ACTU MERCATO
Salah, mèche à allumer?
Très bon ces deux dernières années en Serie A, Mohamed Salah a décidé de retenter l’expérience Premier League à Liverpool. Reste que son premier passage en Angleterre avait été plus que décevant. Parce qu’il n’est pas fait pour ce pays ou parce qu’on ne lui a pas suffisamment donné sa chance ?
Même si l’ « inflation » n’a jamais été aussi haute dans le monde du football, le prix d’un transfert en dit parfois long sur la stature d’un homme. En étant acheté plus de quarante millions d’euros par Liverpool, Mohamed Salah est ainsi devenu le joueur africain le plus cher de l’histoire, juste devant son nouveau coéquipier Sadio Mané, et le deuxième joueur le plus onéreux de l’histoire des Reds, derrière Christian Benteke. Autant dire que ces dernières années, l’Égyptien a pris du poids en Europe. Pour tout dire, il a carrément cartonné ces deux dernières saisons avec la Roma.
Avec sa soixantaine de titularisations dans la Botte, Salah a démontré que son talent entrevu à Bâle était plus sérieux que de la poudre de perlimpinpin. Le bonhomme a en effet marqué environ une fois tous les deux matchs et réalisé une vingtaine de passes décisives. Au-delà des statistiques, Mohamed a longtemps représenté le premier perforateur de défense de son équipe. Héctor Cúper, son sélectionneur, en faisait même dernièrement l’un des futurs meilleurs joueurs de la planète dans la Gazzetta dello Sport: « Je trouve Salah très bien. Parce qu’à part les qualités du joueur, il y a celles humaines : sérieux, préparé et surtout très humble.(…)S’il continue ainsi, il peut devenir un des meilleurs au monde, je lui souhaite de tout cœur. » Depuis deux ans, et surtout lors de la saison écoulée, aligner un duo Edin Džeko-Salah constituait une assurance pour voir des filets trembler. Âgé de seulement 25 piges, l’ailier semble donc incarner un très bon investissement pour Liverpool, où l’enthousiasme est de mise quand il est question de l’arrivée du Pharaon. « Mohamed possède le parfait mélange d’expérience et de potentiel, a ainsi affirmé Jürgen Klopp. Il connaît la Premier League, il a un pedigree en Ligue des champions et c’est l’un des joueurs les plus importants de son pays. »
Un Blues à la fesse rouge
Un joueur qui « connaît la Premier League » . Sauf que c’est justement ça qui peut donner du grain à moudre aux plus sceptiques. Recruté par Chelsea en janvier 2014 après avoir notamment marqué à trois reprises contre les Blues, Salah est déjà tombé sous le charme de José Mourinho avant même de signer son contrat. Lequel l’a convaincu de refuser une autre offre provenant de… Liverpool. « Liverpool me voulait depuis un certain temps, confiera un peu plus tard le principal intéressé pour MBC Masr. Ils avaient ouvert des négociations en octobre 2013. Cela a pris du temps, car Bâle a rejeté plusieurs offres. J’attendais que Liverpool trouve un accord. J’avais hâte de les rejoindre. Mais j’ai reçu un appel de Mourinho et ça a tout changé. Il m’a dit qu’il voulait me prendre à Chelsea. Ce fut l’une des principales raisons pour lesquelles j’ai rejoint Chelsea. » Sur beIN Sports, le gaucher en dira même davantage. « Le coup de fil de Monsieur José Mourinho a tout décidé. Quand il m’a appelé, il m’a expliqué la situation et il m’a dit qu’il avait besoin de moi.(…)C’était une longue conversation. Il m’a dit que j’étais un joueur dont il avait besoin, que j’allais avoir un rôle important, que le style de jeu de l’équipe allait me convenir… Je crois que ça suffit, non ? »
La suite prouve que ça ne suffit pas, non. S’il ne tarit pas d’éloge sur son poulain au début de leur histoire commune, le Special One, qui lui offre 500 minutes de jeu en championnat lors des six premiers mois (pour deux buts), change rapidement d’avis. Au point d’avouer publiquement sa déception sur les prestations de Momo, qu’il ne fait jouer quasiment qu’en coupes. Durant l’hiver 2015, le petit barbu prend ses cliques et ses claques, direction la Fiorentina et un pays où la philosophie footballistique sied mieux à son petit profil qui brille davantage par sa rapidité et son agilité que par la grosseur de ses muscles. La question est donc la suivante : peut-on faire confiance aux yeux du technicien portugais, qui ont vu en Salah un homme pas fait pour la PL, mais qui se sont déjà trompés dans ce genre de contexte (avec Kevin De Bruyne par exemple), ou faut-il davantage regarder les prestations italiennes du joueur, qui prouvent qu’il a fortement progressé depuis son premier passage outre-Manche et qu’il est prêt à cracher le feu dans une équipe plus joueuse que Chelsea ?
Par Florian Cadu