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- Angleterre-Iran (6-2)
Saka, ça calme
Pour son premier match de Coupe du monde, l'attaquant anglais Bukayo Saka a régalé face à l'Iran en s'offrant un doublé. De quoi laisser loin derrière lui les dures épreuves qu'il a connues après le dernier Euro, où une partie du public anglais avait eu une attitude nauséabonde à son égard.
Il y a un adage qui dit, grosso modo, que celui qui rate un penalty est aussi celui qui a osé le tirer. Le 11 juillet 2021, une partie de l’Angleterre s’affranchissait du dicton et tombait, à tort, sur Bukayo Saka, auteur du dernier tir au but raté d’une séance irrespirable face à l’Italie en finale de l’Euro. Coupable d’avoir pris ses responsabilités et d’avoir voulu bien faire en devenant potentiellement le sauveur de la nation, le jeune Gunner avait alors reçu une pluie de messages racistes sur les réseaux sociaux, à l’instar de Marcus Rashford et Jadon Sancho, eux aussi victimes de ce scandaleux acharnement. Un peu plus de seize mois plus tard, Saka a définitivement tourné cette page sombre de son histoire avec les Three Lions, en devenant, ce lundi, le héros du pays. Pour son premier match de Coupe du monde, ce lundi face à l’Iran, l’ailier de 21 ans s’est offert un somptueux doublé, permettant à l’Angleterre d’entrer parfaitement dans sa compétition et donnant raison à Gareth Southgate, qui a toujours soutenu son joueur.
Déjà dans la cour des grands
Premier choix fort de la part du sélectionneur anglais dans ce Mondial : attendu titulaire, Phil Foden a finalement commencé la partie sur le banc, Bukayo Saka lui étant préféré sur le flanc droit. Une option validée sur le terrain en fin de première mi-temps, lorsque l’attaquant régale le monde entier du premier but frisson de la compétition, un missile pied gauche qui termine sous la barre d’Hossein Hosseini et qui permet, à ce moment-là, à l’Angleterre de faire le break. Derrière, l’Iran n’a jamais su se rebeller, et Saka, lui, a alors profité de la faiblesse défensive de la Team Melli pour noircir la feuille de stats. Comme un grand, en rentrant sur son pied gauche et en enroulant sa frappe, pour le 4-0, à la manière d’un Arjen Robben des grandes heures. Pour l’anecdote, le joueur d’Arsenal, logiquement nommé MVP de la partie, est aussi devenu le premier joueur à inscrire un doublé lors de son premier match dans un Mondial depuis Franz Beckenbauer contre la Suisse en 1966. « Je ne peux pas décrire ce que je ressens, c’est incroyable. Je suis tellement content et très fier, c’est un jour très spécial, s’est réjoui le principal intéressé à la fin du match. On avait besoin de ce bon départ. Évidemment, nous n’avons pas joué contre la meilleure équipe de ce tournoi, mais il y avait beaucoup de spéculations autour de notre forme. On a montré à tout le monde aujourd’hui la qualité que nous avons et ce que nous sommes capables de faire. »
La belle revanche
Le soulagement doit aussi être maximal pour Gareth Southgate, qui avait défendu Saka contre vents et marées après la finale de l’Euro : « Il continuera d’être une star. Nous devons être là pour le soutenir et l’aider, et je suis sûr qu’il recevra beaucoup d’amour après le tournoi. » Après le match contre l’Iran, le sélectionneur anglais a d’abord tenu à relativiser le succès des siens en déclarant que l’Angleterre « n’aurait pas dû concéder deux buts et qu’elle doit être meilleure. » Mais le technicien peut au moins se satisfaire de voir que son équipe n’a jamais cédé face au racisme qu’elle a dû affronter sur son propre sol. « Finalement, les footballeurs ne sont qu’à un tir de se faire rappeler leur couleur de peau… », affirmait le chercheur Daniel Kilvington à So Foot, confirmant que la vague raciste qui a déferlé depuis l’Euro ne s’était pas totalement estompée. Avec Saka, Sterling et Rashford auteurs de cinq des six buts anglais ce lundi, ces jeunes loups ont sans aucun doute offert le meilleur pied de nez possible à leurs détracteurs.
Par Alexandre Lejeune