- Angleterre – Premier League – 23e journée – Chelsea/West Ham
Salut West Ham, comment ça va ?
Solides 10e la saison dernière pour leur retour en Premier League, les Hammers disputent l’actuel exercice en mode pénible. Naviguant dans la mélasse du bas de classement, sans fonds de jeu ni grands talents, ils sont sous la menace prégnante de redescendre à l’étage du dessous. Ce serait ballot pour ce club populaire et attachant, dirigé par les rois du porno outre-Manche, et qui évoluera dans le stade olympique à compter de la saison 2016-2017.
Techniquement, il est encore possible de souhaiter bonne année et bonne santé jusque la fin du mois de janvier. Alors adressons nos vœux les plus sincères aux fans de West Ham, en leur espérant le meilleur pour cette nouvelle année, même si elle débute dans la déprime. Car rien ne va vraiment bien pour les Hammers ces temps-ci. Ils jouent moche, sont relégables, et viennent de se faire torcher salement dans les deux coupes nationales (0-5 par Forest – la honte – en FA Cup et 0-9 en deux matchs par Manchester City en League Cup). Comme souvent dans pareille situation, c’est l’entraîneur qui déguste. En l’occurrence « Big Sam » Allardyce, qui a déclaré il y a quelques jours : « C’est la vie. Quand ça ne va pas, vous êtes critiqué. Et je suis critiqué. Ce job veut ça. » Il a tout de même reçu récemment la confiance de ses dirigeants mais pour combien de temps encore ? Avant le derby de ce soir face à Chelsea, son équipe est 18e et première relégable. Depuis la fin de l’été, elle n’est pas remontée une seule fois au-delà de la 14e place et n’est jamais parvenue à aligner deux bons résultats consécutifs. Et le jeu pratiqué, mon Dieu… West Ham est une machine à purges cette saison. Et ça se voit que Big Sam tâtonne, avec un roulement d’effectif quasi permanent et des formations qui changent de match en match, sans trop de certitudes, si ce n’est le milieu Noble-Diamé-Nolan. Derrière, c’est hésitant, y compris sur le poste de gardien, avec un Adrian, recrue espagnole de l’été, décevant, et un Jääskeläinen en fin de carrière. Devant, le plus efficace est ce bon vieux Carlton Cole avec 4 malheureux buts. Modibo Maïga est à la peine, Andy Carroll revient tout juste de blessure…
Nocerino et Borriello, un mercato à l’italienne
Pour enrayer la spirale de défaites, West Ham a misé cet hiver sur un mercato sauce italienne, avec deux renforts plutôt excitants sur le papier : le milieu de terrain Antonio Nocerino, qui arrive en prêt du Milan AC, et l’attaquant Marco Borriello, prêté également par la Roma. Les deux cherchent du temps de jeu, c’est important surtout pour Nocerino dans sa quête de réintégrer la Squadra Azzurra pour disputer la Coupe du monde au Brésil. Allardyce s’est montré publiquement satisfait de ces deux recrutements, reste à savoir s’ils suffiront en vue de la difficile opération maintien. Le manager des Hammers ne s’attendait sans doute pas à vivre une saison si pénible, alors que la précédente avait été tranquillement gérée, l’équipe de l’Est londonien terminant au printemps dernier à la 10e place finale, sans jamais tomber en dessous de la 14e place. De quoi envisager sereinement l’avenir pour ce club mythique, sans grand palmarès par rapport à ceux de ses concurrents de la capitale (3 FA Cup, 1 C2) mais terriblement attachant. Mis en danger financièrement par ses anciens propriétaires islandais au moment de la grave crise qui a touché les institutions bancaires de la petite île du nord de l’Europe en 2008, il a été sauvé deux ans plus tard par un duo de repreneurs, David Gold et David Sullivan. Un sacré binôme : le premier est le roi du sex toy et autres accessoires érotiques en Angleterre via l’enseigne Ann Summers, le second est spécialisé dans les tabloïds bas de gamme et les films porno. Des mecs pas hyper classes mais qui ont de l’argent et se disent supporters, alors les fans sont contents. Et puis ça colle bien à l’esprit prolo du club.
Karren Brady, la vice-présidente dézingueuse
Drôle aussi, ils ont nommé comme vice-présidente une certaine Karren Brady, femme d’un ancien joueur pro, profil MILF et par ailleurs chroniqueuse médias. C’est elle qui a récemment dézingué Loulou Nicollin dans un billet pour le Sun, rapport au conseil adressé à Rémy Cabella par le roi de la poubelle montpelliéraine de ne pas aller s’enterrer à Newcastle. « Cette grande gueule sans classe, qui semble avoir mangé Newcastle, a offensé tout le monde » , a-t-elle punchliné. Chez les Hammers, on fait rarement dans la finesse. Pourtant, ils évolueront bientôt dans un écrin majestueux : le Stade Olympique, qui a accueilli les Jeux de 2012. En concurrence notamment avec Tottenham sur le dossier, les dirigeants de West Ham ont été suffisamment convaincants pour que leur club devienne le locataire principal de l’enceinte pour 99 ans, à compter de l’été 2016, contre un loyer annuel de 2,3 millions d’euros. Un réaménagement est prévu pour faire passer sa capacité de 80 000 à 54 000 places, ce qui fait déjà une belle chambrée par rapport à l’actuel Boleyn Ground d’Upton Park, situé à 3 bornes et qui compte 35 000 places. Grâce au stade Olympique, West Ham aura la deuxième capacité d’accueil de Londres derrière l’Emirates Stadium (60 000 places). De quoi envisager de réjouissantes perspectives à moyen terme, même s’il n’y pas matière à faire preuve d’optimisme s’agissant du court terme…
Par Régis Delanoë