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- Zulte Waregem-Nice (1-5)
Saint-Maximin en Formule 1
Derrière les mailles d'un jeu ultra-explosif, Allan Saint-Maximin est en train d'opérer une subtile transformation. Car là où le Français excellait auparavant en solo, il fut ce soir un parfait choriste : dans le tempo de son équipe.
Une chose est sûre : Allan Saint-Maximin a du mal avec le code de la route. Peut-être est-ce dû au fait que le jeune attaquant, formé à Saint-Étienne, a conduit pendant un an et demi une voiture sans permis pour venir aux entraînements des Verts. Peut-être est-ce dû au fait que, passée cette période, il est allé valider son examen du permis de conduire à Sofia, en Bulgarie. « En deux semaines, précise-t-il. C’était du gâteau. » Ou peut-être confond-il tout simplement sa droite et sa gauche. Une chose est sûre : Allan ne double que par la droite. Et le pire, c’est qu’il est très doué pour ça. La preuve par cent (à l’heure), ce soir, face à la défense à la rue de Zulte Waregem.
Comme un pilote de F1
Prenons la 67e minute, tiens. Voilà vingt minutes que Nice plie sous la pression des joueurs de Zulte, revenus des vestiaires avec des intentions bien plus offensives qu’en première période (0-3 à la mi-temps). Le tableau d’affichage indique 1-3. Déboulant une énième fois sur l’aile droite du terrain, le jeune méché récupère une parfaite passe en profondeur de Mario Balotelli. Il court vite, double Hämäläinen – qui porte pourtant un joli blase de pilote de Formule 1 des années 2000 – et vient conclure de l’intérieur du pied dans les filets de Nicola Leali. L’attaquant vient là de marquer son premier but sous ses nouvelles couleurs, en même temps qu’il valide son très bon début de saison en championnat.
Nice est relancé et ne subira plus d’occasion dangereuse, se permettant de marquer un dernier but juste pour faire plaisir à Super Mario. Une première réalisation à l’image du bonhomme, d’ailleurs, et des promesses chuchotées en entame de match : vif, remuant, tonique comme Ousmane Dembélé, mais dans une version moins ambidextre, Allan Saint-Maximin a tout pour plaire. Même la maladresse des précoces. Rapide et offensive sur son côté droit, la puce a fait sursauter tout un peuple en manquant de provoquer un penalty sur un retour défensif de boucher à l’heure de jeu. L’arbitre avait même montré le point de penalty, avant d’être corrigé par son assistant. Ouf. Le prix de l’inexpérience, sûrement, puisque le Français ne disputait là que son troisième match officiel de Ligue Europa.
Savoir courir
Non, ce qui a frappé dans le match d’Allan Saint-Maximin, c’est sa jugeote : être rapide est une chose, savoir courir en est une autre. Chaque débordement entraînait un centre, et chaque centre une situation dangereuse. Simple, efficace. Parfois en l’air pour Balotelli, souvent à terre pour Pléa, avec qui les affinités sont évidentes. Il n’est d’ailleurs pas étranger à son doublé du soir : c’est lui qui délivre l’avant-dernière passe sur le deuxième but de l’attaquant. Un petit pas grand-chose qui veut quand même dire beaucoup : Saint-Maximin est progressivement, lentement, en train de se transformer. De devenir autre chose que ce à quoi il était réduit pendant trop longtemps : un tout-droit. Couvé par Lucien Favre comme un père Fouettard, lové dans les bras de Balotelli hors du terrain et dans les pieds de Séri dedans, l’ailier de 20 ans a démontré ce soir toute l’étendue de son potentiel.
L’entraîneur suisse s’est même permis de le laisser jouer 90 minutes, tout un symbole, celui de la confiance. Une confiance qui n’est pas applicable à tous les domaines : le 15 avril 2016, Saint-Maximin percutait un tramway en centre-ville d’Hanovre avec sa voiture. Aux policiers, il montrait un faux permis. Alors oui, il reste peut-être encore au bonhomme quelques lacunes concernant les voies de circulation. Mais finalement, ce n’est pas si mal que ça.
Par Théo Denmat