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Saint-Étienne-Lyon : et surtout la santé !
C'est un triste derby qui va se jouer, ce dimanche soir, dans un Chaudron loin de sa traditionnelle ébullition. Sans supporter et sans grande attente, les rivaux Saint-Étienne et Lyon doivent se retrouver pour une affiche censée représenter une belle vitrine pour la Ligue 1. Sauf que l'ASSE, transformée en cluster géant ces deux dernières semaines, est obligée de respecter le règlement de la LFP à la lettre en se présentant face à l'OL avec un groupe décimé et mal préparé.
Dans une saison normale, c’est un rendez-vous à ne pas manquer. Pour les supporters des deux camps, d’abord. Mais aussi pour ceux qui aiment le foot, le championnat de France et l’odeur de la poudre. Ces dernières années, le derby entre Saint-Étienne et Lyon était presque devenu l’affiche la plus excitante de Ligue 1, devançant même le classique PSG-OM et peut-être à égalité avec le fameux Olimpico. Mais là, rien. Pas de frisson, pas d’émotion, pas d’attente. La faute, bien sûr, à l’absence des supporters — et pas seulement celle des visiteurs, cette fois — en raison du huis clos généralisé depuis le début de la crise sanitaire.
« Ce qui m’intéresse, c’est de faire plaisir aux supporters, a quand même précisé Claude Puel, en conférence de presse. Sans public, c’est beaucoup plus difficile. Le manque de public, de supporter et de soutien, c’est très particulier. On ne s’habituera jamais à ces stades vides. » Même son de cloche chez Rudi Garcia, qui n’oublie pas non plus l’intérêt sportif : « Un derby sans supporter, ce n’est pas la même chose. Mais ça ne change rien à ce que l’on veut obtenir, c’est-à-dire trois points. » Oui, car au-delà des considérations (légitimes) autour de ces tribunes désertes et du silence, il y a un match de foot à jouer. C’est bien ça le problème.
Le travail, c’est vraiment la Sainté ?
Depuis près de quinze jours, le centre sportif Robert-Herbin ressemble en effet à un cluster géant. L’ASSE a été frappée de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, recensant dix-huit cas positifs à la Covid-19 parmi les joueurs et le staff ces deux dernières semaines. De nombreux cadres (Hamouma, Debuchy, Kolodziejczak, Bouanga ou Youssouf pour ne citer qu’eux) ont été touchés par le virus, tout comme Claude Puel ou encore le président du directoire Roland Romeyer (75 ans) dont l’état de santé ne serait pour l’instant pas préoccupant. Autant de raisons qui font qu’un règlement sensé aurait dû provoquer le report de ce derby. « Même si les joueurs ne sont plus considérés comme positifs, ils ne sont pas opérationnels pour un match de ce niveau, déplorait Puel cette semaine, en visioconférence. On est au cœur de la problématique de jouer à tout prix les matchs, et de disputer le championnat dans ces conditions. On prend des risques, on a dix-huit cas positifs : c’est un cluster. Même si cela se stabilise, on verra avec les PCR, c’est une situation complètement dingue. » Incompréhensible, même, quand la santé des joueurs était l’argument numéro un pour justifier l’arrêt définitif du championnat en avril dernier. Mais les esprits procéduriers diront que le règlement est le règlement. Celui-ci indique un protocole médical mis en place par la LFP, qui envisage le report d’une rencontre si l’une des deux équipes ne peut présenter au moins vingt joueurs testés négatifs sur la liste initiale de trente. Les risques de contamination ? Le souci d’équité ? Peu importe, il faut jouer pour ne pas chambouler le calendrier et pour ne pas froisser un diffuseur qui a décidé de ne pas payer.
Sept injuste !
Un règlement malheureusement respecté à la lettre, réduisant un peu plus l’intérêt sportif de ce Saint-Étienne-Lyon. Un nouvel écho au sketch du week-end dernier, à la Meinau, où les Verts ont dû se présenter avec un groupe décimé contre Strasbourg après avoir notamment reçu le coup de fil d’un dirigeant alsacien qui a intimé à l’ASSE de « respecter le règlement », selon les mots de Puel. Une belle solidarité et un casse-tête pour le technicien stéphanois, qui n’aura pas eu le luxe de préparer ce derby dans des conditions décentes. Malgré sept forfaits confirmés pour cause de Covid-19, Puel a voulu balayer les polémiques en affirmant que son équipe était « prête » pour le choc à venir.
Reste que tout le monde, sauf sans doute les fans rhodaniens, aurait aimé voir Saint-Étienne avec ses armes affûtées pour se mesurer à l’OL, dont l’ambition sera de confirmer que la défaite contre Metz (la première depuis le 15 septembre) n’était qu’un accident de parcours. « On ne fait pas le règlement, il est pareil pour tout le monde, a évacué Garcia, à deux jours de la baston. Je préférerais qu’ils aient tous les joueurs à disposition, qu’ils aient toutes leurs forces. Peu importe les équipes alignées, ce sera un match disputé et difficile à remporter. Selon moi, il n’y a pas d’équipe affaiblie. » L’important, c’est les trois points, paraît-il. Et surtout pas la santé.
Par Clément Gavard