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Samir Nasri se replace
Mine de rien, Samir Nasri s’apprête à disputer sa première compétition comme titulaire de l'équipe de France. Mais pas en 10, ni en 8 ou en 6, mais sur l’aile droite. Comme un vulgaire Arjen Robben.
Maintenant que la France de François Hollande et de Laurent Blanc s’affiche en 4-3-3, Samir Nasri va devoir s’écarter sur une aile. A priori la droite, Ribéry préférant la gauche. Au vu de sa technique, de sa vivacité, de sa faculté à pouvoir conclure les actions, cette position d’attaquant-ailier lui va comme un gant. Vu son parcours, sa formation et sa réputation, déjà moins. Au départ, Samir est vu comme un meneur de jeu, et plus précisément, sur la Canebière, comme le successeur d’un certain Zinedine Zidane, qui lui remettra d’ailleurs, à la fin de la saison 2006-07, le trophée de meilleur espoir du championnat de France.
Ensuite, sont de plus en plus nombreux ceux qui le voient comme un numéro 8, un relayeur, tout en percussion, technique, ratissage et râteaux. Certains vont même plus loin. Albert Emon, par exemple, voit en lui le prototype du numéro 6 de demain. Demain devenu aujourd’hui, davantage perçu comme un attaquant qu’un milieu de terrain, Samir s’est exilé ailier. Enfin, on dirait. En fait, on ne sait pas trop.
Quelque part entre le milieu et l’attaque
Ainsi, à Arsenal, il a surtout joué à gauche ou dans l’axe, en soutien de l’attaquant, pour un rôle de plus en plus offensif ; à City, c’est quasiment la même. Aussi, s’il n’est pas, en club comme en sélection, un joueur que l’on peut considérer comme un véritable attaquant, il n’est plus non plus un milieu de terrain à proprement parler, comme le sont, par exemple, Yaya Touré, Gareth Barry ou Yohan Cabaye. Curieux d’ailleurs de constater, comme en équipe de France, que sa trajectoire et surtout sa position croisent celles de Florent Malouda.
Si le joueur de Chelsea a mué, lui, d’ailier virevoltant à qui Lacombe Bernard gueulait de bien tenir sa ligne, sur les ondes d’OL TV, à milieu gauche dans le trident d’un 4-3-3, quelque part entre Juninho et le fameux milieu box-to-box à l’anglaise, Samir « Taxi » Nasri est en train d’effectuer la trajectoire inverse. De futur Zidane à Dhorasoo 2.0 à… d’ailleurs à quoi au juste justement ? Parce qu’à ce nouveau poste d’ailier droit, Nasri doit encore s’inventer. Ses caractéristiques peuvent rappeler l’un de ses anciens coéquipiers, Andreï Arshavin. Mais son volume de jeu et sa capacité de récupération sont supérieures à celle du Russe.
Titulaire, un point c’est tout ?
Il paraît impensable, par rapport à sa nouvelle position, de ne pas lui permettre de flotter un peu, dans l’axe, et plus bas même, à la remontée des ballons. Ses déplacements doivent peut-être même être encouragés, justement pour déclencher l’offensive, ouvrant ainsi des espaces à Debuchy à droite, à Cabaye, voire à Benzema. Et le nouveau positionnement de Malouda, justement, permet également d’imaginer des possibilités de permutations, avec la polyvalence de Ribéry et Benzema, aussi nombreuses qu’intéressantes.
Curieux, tout de même, de se dire que la France s’apprête à jouer avec Malouda au milieu et Nasri en attaque. Reste que, même si son positionnement et ses déplacements sont encore à définir, le statut de Samir, qui n’avait pas été sélectionné pour la Coupe du monde 2010, est le même que celui de la Maloude : titulaire. Indiscutable, peut-être pas encore aux yeux de tout le monde, mais aux yeux de son sélectionneur, ce qui reste le plus important. Et, au vu de l’avenir qu’on lui promettait, c’est bien la moindre des choses. Car il n’est jamais très bon de trop s’éloigner de sa trajectoire initiale, surtout quand on se fait appeler « Le Petit Prince ».
Par Simon Capelli-Welter