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Saint-Quentin-Metz : le mythe de Lhermite

Par Théo Denmat
Saint-Quentin-Metz : le mythe de Lhermite

Combien de temps a-t-il duré, ce match ? 100 minutes ? 103 ? 98 ? Autant de versions que d’acteurs. Le 12 février 2000, Saint-Quentin recevait Metz en Coupe de France pour ce qui devait être le plus grand match de son histoire. Devait... jusqu’à un coup de sifflet au crépuscule du temps additionnel de l’arbitre Patrick Lhermite. Un type dont le nom fait encore frissonner sur place, dix-neuf ans plus tard, à l'heure où les deux clubs se retrouvent en 32e de finale de l'édition 2019.

Ce pourrait être une introduction de Maestro avant un épisode d’Il était une fois la vie : le corps est plein d’ironie. Tenez, par exemple, toutes les voix entendues dans une existence sont le seul fait des trois plus petits os du corps humain. Lovés dans le creux de l’oreille, deux d’entre eux ont d’ailleurs un nom qui s’y prête : le marteau, l’enclume. Pas mal quand il s’agit de vous buriner la mémoire. Alors comme ça, on retient.

Comme ça, aussi, que certains noms résonnent encore avec clarté des années après les avoir découverts, comme celui de Charles Corver pour les supporters de foot français, ou celui de Patrick Lhermite pour ceux de Saint-Quentin. Car oui, là-bas, on susurre le nom du second comme on enfile une aiguille dans son chas : avec prudence. Et si les anciens, ceux qui étaient là, peuvent se le permettre, les plus jeunes ne désignent bien souvent le bonhomme que par la fonction qu’il occupait ce 12 février 2000, jour où il fit trembler la ville : « Monsieur l’arbitre » .

Envahissement, cabane et chien

Ce jour-là, il ne pleuvait pas. Une première victoire en plein hiver nordiste, en attendant la deuxième, sur le terrain. L’aiguille du thermomètre accroché à l’entrée des grilles du stade Debrésie, désigné deux semaines plus tôt comme théâtre du plus grand évènement de l’histoire de l’OSQ, pointe le chiffre 6. Un seizième de finale de Coupe de France contre Metz ne pouvait qu’être froid. Tout le contraire du tour précédent face à Bastia, celui de la grande époque, sorti à la surprise générale par onze gus de CFA qui atteignaient déjà le plus haut niveau de l’histoire du club dans la compétition. Au fond des tribunes, un homme serre sa parka verte, autant pour se protéger du froid que de la bière qui risque de voler d’ici quelques secondes : on joue la 93e minute et, même si Jean-Luc Demain peine à le croire, Saint-Quentin mène 1-0. But de Christophe Marié à la 45e. Dire qu’il aura fallu attendre cinquante piges pour voir ça, bon sang. Le temps de passer par environ tous les postes au club, d’entraîneur des jeunes à intendant, poste qu’il occupera encore vingt ans plus tard. Le genre de bonhomme à sortir spontanément de la poche intérieure de son manteau le ticket du match en question, conservé dans un état proche de la perfection.

Tout autour de lui, on attend le coup de sifflet final. C’est imminent. C’est historique. C’est là, peut-être après cette touche de Franck Berton… Lhermite siffle ! Clameur de 8000 personnes dont celle d’André Demoor, jovial secrétaire général du club et présent ce jour-là : « C’était l’euphorie totale. Quelques jeunes passent les grilles et rentrent sur le terrain, mais pas de pot, l’arbitre avait simplement sifflé un coup franc » . Stupeur et fausse joie, alors que le maire RPR de la ville, Pierre André, vient d’embrasser la pelouse. C’est simple, c’est le bordel. Plus personne n’y comprend grand-chose, des tribunes au terrain, comme le confirme Gérald Baticle, titulaire messin à l’époque : « Il y a un moment vraiment dur : quand l’arbitre siffle, on se dit qu’on est un club de Ligue 1 et qu’on vient de se faire sortir… Et là, tous les gamins, tous les premiers rangs, ils rentrent sur le terrain. Ils étaient au moins une cinquantaine. » Dans le chaos le plus total, Lhermite fait remonter son monde dans les gradins et accorde neuf minutes et demie de temps additionnel. Suffisant pour que « la cabane tombe sur le chien » , expression d’André Demoor. Baticle égalise.

« De ces matchs qui marquent une carrière »

« C’est étrange parce que c’est un match qui fait partie de ceux qui marquent une carrière, explique ce dernier depuis l’Espagne, où l’OL – dont il est l’entraîneur adjoint – est en stage. C’est pas la plus grosse affiche que j’ai pu jouer mais tel scénario, telle l’ambiance, tel retournement de situation… Je me souviens parfaitement de l’action du but, par exemple : c’est Sylvain Kastendeuch, un de nos arrières centraux, qui monte. Ce n’était pas un joueur qui apportait offensivement, et là il part dans le couloir droit. Ça s’ouvre devant lui et là je revois l’action, je me dis : « Il ne monte jamais, il va se passer quelque chose. » » Baticle est à la réception du centre, marque, faisant péter un plomb aux locaux. Dans la foulée, Ikbal Ben Khalfallah (frère de Fahid) et Raymond Lefebvre écopent de ces cartons rouges à l’odeur de protestation, et Saint-Quentin s’incline 1-3 au bout des prolongations une houleuse demi-heure plus tard. L’histoire d’une rencontre qui aura vu son arbitre principal repartir aux vestiaires sous la protection des quelques policiers présents sur place, au coeur de l’ambiance chauffée à blanc d’un stade connu pour la fraîcheur de son emplacement.

« Le foot c’est fait de frustration, de grandes joies, de grandes peines sur l’instant, mais c’est un petit peu fondateur quelque part » , explique André Demoor aujourd’hui, le sourire las. Ironie de l’affaire, ce qui devait être le plus grand évènement de l’histoire du foot de Saint-Quentin l’est devenu… par son échec. En marquant au passage tous ses acteurs, des supporters à la ville elle-même, du club aux joueurs, aussi bien amis qu’adversaires. « Selon moi, l’arbitre avait pris la bonne décision ce jour-là, il a simplement fait respecter le temps additionnel perdu à cause de l’envahissement, remet Baticle. Je reparle souvent de ce match avec Philippe Gaillot (l’actuel directeur adjoint du FC Metz, ndlr). Et aussi avec Geoffray Toyes, vous savez pourquoi ? Sa femme était partie à la clinique pour accoucher. Il n’arrêtait pas de nous dire : « Les gars, il faut faire vite, on gagne parce que je dois rentrer assister à la naissance de mon fils. » Bah il m’en veut toujours parce qu’à cause de mon but, il ne l’a pas vu (rires). »

Dans cet article :
Carton plein pour Metz, Caen enchaîne et Bastia chute
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Par Théo Denmat

Tous propos recueillis par TD

On attaque 2019 avec de la Coupe de France !
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