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Saint-Étienne : vite, 2023 !

Par Raphaël Brosse
5 minutes
Saint-Étienne : vite, 2023 !

Au moment de conclure l’année 2022 face à Caen, ce vendredi (19h05), l’AS Saint-Étienne est dernière de Ligue 2. Les ambitions estivales et la perspective d’une remontée immédiate dans l’élite semblent désormais bien lointaines. Difficile de s’en étonner, au regard de ce qu’il se passe sur le terrain. Et de ce qu’il ne se passe pas dans les coulisses.

La fin d’année est un moment propice aux bilans. On y dresse l’état des lieux de ce qui a été accompli au cours des douze derniers mois, on se satisfait des objectifs atteints, on mesure le chemin parcouru. Si elle se prête à ce petit jeu, il y a peu de chances que l’AS Saint-Étienne en ressorte avec le sourire. Fin décembre 2021, les Verts terminaient la phase aller du championnat à la dernière place de la Ligue 1. Un an plus tard, alors qu’il ne reste plus qu’un match à disputer en 2022, contre Caen ce vendredi (19h05), le club du Forez occupe toujours une peu envieuse position de lanterne rouge. Mais en Ligue 2, cette fois.

Page blanche et roman noir

Du bonnet d’âne de l’élite au fond de la classe située à l’étage inférieur, c’est peu dire que l’ASSE a connu une année 2022 calamiteuse, de bout en bout. Pourtant, un vent nouveau avait soufflé pendant l’été, laissant poindre l’espoir de jours meilleurs. Après la terrible désillusion du barrage perdu aux tirs au but face à Auxerre (1-1, 1-1, 4-5 TAB), les dirigeants stéphanois ont voulu partir d’une page blanche, écrire une nouvelle histoire avec, à la baguette, Laurent Batlles. Cet ancien de la maison verte, comme joueur puis entraîneur de la réserve, a débarqué avec sa philosophie de jeu ambitieuse, qui avait permis à Troyes de grimper en Ligue 1 au printemps 2021. Le mercato, lui, a été plus animé qu’un chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens (24 départs, 11 arrivées). Renforcé par des éléments d’expérience (Jimmy Giraudon, Anthony Briançon, Thomas Monconduit…), d’habiles manieurs de ballon (Victor Lobry, Mathieu Cafaro…) et des jeunes à fort potentiel (Lenny Pintor, Benjamin Bouchouari…), l’effectif avait fière allure. Sur le papier, du moins. Car sur le terrain, les résultats n’ont pas vraiment suivi.

Plombés par trois points de pénalité, des mouvements de joueurs incessants et de nouveaux systèmes à assimiler, les Verts sont passés au travers de leur début de saison. On pensait toutefois qu’ils avaient trouvé leur rythme de croisière à la fin de l’été, au sortir d’un succès convaincant contre Bordeaux (2-0) et dans le sillage d’un Jean-Philippe Krasso aussi étincelant que surprenant. Mais cela n’a pas duré, et le retour du public à Geoffroy-Guichard – après quatre rencontres à huis clos – n’a pas servi de coup de boost en direction des sommets. Au contraire, sans cesse rattrapée par son inconstance, son indiscipline (déjà huit cartons rouges en 2022-2023) et d’impardonnables lacunes défensives (30 buts encaissés, pire total du championnat), la troupe de Batlles n’a jamais réussi à décoller. Et le rebond post-Mondial tant espéré n’a pas eu lieu lundi, lors de la reprise du championnat, puisque la formation forézienne a encore pris l’eau, en l’occurrence sur la pelouse du promu annécien (2-1).

Janvier, le mois de vérité

En plus de ses performances sportives particulièrement inquiétantes, Saint-Étienne laisse perplexe en raison de l’immobilisme apparent de ses dirigeants. L’été dernier, aussi, la vente du club à l’homme d’affaires américain David Blitzer semblait être plutôt bien engagée… avant de capoter. Résultat : Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, le président du directoire et celui du conseil de surveillance, sont toujours propriétaires de l’ASSE, quand bien même ils répètent à qui veut l’entendre que leur intention est de vendre ce monument sans tarder. Dépités, les supporters stéphanois ne manquent jamais une occasion d’afficher leur défiance à l’égard des deux co-actionnaires, tenus pour principaux responsables du marasme dans lequel le club aux dix titres de champion de France est en train de s’enfoncer. Peu présent dans les médias, voire plus du tout présent physiquement en ce qui concerne Caïazzo (qui vit à Dubaï et n’a plus remis les pieds dans le Chaudron depuis un bail), le binôme a confié les clés du camion à un triumvirat composé de Jean-François Soucasse (président exécutif), Samuel Rustem (directeur général en charge des affaires sportives) et Loïc Perrin (coordinateur sportif). On ne pourra jamais reprocher à l’ex-défenseur de ne pas assez en faire pour la tunique verte, qu’il a portée à 470 reprises en tant que joueur. Cependant, son inexpérience relative à un poste aussi stratégique dans l’organigramme a de quoi laisser certains sceptiques.

En cas de victoire face à Caen, accompagnée d’un faux pas de Niort devant Pau, les coéquipiers de Dylan Chambost peuvent encore espérer boucler 2022 à la 19e place. Ce serait une bien maigre consolation, avant d’aborder un mois de janvier qui s’annonce décisif. Parce que s’il veut rapidement s’extirper de la zone rouge et finir la saison autre part qu’au coin, l’élève stéphanois va bien être obligé de revoir sa copie. « Le plan initial était de laisser ce groupe se construire, et franchement, au 15 septembre, même si tout n’était pas parfait, on pensait être dans le vrai, et le mercato de janvier devait être marginal, a avoué Jean-François Soucasse avant la reprise du championnat. Là, vu la situation, on n’a pas le choix. » Ainsi, le dernier de Ligue 2 a consenti un gros effort financier pour attirer Gaëtan Charbonnier, valeur sûre de la division, qui sera un atout supplémentaire sur le front de l’attaque. C’est néanmoins la défense, perforée match après match, qu’il va falloir consolider. Selon Ouest France, le latéral nantais Dennis Appiah serait d’ailleurs en approche. Enfin, Laurent Batlles a beau s’appuyer sur une cote de popularité non démentie et un contrat de deux ans, il a tout intérêt à redresser la barre sans tarder s’il veut passer l’hiver. Dijon, premier non-relégable, compte déjà sept points d’avance sur Saint-Étienne. Qui a tout intérêt à faire de 2023 l’année de la résurrection.

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