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  • Euro 2012 – Groupe A – Grèce/Russie

Samaras, l’esprit d’équipe

Par Régis Delanoë
Samaras, l’esprit d’équipe

Une gueule vaguement christique, une allure bien balourde, des stats faméliques, mais aussi et surtout une combativité de tous les instants, un travail précieux pour l’équipe et un cœur énorme : voici Georgios Samaras, celui qui veut encore croire aux chances de qualification de sa Grèce chérie.

« Ce n’est pas fini, on croit en nous et on continuera jusqu’à la fin de ce tournoi. » Amis russes, n’espérez pas de Georgios Samaras qu’il se décourage. Que nenni. La Grèce a beau accumuler les malheurs – l’expulsion contestable de Papasthatopoulos face à la Pologne, les blessures de deux titulaires – et ne compter qu’un maigre point arraché en deux rencontres, lui et ses potes de sélection ne lâcheront RIEN. Déjà que ça ne doit pas être facile de passer aux yeux des adversaires et du public pour l’équipe des crevards de l’Europe, il ne manquerait plus qu’il faille aussi se coucher. Non, non et non, Georgios l’a promis avant le début de la compétition, il veut redonner le sourire à ses compatriotes. Même s’il ne dure pas au-delà de la troisième mi-temps. Même s’il n’est rien au regard des soucis de tous les jours. « Le football n’est pas qu’un jeu, il fait oublier les problèmes du quotidien aux gens, affirmait-il. Je veux que nous fassions un bon tournoi et donner du bonheur aux Grecs » .

Alors tant pis si sa sélection n’a rien de rutilant. Lui-même n’a rien d’un crack non plus, alors… Georgios et la Grèce s’en accommodent et font avec les moyens du bord. On l’a vu lors des deux premiers matchs : les limites techniques et tactiques de l’équipe sont tant bien que mal compensées par une grosse débauche d’énergie et une bonne dose de réalisme. Cela suffira-t-il pour créer une surprise semblable à celle de 2004 ? Non, certainement pas, c’est même possible que ça ne suffise pas pour atteindre les quarts. Mais, au moins, ils vont s’accrocher jusqu’au bout. Il va s’accrocher jusqu’au bout. Et faire du Samaras : lutter avec son 1,92m pour gratter des ballons de la tête, revenir aider sa défense, récupérer, relancer. Et marquer ? Si les occasions se présentent, pourquoi pas, mais elles sont rares. Car, contrairement aux apparences, ce sosie de Gabriel Batistuta et Cédric Hengbart posé sur le corps de Brandão joue au poste d’ailier gauche. Il n’en a pas la dégaine ni les qualités apparentes, mais c’est bien dans cette position qu’il évolue désormais en sélection comme en club.

À la place de Fowler à Manchester City

Jeune, c’est pourtant en pointe qu’il s’est révélé, sur son île de Crète d’abord, puis aux Pays-Bas, où il termine sa formation et débute en pro du côté d’Heerenveen. La fabrique à talents du nord du pays voit à la même époque – milieu des années 2000 – se révéler un certain Huntelaar. Quand en janvier 2006 le meilleur pote de Van Persie en sélection part à l’Ajax, Samaras émigre en Angleterre, au club de Manchester City pour compenser le départ de Robbie Fowler. À l’époque, les Citizens ne sont pas encore richissimes, mais ils n’hésitent cependant pas à acheter le Grec contre une indemnité de près de 9 millions d’euros (plus ou moins la somme dépensée dans le même temps par l’Ajax pour Huntelaar…). Pour un joueur de seulement 21 ans, c’est beaucoup. Trop, même. Le gamin peine à supporter la pression et ne parvient pas vraiment à trouver ses marques dans une équipe mal fagotée. Avec le départ de l’entraîneur Stuart Pearce et l’arrivée à sa place de Sven-Göran Eriksson, c’est pire encore. Barré par Bojinov, Bianchi, Vassel et Mpenza, Samaras fini par être prêté au Celtic FC, deux ans après son arrivée en Angleterre.

Chez les voisins du Nord, l’attaquant grec trouve un football à sa convenance, dans le style comme dans l’esprit. Car, malgré son allure nonchalante et parfois quelques absences, il n’est pas du genre à buller sur un terrain. À terre comme dans les airs, le chevelu raffole du combat. Mais c’est aussi un technicien très honnête, capable de berner, balle au pied, n’importe quel vis-à-vis. Son gros problème, en fait, reste son efficacité face au but. Oui, on est d’accord, pour un présumé attaquant, c’est très con. Une seule saison, il émargera à 15 buts, en 2008/2009. Le reste du temps, c’est 10 buts grand, grand max par saison. Alors, pour ne pas se priver d’un tel guerrier sur la pelouse, sans pour autant le placer à un poste où il n’est pas en réussite, ses entraîneurs en club comme en sélection ont décidé de le recaser, la plupart du temps, sur l’aile gauche. Paré à aller au combat, vaille que vaille, pour le collectif. « Je n’ai jamais considéré le football comme un moyen de me faire un nom, mon but est d’aider l’équipe, disait-il encore récemment. Si tu cherches la gloire personnelle, mieux vaut faire du golf ou du tennis. »

Par Régis Delanoë

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