- Journée internationale du chat noir
- Interview
Salem : « J’ai une très belle patte gauche »
Plus de quatorze ans après sa rupture avec Sabrina Spellman, Salem Saberhagen a enfin décidé de sortir de son silence à l’occasion de la journée internationale du chat noir. Entretien musclé, entre Bafé Gomis, Jafar et le Camp Nou, forcément.
Pourquoi avoir enfin accepté cet entretien ?Je sentais que c’était le bon moment, j’avais envie de parler, de tout dire. Depuis avril 2003, tout et n’importe quoi a été écrit à mon sujet. J’ai traversé une période difficile, sur tous les points. Je suis tombé très bas et, honnêtement, je reviens de loin. De très loin.
Que s’est-il vraiment passé avec Sabrina Spellman ? C’est compliqué, et notre rupture est en réalité la suite logique d’une situation que l’on ne maîtrisait plus. Tout s’est arrêté brutalement, mais Sabrina est, sans aucun doute, la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Il faut se remettre dans le contexte qui était celui du Conseil des sorciers de l’époque. Il y avait une rivalité intense entre nous. Moi, ça me stimulait et j’ai perdu les pédales.
Au point de vouloir prendre le contrôle total de l’univers. Depuis mon plus jeune âge, on me répétait sans cesse que j’étais le meilleur sorcier de ma génération, un peu comme ce qu’il se passe aujourd’hui avec le petit de Monaco. Lui aussi voudra un jour maîtriser un monde plus grand, c’est normal. Alors oui, j’ai peut-être été trop loin, mais j’ai accepté cette sanction folle de passer 100 ans dans le corps d’un chat. Tu imagines, toi, ce que ça représente cent ans ? Il me reste encore 80 piges à tirer avec ce tapis sur le dos. J’ai eu la chance de tomber dans cette famille, avec ces cinglées de Spellman, Hilda et Zelda. On a passé des bonnes années, mais à un moment, j’avais d’autres ambitions. J’étais chat, il me fallait trouver une forme de liberté.
En France, nous n’avons pas pu suivre la suite de tes aventures. Sais-tu pourquoi ?Parce que je suis toujours en procès avec Canal J. Une histoire un peu moche, qui traîne depuis bien trop longtemps… Un truc autour de mes droits à l’image, mais je ne tiens pas à m’étendre sur le sujet.
Quels ont été les derniers mots de Sabrina ?Je ne pourrai jamais oublier cette journée. Il faisait chaud, on était chez nous, à Greendale, et on écoutait ensemble le groupe préféré de Sabie : No Doubt. Tout est parti en vrille quand j’ai expliqué à la petite qu’il me fallait voir plus loin, puis cet enfoiré d’Harvey Kinkle est arrivé. C’est la dernière fois que j’ai vu Sabrina. C’est là aussi que ma descente aux enfers a commencé, même si j’ai reçu pas mal de soutiens de la part de certains collègues sorciers : Jafar, Claude Le Roy, Pierre Lechantre, Gernot Rohr, le Roi de l’Angmar…
Il se raconte pourtant que vos relations avec Jafar ont souvent été très tendues.Je vais être clair : Jafar a construit l’essentiel de sa carrière grâce au soutien qu’il a reçu de médias corrompus. Il suffit simplement de voir le traitement que lui réserve le Daily Wizard ! C’est assez incroyable ! Je n’arrive pas vraiment à expliquer non plus pourquoi le président du Conseil des sorciers (Davor Šuker, plus connu sous le surnomThe Wizard of Osijek, ndlr) continue de le couvrir alors que tout le monde sait ce qu’il se passe. Jafar est le sorcier le plus surcoté de son époque.
Qu’avez-vous donc fait depuis tout ce temps ?Je suis parti de Greendale et j’ai fait du consulting auprès de la nouvelle génération. J’ai notamment bossé avec le petit magicien – Philippe Coutinho – et la panthère Bafé Gomis. C’est ma plus belle réussite, rien à voir avec ce guignol d’Alex Dias qui n’a jamais impressionné personne. Bafé, c’est un crack de la discipline. Tout est maîtrisé : la pose du genou, le visage, le coup de griffe. Ça, c’est le bon.
Et le moins bon ?(Silence) Je suis tombé dans la cataire, cette drogue assez dingue qui dégomme le cerveau des chats. Helenio Herrera et František Plánička m’avaient fait découvrir ça à la fin des années 1970. C’est fou, vraiment fou, mais j’ai perdu une large partie de la lumière qui restait dans ma vie. La disparition des Wizards de Kansas City en 2010 a fini de m’achever. Résultat, j’ai été interné pendant plusieurs mois dans un centre réservé aux chats errants.
Jusqu’à ce que l’on te retrouve à Barcelone, donc.J’étais sorti de ma cure quelques semaines plus tôt et, pour mon retour, je voulais frapper un gros coup. Le 29 août 2011, je me suis donc baladé quelques minutes sur la pelouse du Camp Nou.
Qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ?Une joie immense, déjà. Attends, le Camp Nou, mec ! En plus, ce soir-là il y avait que du lourd : Nilmar, Joan Oriol, Pinto sur le banc, l’autre Argentin aussi.
Le foot, c’est un truc qui te parlait déjà ?Et comment ! Bafé disait souvent que j’avais une belle patte gauche d’ailleurs. Donc se retrouver au Camp Nou était forcément un moment particulier pour moi. C’était un match contre Villarreal, Alexis Sánchez m’avait pris dans ses bras, mais celui qui m’a le plus impressionné, c’est Abidal. Un vrai chouette mec.
C’est pour ça que tu es revenu quelques mois plus tard contre la Real Sociedad ?Oui et aussi contre Benfica, même si on m’a accusé de la blessure de Messi. Faut pas déconner, je ne l’ai pas touché moi. Un vrai magicien, lui ? Même Alexandra Dulivier a plus de talent.
Ton vrai coup, c’est surtout Elche, où tu as plié Jordi Alba à la vitesse. Ah oui, bien sûr, ce mec qu’on surnomme La Flecha del Mestalla. Même le gars en costume sur le banc, Luis Enrique, avait les yeux qui explosaient sur le coup. Alba a vraiment cru qu’il pouvait m’attraper ? Je suis prêt à lui donner sa revanche, quand il veut, mais je pense que même Donald Love l’allume sur cent mètres.
Donald Love ?Oui, Donald Love. Le joueur de Sunderland.
Ton second club de cœur. Comment as-tu vécu cette descente en Championship ?Mal, mec, c’était affreux ! Cette année a été difficile pour moi, entre les nouvelles galères de Benjamin Moukandjo et Sunderland, putain… Darron Gibson a raison, on a une équipe naze. Je l’aime bien Darron, c’est un pitre sur le terrain, mais il est assez dingue à côté.
Et maintenant, tu vas faire quoi ?J’ai une soirée déguisée avec Figaro et Félix chez ce vieux Hercule. Ce chat reste le meilleur pour une soirée folle au cataire. Peut-être qu’on finira avec Sylvestre, mais pas sûr.
Miaulements recueillis par Maxime Brigand