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Saint-Maximin, dribbler les doutes
Le néo-Niçois Allan Saint-Maximin est attendu au tournant après un début de carrière en dents de scie. Mais, à la différence de ses précédentes expériences, tout semble réuni pour qu'il s'épanouisse enfin sur la durée.
On pourrait presque croire qu’il a perdu du temps. Mais, alors qu’il découvre déjà avec l’OGC Nice son cinquième club professionnel, il n’est pas inutile de se rappeler qu’Allan Saint-Maximin n’a que 20 ans. Et toujours la même image qui lui colle à la peau, parfois teintée du filtre de la bienveillance, parfois de la sévérité : celle d’un gamin surdoué avec ses pieds, mais encore un peu immature pour le très haut niveau. Transfert le plus cher de l’histoire du club azuréen (10 millions d’euros auxquels s’ajoutent d’éventuels bonus), le joueur formé à l’ASSE a montré dès son premier match en rouge et noir pourquoi il était différent : il se passe toujours quelque chose quand le ballon lui parvient dans les pieds. Il provoque, il réussit, il se trompe. Il ne refuse en tout cas jamais la prise de risque. Ce qui le place dans la fameuse caste des joueurs clivants, qui émerveillent ou agacent selon les humeurs.
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Parti en froid avec les dirigeants stéphanois, mis à l’écart à Hanovre, tancé par ses coéquipiers bastiais pour une déclaration maladroite, le talentueux ailier n’a pour l’heure connu que des expériences mitigées. Mais à y regarder de plus près, s’il n’a sans doute pas toujours été exemplaire, le transfuge monégasque a toujours mis les pieds dans des contextes difficiles. Arrivé à Monaco lors du rocambolesque mercato d’été 2015 en compagnie d’une armée de milieux offensifs, il se retrouve malgré lui au cœur d’une lutte de pouvoir entre Luis Campos et Nicolas Holveck, en désaccord sur la façon dont ont été menées les négociations. Envoyé dans la foulée en prêt à Hanovre, il est confronté à la saison galère type : équipe en difficulté sportive, changements d’entraîneur – à deux reprises – et de directeur sportif… Le tout éclipsé par un improbable accident de voiture avec un tram qui mettra le sujet Saint-Maximin hors des terrains. L’histoire allemande se termine dans l’incompréhension. De quoi ternir son image des deux côtés de la frontière.
Salif Sané (coéquipier à Hanovre) : « C’est un amour »
Mais Salif Sané, international sénégalais et maillon essentiel de la défense d’Hanovre depuis 2013, se souvient non seulement d’un joueur « impressionnant » , mais aussi d’un coéquipier attachant : « Il ne faut pas se fier aux apparences. Quand tu le vois comme ça, tu peux croire qu’il est arrogant. Mais, quand tu connais vraiment la personne, c’est un amour. Il est gentil et parle avec tout le monde. Il n’était pas dans son coin dans le vestiaire, tout le monde l’adorait. Il aurait pu se cacher derrière le fait d’être nouveau et de ne pas parler l’allemand, mais il a fait les efforts pour s’intégrer. » Une autre année en prêt, cette fois-ci en Corse, l’a remis dans les radars des bons clubs de Ligue 1. Un peu trop esseulé, un peu trop individualiste aussi, il est parvenu à briller par intermittence dans le marasme bastiais. Suffisant pour entretenir les attentes, pas assez pour dissiper les quelques doutes.
Stabiliser les fulgurances
Quatre ans après ses débuts dans le monde professionnel, Allan Saint-Maximin a enfin l’opportunité de s’insérer dans un projet, de connecter ses fulgurances à un collectif. Ardemment désiré par les dirigeants niçois qui lui faisaient la cour depuis plusieurs mois, il a décidé de poser ses valises à une vingtaine de kilomètres de Monaco. Un club où il n’aura finalement jamais eu sa chance, mais dont il est parti avec classe, comme l’atteste la délicatesse qu’il a eue vis-à-vis des sites de supporters en leur adressant à chacun un message. Il aurait pu grandir sous les ordres de Leonardo Jardim, il le fera sous ceux de Lucien Favre, ce qui n’est pas une régression. Le jeune joueur n’a jamais caché qu’il avait besoin d’un entraîneur qui le couve un peu. C’est là sans doute son principal défaut : s’il veut confirmer les espoirs placés en lui, il devra se libérer de ce besoin d’affection permanent dont ont souvent besoin ces joueurs à qui on a tout promis trop tôt. Son profil de dynamiteur est là pour apporter de la variété au jeu niçois, et le club doit en retour lui apporter la stabilité dont il a manqué jusqu’à présent. La vérité appartient désormais au terrain et Salif Sané est convaincu qu’elle sera à l’avantage de l’international U20 : « J’ai toujours dit qu’Hanovre ne serait pour lui qu’un palier pour aller plus haut. Ses qualités sont incroyables. Quand t’as un joueur comme Saint-Maximin, t’es obligé de le faire jouer ! Il peut te débloquer un match à lui tout seul. » Dès ce soir à Naples ?
Par Chris Diamantaire