdoria : chute à l’arrière
Avant-dernière de Serie A et déjà distancée dans la course au maintien, la Sampdoria court un péril bien plus grand : incapable de payer ses salariés depuis des mois, le club pourrait bien faire faillite.
En mai dernier, les supporters de la Sampdoria organisaient une veillée funéraire pour leur grand rival du Genoa, relégué en Serie B. Aujourd’hui, c’est leur propre club qui, avec neuf points en vingt journées et autant qui les séparent du premier non-relégable, est en passe de descendre à l’étage inférieur. Pire, c’est six pieds sous terre que risquent de se retrouver très bientôt les Blucerchiati. Endetté à hauteur de plus de 100 millions d’euros, le club doit absolument en trouver au moins 35 pour finir la saison, dont 11 avant le 16 février, sous peine de se voir retirer deux points de leur maigre pécule. Une somme qui correspond aux salaires impayés d’octobre à décembre.
Sérénade à la génoise
Pas encore résignés, les tifosi de la Samp’ sont venus à nouveau crier vendredi leur colère sous les fenêtres de l’entreprise de l’ancien propriétaire du club, Edoardo Garrone. Ils lui reprochent d’avoir vendu celui-ci en 2014 à Massimo Ferrero : « Tu l’as mis ici, maintenant tu nous en débarrasses » ont-ils exigé, avant que ne pleuvent les « Garrone, Garrone, Vaffanculo ». Plus menaçants, ils lui ont aussi lancé « Surveille tes arrières, ou tu ne vivras plus », référence à peine voilée à la lettre contenant une balle de pistolet déposée cinq jours plus tôt au siège du club avec un message sans équivoque : « La première est factice, la prochaine sera réelle. » Un message qui vaut autant pour le nouveau propriétaire.
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— Stefy Blucerchiata⚽️📖🎶 (@Stefaniainfo) February 3, 2023
Cela fait longtemps que le Romanista Ferrero n’est plus en odeur de sainteté du côté de Gênes. En décembre 2021, arrêté pour la faillite illégale de ses entreprises, il cède son poste de président à Marco Lanna, ancien défenseur de la Doria et seule figure de l’équipe dirigeante à trouver grâce aux yeux des supporters. Puis, en octobre dernier, sous la pression des tifosi, Massimo Ferrero doit fuir, à la mi-temps, de la tribune officielle du stade Luigi-Ferraris où, injure suprême, il avait fait un retour inattendu pour assister à la venue de son club de cœur.
De nombreux prétendants
Les offres de rachat n’ont pourtant pas manqué. Dès 2019, un consortium mené par le regretté Gianluca Vialli se portait candidat, avant de renoncer devant les surenchères successives de Massimo Ferrero. En septembre dernier, c’est à un membre de famille de la famille royale du Qatar qu’on prêtait l’intention de se porter acquéreur. Puis, en janvier, c’est Merlyn Partners, le fonds d’investissement propriétaire du LOSC, qui jetait l’éponge à son tour : « Avec grand regret, je dois constater qu’il n’y avait aucun intérêt de la part des propriétaires actuels à trouver une solution qui aurait permis à Merlyn de sauver, puis de relancer la Sampdoria. » Haro sur Ferrero !
« Nous ne sommes plus capables de continuer par nous-mêmes. Il faut absolument un changement de propriétaire. La situation ne peut plus durer », confiait Marco Lanna à Tuttosport après l’annonce du retrait du fonds d’investissement. Qui alors pour sauver la Samp’ ? Mi-janvier, Massimo Ferrero espérait toujours trouver des liquidités auprès des banques, fort des négociations – finalement avortées – avec le fonds d’investissement californien Oaktree, déjà créancier de l’Inter Milan. Le 2 février, le propriétaire du club a une nouvelle fois séché le conseil d’administration, également déserté par la majorité des actionnaires. La direction du club a alors déclenché une procédure d’insolvabilité. En cas d’échec du rééchelonnement de la dette, le risque d’une faillite est réel. Pendant ce temps-là, en tribune, les tifosi de la Doria continuent à donner de la voix. Dans un parcage plein pour assister à la défaite des leurs à Bergame le 28 janvier, ils n’ont pas arrêté de chanter, même une fois la partie terminée. Ce lundi à Monza, le parcage visiteur de la Samp’ devrait encore faire le plein. Quand le bateau coule, l’orchestre continue de jouer.
Par Baptiste Brenot