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ACTU MERCATO

Saliba, par ici la sortie

Par Félix Barbé
Saliba, par ici la sortie

Prêté par Arsenal à Saint-Étienne cette saison, William Saliba ne jouera pas la finale de la Coupe de France, prévue le 24 juillet prochain face au PSG. La faute à deux désaccords majeurs entre les deux clubs. Les Gunners semblaient pourtant partants pour laisser leur joueur aller au bout de son aventure dans le Forez, mais les Verts n’en ont fait qu’à leur tête. Et c’est tant pis pour eux.

« L’ASSE n’a pu trouver d’accord avec Arsenal pour permettre à William Saliba de bien préparer et jouer la finale de la Coupe de France, le club anglais imposant des conditions sportives et financières absolument inacceptables ! » Pas de doute, les Verts sont colère ! Dans un court communiqué cinglant publié mardi soir, l’AS Saint-Étienne a en effet fait savoir sa déception de ne pas pouvoir compter sur William Saliba face au Paris Saint-Germain le 24 juillet. À en croire ces quelques lignes, on aurait d’ailleurs l’impression que le club aux treize titres de champion d’Angleterre fait office de grand méchant dans cette histoire. Et pourtant…

Désaccords sur le plan médical et financier

Quelques heures à peine avant la déclaration publique de guerre de l’ASSE, tout semblait encore parfaitement rose entre les deux formations. Mikel Arteta poussait même pour que Saliba prenne part au dernier rendez-vous de la saison stéphanoise. « Je pense qu’il doit rester là-bas, avait affirmé le coach des Gunners en conférence de presse. Nous avons un accord avec Saint-Étienne. Il a été là-bas toute l’année, et il a gagné le droit de jouer cette finale si son entraîneur le souhaite. Je pense que nous devons lui donner l’occasion de le faire, d’en profiter et nous pourrons le retrouver après. » Que s’est-il alors passé, pour qu’en moins d’un tour complet de pendule, les relations entre les deux clubs passent du vert pétant au rouge écarlate ? Dans une réponse du berger à la bergère, Arsenal a donné un semblant d’explication mercredi matin, et deux raisons principales semblent être à l’origine du conflit.

D’abord, des discordes sur le plan médical ont émergé. « Comme William revenait de blessure, nous avons demandé que Saint-Étienne suive un programme d’entraînement précis, en étroite collaboration avec nos équipes, pour s’assurer qu’il soit en pleine forme pour le début de la saison prochaine. À notre grande surprise, nous ne sommes pas parvenus à trouver un accord sur le programme proposé par nos médecins, et nous ne sommes tout simplement pas prêts à risquer la santé d’un joueur d’Arsenal. » En clair, les Gunners souhaitaient voir leur défenseur central suivre un programme longue durée pour profiter de lui à 100% de ses capacités début septembre, date à laquelle devrait reprendre la Premier League, là où les Verts préféraient lui proposer une préparation express de manière à être opérationnel dans trois semaines. Et on peut comprendre la réticence des Londoniens sur ce point précis. Cette saison, Saliba a en effet manqué quatre gros mois de compétition, d’abord pour un claquage tendineux, puis à cause d’une fracture du métatarse. Pourri par les blessures depuis de trop nombreuses années, Arsenal ne souhaite pas voir le Français débarquer avec une jambe dans le sac, alors même qu’il n’a encore jamais porté le maillot des Canonniers.

Outre l’aspect médical, cette finale était également au centre d’un enjeu économique entre les deux clubs. « Bien que ce ne soit pas notre principale préoccupation, et finalement insignifiante puisque notre programme d’entraînement n’était pas accepté, nous nous attendions également à ne pas être désavantagés financièrement en prolongeant le prêt », écrit le club du nord de Londres. Explications : transféré pour 25 millions d’euros l’été dernier, Saliba aurait pu rapporter 2,5 millions d’euros supplémentaires aux Verts en disputant au moins un tiers de leurs matchs cette saison en tant que titulaire. Sans la pandémie de coronavirus, l’ASSE aurait dû jouer 52 rencontres toutes compétitions confondues, et il aurait donc fallu au moins 17 titularisations de Saliba pour activer ce bonus. Or, le défenseur de 19 ans n’est apparu dans le onze de départ… qu’à 16 reprises jusqu’à présent. Encore une petite titularisation (face au PSG, donc), et Saint-Étienne aurait dû recevoir cette prime.

Saliba, principale victime de cette guéguerre

Non disposés à mettre la main au portefeuille, les Gunners ont souhaité faire sauter cette clause pour laisser Claude Puel profiter de son solide défenseur quelques semaines de plus, comme on le comprend à travers leur communiqué. Et les Londoniens sont parfaitement dans leur bon droit, car Saliba était officiellement prêté dans le Forez jusqu’au 30 juin dernier. Passée cette date, plus rien n’oblige les Rouge et Blanc à faire des cadeaux aux Verts. Là encore, difficile de donner tort aux Anglais. En acceptant de laisser Saliba terminer la saison sous le maillot vert, ces derniers font déjà une faveur aux Stéphanois, qui apparaît assez belle pour ne pas avoir à leur demander en plus de payer pour ce geste. Les dirigeants du décuple champion de France ne l’ont visiblement pas entendu de cette oreille, et ont préféré se priver de leur défenseur plutôt que d’en disposer sans toucher leur petit pactole. Dommage pour eux.

Saint-Étienne est en colère, tandis qu’Arsenal est assuré que son poulain ne se blessera pas lors d’un dernier match avec les Verts. Le grand perdant de cette histoire est évidemment William Saliba lui-même. Titulaire des huitièmes jusqu’en demi-finales, le défenseur central a grandement aidé ses coéquipiers à battre respectivement Monaco (0-1), Épinal (1-2), et enfin Rennes (2-1). Il se retrouve pourtant aujourd’hui privé d’un ultime rencard avec le club qui l’a accueilli dès ses 15 ans. William Saliba s’en remettra forcément un jour. En attendant, du haut de ses 19 ans, le voilà confronté à un deuxième pincement au cœur lié à une finale de Coupe. Il y a un an, le leader des U19 stéphanois avait participé à toute l’épopée en Gambardella, excepté la finale (remportée contre Toulouse 2-0). Il avait alors accepté de sacrifier ce quart d’heure de gloire au Stade de France avec ses copains pour aller jouer le lendemain avec les pros, qui se déplaçaient à… Toulouse. Saliba avait fixé sa priorité à l’équipe pro. Un an plus tard, la thèse d’une allergie au Stade de France tient toujours la route.

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