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Samir Handanovic et le sourire amer de Batman

Par Markus Kaufmann
Samir Handanovic et le sourire amer de Batman

Autrefois à l'Udinese, aujourd'hui à l'Inter, Samir Handanović est depuis 2007 l'un des tout meilleurs gardiens d'Italie. Sacré deux fois numéro un de la Botte, en 2010-11 et 2012-13, le Slovène devrait remporter le prix 2013-14 et semble bien parti pour rééditer la performance en ce début de saison. Mais alors que Manuel Neuer s'est fait une réputation en dehors de sa surface, c'est sur sa ligne qu'Handanović bat des records. Celui que l'on surnomme Batman en est à six penaltys arrêtés d'affilée…

Après deux saisons sous les ordres d’Andrea Stramaccioni et Walter Mazzarri, le passage de Samir Handanović à Milan peut se résumer à l’expression que le visage du Slovène prend lorsqu’un arbitre siffle un penalty contre son Inter : un sourire amer. L’amertume, parce que la défense nerazzurra vient de démontrer qu’elle n’est plus ce qu’elle aura été de 2001 à 2010. Mais le sourire, aussi, parce que le Slovène est tout simplement le meilleur gardien de but au monde sur penalty. La semaine dernière, il a calmement arrêté son sixième penalty d’affilée : Maxi López et Cassano la saison passée, puis Larrondo (Torino), Cossu (Cagliari), Toni (Hellas) et Konoplyanka (Dnipro). Depuis 2010 en Serie A, le portier en est à 17 penaltys arrêtés sur 36, soit un remarquable taux de 47% d’arrêts. Et avec un total de 20 penaltys repoussés, le record de Gianluca Pagliuca n’est plus qu’à 4 unités…

Mais non, Handanović ne défend pas les mêmes cages que Francesco Toldo et Júlio César ont protégées avant lui. La rigueur d’Héctor Cúper, Roberto Mancini et José Mourinho – sans oublier Alberto Zaccheroni en 2003-04 – ont laissé place aux doutes et à l’insécurité. Cette défense de l’Inter qui l’a accueilli en 2012 pour la somme de douze millions d’euros (et la moitié des droits de Marco Faraoni), c’est une Gotham City en pleine crise de criminalité. Et Roberto Scarpini, emblématique journaliste interiste, n’a d’ailleurs pas tardé à donner au nouveau numero uno le surnom de « Batman » . Alors que l’Inter avait encaissé 55 buts en 2011-12, puis 57 en 2012-13, Handanović avait tout de même été élu meilleur gardien de Serie A cette saison-là… Et comme Batman, Handa est un héros qui aimerait qu’on n’ait jamais besoin de lui.

Les origines du justicier

Samir Handanović, c’est 1m93 et 90 kilos qui débarquent en Italie à 20 ans. Pour des raisons géographiques, c’est logiquement l’Udinese qui attire « devant ses filets » le portier slovène aux parents bosniens. Une saison de trois petits matchs dans l’ombre de Morgan De Sanctis, et puis des prêts. Trévise six mois, la Lazio pendant six nouveaux mois, et enfin Rimini à l’été 2006. En Serie B, à 22 ans, Handanović trouve enfin un poste de titulaire. Et il a de la chance : avec la relégation de la Juve, la division inférieure est plus suivie que jamais. C’est d’ailleurs face à la Vieille Dame qu’Handanović se fait remarquer : deux matchs nuls 1-1 et 0-0. À Turin, le match est à sens unique et prend des allures de siège. Handa sort ses plus beaux gants et se forge une réputation : celle du jeune inconnu qui a résisté aux assauts de Del Piero, Nedvěd et Trezeguet. Rimini finit cinquième, et l’Udinese rapatrie son joyau, tandis que De Sanctis traverse le pays, direction Naples.

À Udine, Handanović devient vite un héros en arrêtant deux tirs au but face au Borussia Dortmund à l’occasion du tour préliminaire de la Coupe UEFA. Mais si tout le monde part (Alexis Sánchez, Inler, Isla, Benatia, Cuadrado…), le calme et l’austérité de la région lui vont bien. « Professionnellement, je dois beaucoup de choses à ce club, et ce n’est pas mon genre d’être opportuniste » , dit-il alors que le monde se rend compte que le club du Frioul tient dans ses rangs l’un des meilleurs portiers de la planète. Concernant les penaltys, le Slovène se fait vite une réputation. Au cours de la saison 2010-11, il égalise le vieux record (qui datait de 1949) de penaltys arrêtés en Italie : six ! Dont ceux d’Eto’o, Hamšík, Cavani et Zárate. Six sur huit, vu que les tirs de Crespo et Totti iront mourir au fond des filets. Alors, y a-t-il un secret ?

Sens du devoir et Júlio César

Giuseppe Taglialatela, l’ancien gardien du Napoli célèbre pour ses capacités sur sa ligne, explique à Tuttomercatoweb : « Il étudie beaucoup les tireurs, mais il a aussi le physique et l’explosivité pour les intercepter. C’est psychologique : le gardien a toujours l’avantage parce qu’il n’a rien à perdre. À l’époque, les tireurs me disaient que lorsqu’ils jouaient contre moi, ils préféraient tirer un coup franc qu’un penalty, et c’est la même chose avec Handanović. Il transmet de la peur au tireur. Et puis, aussi, il faut dire que c’est peut-être le seul à attendre le dernier moment pour plonger. » Une immense vidéothèque à la maison, et un sang-froid inégalable. Mais Handanović ne préfère pas s’éterniser sur sa spécialité : « Si l’attaquant tire bien, le gardien ne peut rien faire. Arrêter, c’est mon métier. Il n’y a rien de plus à dire, à part que je ne raconterai jamais mon secret. » Mais à Milan, le numéro un remplacerait volontiers ses records par des titres. Si le Barça avait insisté l’an passé malgré les exigences de l’Inter (30 millions d’euros), le Slovène répète qu’il ne partira pas sans trophée. Toujours la même loyauté, et la même exigence : « Être heureux avec sa famille dans une ville comme Milan ne suffit pas. Il faut gagner, ici. »

Et si Bruce Wayne a son Alfred Pennyworth, Handanović a son Adriano Bonaiuti, son entraîneur personnel qui était la doublure de De Sanctis à l’arrivée du Slovène à Udine, et que Roberto Mancini vient d’accepter dans le staff interiste. Handanović a tout ce qu’une équipe peut exiger d’un grand gardien de but : l’expérience (30 ans), la fiabilité – une moyenne de 35,6 matchs joués de Serie A par saison depuis 2007 – le taux d’erreurs le plus faible du pays, un calme robotique, un sang-froid étonnant et de la loyauté. Il doit maintenant réussir à transmettre sa sérénité à sa défense. Autrefois, l’Inter vibrait au rythme des envolées et des réflexes du Brésilien Júlio César, surnommé « L’Attrape-Rêve » . Forte et rigoureuse défensivement, cette Inter avait besoin de folie pour s’envoler. Devenue méfiante, incertaine et indisciplinée, elle a préféré confier son destin aux mains d’un sombre justicier au sens du devoir exemplaire. Maintenant, Handanović doit lui apprendre à se relever.

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