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Saint-Martin se tourne vers l’avenir
Samedi à The Valley (Anguilla), Saint-Martin version française disputera le derby des Caraïbes face à son voisin néerlandais, lors de la quatrième journée de la Ligue des nations de la CONCACAF. Un an et demi après le dévastateur ouragan Irma, Saint-Martin se reconstruit progressivement. Et son football parvient à se développer.
Une grosse vingtaine de minutes de bateau, un peu plus pour les supporters de Sint-Marteen, un peu de marche jusqu’au Centre technique Raymond E. Guischard de The Talley, la capitale d’Anguilla, l’île située à une quinzaine de bornes au nord, et le cadre de ce derby des Caraïbes sera posé. Depuis le coup d’envoi de la première édition de la Ligue des nations de la CONCACAF, la sélection de Saint-Martin a pris l’habitude d’emprunter une des nombreuses navettes quotidiennes pour recevoir ses adversaires sur ce si proche terrain neutre. Elle l’a fait contre la Guadeloupe (0-3, le 11 septembre) et Saint-Kitts-et-Nevis (0-10, le 14 octobre), l’autre match ayant été perdu à Grenade (2-5) le 16 novembre.
Même si samedi, c’est Sint-Marteen qui accueille. « Nous n’avons pas le choix : l’ouragan Irma a endommagé les quatre stades de Saint-Martin : celui de Marigot (le chef-lieu), les deux synthétiques livrés en 2016 à Quartier d’Orléans, et celui de Sandy-Ground. Et celui de Philipsburg, dans la partie néerlandaise, a lui aussi été endommagé. Mais il y aura du monde à Anguilla : lors des deux premiers matchs, il y avait 600 à 700 spectateurs. Là, comme c’est un derby qui se joue un samedi, on devrait avoir une plus forte affluence » , explique Gilles Petit.
700 licenciés, huit clubs de Division 1
Ce métropolitain, originaire des Alpes-Maritimes, vit à Saint-Martin depuis vingt ans. Il y a fondé la Juventus et est également éducateur technique à la Ligue de Saint-Martin, qui compte environ 700 licenciés. « Soit quatre cents de moins qu’avant Irma. Car des gens ont quitté l’île après avoir tout perdu. Beaucoup ne reviendront pas. Et aussi parce qu’il y a un gros turn-over ici. Il y a des gens qui sont mutés et restent trois ou quatre ans » , explique-t-il. Irma, qui avait frappé les Antilles à la fin de l’été 2017, a causé la mort de quatre personnes et fait de nombreux blessés à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, et entraîné des dégâts estimés à plusieurs centaines de millions d’euros. Toutes les îles touchées par l’ouragan ne se reconstruisent pas au même rythme, et Saint-Martin, une collectivité d’Outre-mer française de 87 km² et de 35 000 habitants, continue de panser ses plaies. « Ici, le tourisme est la principale source de revenus. Les gens reviennent petit à petit, mais il y a encore beaucoup à faire. Et on prie pour qu’un ouragan ne vienne pas frapper de nouveau les Caraïbes dans les prochains mois » , poursuit Petit.
Saint-Martin, qui faisait partie jusqu’en juillet 2007 du département de la Guadeloupe, n’est pas affilié à la FIFA. Mais son statut lui permet de disputer les compétitions de la CONCACAF, notamment depuis sa participation aux éliminatoires de la Coupe caribéenne des nations 1990. Désormais entraînée par l’ancien international guadeloupéen Stéphane Auvray, la sélection de Saint-Martin y a gagné quelques matchs, dont un contre les îles Vierges britanniques (3-0 en 1990), arraché quelques nuls – Cuba (0-0) en 2001, Dominique (0-0) en 2007 et îles Cayman (1-1) en 2010 – et encaissé certaines roustes face à la Jamaïque (0-12), en 2005 ou Porto Rico (0-9) sept ans plus tard. « Nous avons un championnat de huit équipes, évidemment totalement amateur. Les budgets annuels des clubs se situent autour de 15 000-20 000 €. Trois ou quatre joueurs de la sélection évoluent en métropole, mais en National 3 ou en Division d’Honneur. Les autres disputent le championnat de Saint-Martin, qui compte huit équipes, et chez nous, il n’y a pas de Division 2. Au niveau international, c’est forcément difficile… »
Les jeunes ne sont pas oubliés
La Ligue de Saint-Martin, qui dépend de la Fédération française de football (FFF), a décidé – outre les seniors et la sélection nationale – de mettre l’accent sur les catégories de jeunes. En plus des plateaux pour les moins de 7, 9 et 11 ans, des championnats ont été organisés pour les plus âgés (moins de 13, 15, 17 et 20 ans). La sélection U20 a ainsi participé aux qualifications (un nul, quatre défaites) pour la Coupe du monde qui se déroulera en Pologne du 23 mai au 15 juin prochain. « Si on veut progresser, car il y a un bon potentiel ici, il faut faire un travail de base, pour combler les lacunes tactiques, physiques. Lors des matchs de la sélection A, on voit que nos joueurs n’ont pas le rythme pour affronter des sélections qui comptent dans leurs rangs des professionnels. On doit aussi faire face à un problème d’infrastructures, mises à mal par Irma. Gagner des matchs, c’est une chose. On veut d’abord compenser notre retard pour s’améliorer. » Mais une victoire de la sélection, battue (3-4) à Saint-Barthélémy en amical le 17 mars dernier, samedi face au voisin de Sint-Marteen, aurait forcément une saveur un peu particulière…
Par Alexis Billebault