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Samir, là, on ne peut plus suivre

Par Romain Canuti
Samir, là, on ne peut plus suivre

Il est détesté par une bonne partie des fans de foot en France, et depuis un bon moment déjà. Pour une poignée d'irréductibles, il était encore « le petit prince de Marseille ». Mais le vase vient peut-être de déborder pour Samir Nasri...

La période entre Noël et le jour de l’an. Celle où l’on profite de ses cadeaux étant enfant, où l’on organise sa soirée du réveillon quand on se rapproche de l’âge adulte et où… on ne sait pas trop quoi foutre au travail quand on est dans la vie active. Ça marche aussi pour les journalistes sportifs. Des équipes types à mi-saison, des rétros sur une année civile qui par définition n’ont aucun sens, il faut bien meubler. Et puis Samir Nasri arrive. Une série de tweets où il est question de règlement de compte et de sexe avec des filles qui ont trop longtemps hésité entre être hôtesse ou infirmière. De quoi mettre la lumière sur une clinique bien douteuse et motiver une commission anti-dopage à mettre son nez là-dedans. En cette fin d’année, Benzema, Ben Arfa et Ménez, les trois autres lascars du carré magique de la génération 87 n’avaient pas assez fait parler d’eux ces derniers mois, il fallait que Nasri lui aussi « retombe dans ses travers » .

Il s’était pourtant relancé à Séville

Pourtant, il avait tout fait pour faire oublier cet aspect de sa carrière ces derniers mois. Un retour convaincant avec City en fin de saison dernière, puis le choix, en fin de mercato, de rejoindre le FC Séville de Sampaoli plutôt que de rester à Manchester City où il a un contrat béton jusqu’en 2019. Malgré un recrutement tous azimuts propre au club andalou (Ganso, Sarabia, Correa, Vázquez, Ben Yedder, Vietto) et la tactique singulière du disciple de Bielsa, Nasri s’impose immédiatement en Liga dans une équipe qui joue les premiers rôles. De son propre aveu, lassé par les polémiques en tout genre, il envisageait sérieusement de migrer vers la MLS, alors qu’il avait encore vingt-huit ans. Mais là, il avait replongé, il redevenait le Nasri bankable. Ce gamin fou de foot, qui regarde tous les matchs de tous les championnats, qui n’hésitait pas à aller faire ramasseur de balle au Vélodrome quand il restait des places alors qu’il n’avait plus l’âge. Et puis surtout Nasri le footballeur. Un vrai joueur de ballon, qui fait dire, rien qu’à sa gestuelle, qu’il n’y a que Yoann Gourcuff qui pouvait lui disputer le titre d’héritier de Zidane. Forcément, la machine médiatique s’emballe. À envie de reparler de lui en équipe de France car oui, Nasri a beau être moins décisif que d’autres, son profil est tellement rare qu’on se dit que c’est le moment d’en parler tout le temps, un peu comme avec Abou Diaby. Déjà, à ce moment-là, il y a de quoi grincer des dents, lors d’un passage sur la chaîne L’Équipe où ça ne respire pas trop la remise en question, notamment les passages sur sa relation avec Guardiola et son embrouille passée avec Gallas. Mais qu’importe, on a envie de croire au renouveau de Nasri, qui dit participer car il regarde l’émission depuis l’Espagne. Et finalement, on a envie de prendre fait et cause pour lui sur toute la ligne. Au moins se dire qu’il faut voir qui il a eu en face tout au long de son parcours.

Nasri contre le reste du monde

Des Mathieu Valbuena ou des Karim Ziani à Marseille, qui jalousaient son destin de premier Marseillais à pouvoir prendre le jeu des Phocéens à son compte en passant par le centre de formation. Un Thierry Henry sur le déclin, qui voulait donner des leçons de respect avec un dispositif de places dans le bus, mais qui était incapable de transmettre. Des journalistes à l’Euro 2012, qui savaient qu’ils avaient l’opinion publique avec eux après Knysna et qui pouvaient donc se payer la tête de joueurs tricolores sans forcer. Des coéquipiers tout lisses en équipe de France, qui étaient contents d’être remplaçants et qui n’osaient pas lui dire quoi que ce soit en face. Didier Deschamps, l’incarnation même de l’opportunisme. Et même ce fameux Willy Gallas, qui se plaint, mais qui n’est jamais trop clair dans ses explications. Vraiment, pour Nasri, sur le moment, on est prêt à se fâcher avec tout ce beau monde car on se dit que c’est un des derniers qui aime vraiment son sport plus que le tapage qu’il y a autour. Un des derniers qui le pratique avec un amour de la passe léchée. Une sorte de Riquelme des temps modernes. Un mec dont les enfants de choeur qui se sont intéressés à ce sport avec les jeux vidéo diront toujours qu’il ralentit le jeu.

Et puis il y a donc ces satanés tweets qui viennent tout foutre en l’air. Ironie de l’histoire, la photo de profil n’est elle pas piratée, c’est toujours le petit Samir de la Gavotte qui s’affiche à côté de ses histoires de prestations tarifées. Et peu importe le fin mot de l’histoire en définitive, peu importe la taille du tableau de chasse, Nasri a perdu quoi qu’il arrive car on sort une nouvelle fois du football. Et même si leur taux d’authenticité est moins élevé, on se dit finalement qu’il vaut mieux être du côté des Valbuena, Henry, Deschamps…

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