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Saint-Étienne, le Printant est compté
À la faveur d’un dernier exercice abouti, achevé à la quatrième place de Ligue 1, et d’un mercato ambitieux, soldé par l’arrivée d’une dizaine de recrues, tous les espoirs étaient permis pour Saint-Étienne. Mais la dure réalité d’un début de saison laborieux est venue tempérer les ardeurs des Verts. De quoi déjà menacer leur nouvel entraîneur, Ghislain Printant, qui a l'obligation de gagner, dès ce dimanche, face à Angers.
« J’ai prévu de m’adresser au groupe avant de partir à Angers. Il faut mettre beaucoup plus d’ingrédients pour retrouver une équipe conquérante et enrayer cette spirale. » À quelques heures d’un déplacement crucial dans la Loire, ces quelques mots de Ghislain Printant égrenés en conférence de presse illustrent l’urgence qui règne déjà dans le Forez. Après cinq journées de championnat et une de Ligue Europa, le bilan de l’AS Saint-Étienne est famélique : quinzièmes de Ligue 1 (une victoire, deux nuls, deux défaites), les Verts ont également échoué à bien commencer leur aventure européenne puisqu’ils ont été renversés par La Gantoise jeudi dernier (3-2). De fait, voilà le nouvel entraîneur de l’ASSE, choisi pour succéder à Jean-Louis Gasset, dont il était l’adjoint, déjà sur la sellette.
Attention, Verts fragiles
Pourtant, c’est peu dire que l’AS Saint-Étienne s’était donné, lors du mercato estival, les moyens de ses ambitions, attisées par les lueurs d’une saison 2018-2019 terminée au pied du podium : très active, la direction stéphanoise a attiré un nombre conséquent de recrues, parmi lesquelles Denis Bouanga, Ryad Boudebouz, Zaydou Youssouf, Sergi Palencia, Miguel Trauco, Harold Moukoudi ou encore Yohan Cabaye. Elle est également parvenue à conserver pour une saison le très prometteur William Saliba, acheté par Arsenal pour 30 millions d’euros. Mais force est de constater que ces multiples arrivées représentent pour l’instant moins de réels renforts que de simples ajouts, peu capables d’apporter une réelle plus-value à l’effectif stéphanois.
Sur le terrain en effet, les nouveaux arrivés ne parviennent pour l’instant pas à tirer vers le haut leurs collègues, victimes d’un niveau de jeu en berne, mais aussi d’une condition physique défaillante. Si les arrivées au compte-gouttes n’ont pas facilité la préparation des recrues, à l’image d’un Miguel Trauco en difficulté physiquement après son périple avec le Pérou lors de la Copa América, les Verts peuvent déplorer ce dimanche pas moins de onze forfaits, dont Palencia, Saliba, Diousse, Aholou et Diony. C’est bien simple : Ghislain Printant pourrait aligner un onze complet (et performant) rien qu’avec ses joueurs blessés. Mais, parmi les éléments laissés à l’infirmerie, tous ne sont pas des recrues, bien au contraire, de quoi jeter de sérieux doutes sur la préparation physique entreprise par le staff cet été. De fait, sur le terrain, les Verts semblent à court de forme, peu dans le rythme, ce qui, en début de saison, n’est pas forcément bon signe.
Pensez Printant, mes amis
Ceci dit, les nombreuses absences ne sauraient totalement excuser Ghislain Printant : ses choix sont également sujets à critique. Parmi eux, le plus criant est sans doute celui du dispositif tactique. Depuis le début de la saison, les Verts oscillent sans logique lisible entre défense à quatre et défense à cinq. Le surprenant passage à une défense à cinq, revenue à la trêve après avoir livré de bons services la saison dernière, n’a pas donné satisfaction : au contraire, c’est quand l’équipe du Forez est revenue en cours de match à un système plus classique et moins sclérosé, à l’image de la fin de match contre La Gantoise, qu’elle s’est montrée la plus dangereuse. De plus, le choix de Ghislain Printant de n’aligner que rarement une vraie pointe, malgré la présence de Robert Berić et Loïs Diony, condamne Wahbi Khazri à évoluer seul sur le front de l’attaque, ce qui ne saurait ni totalement convenir à ses qualités, ni renforcer la force de frappe des Verts.
Surtout, les changements permanents fragilisent l’édifice, et l’absence de continuité ne fait donc qu’accroître ce que le passage à la défense à cinq aurait voulu résoudre, à savoir les errances d’une défense fébrile et sans repères. Malgré les exhortations à la rigueur de Ghislain Printant, l’arrière-garde stéphanoise a déjà encaissé onze buts cette saison, peut-être un signe que le message du technicien de 58 ans ne passe plus. Dans ce cadre incertain, les piliers stéphanois ne parviennent pas à hausser leur niveau de jeu : Loïc Perrin, capitaine emblématique, est dépassé ; Yann M’Villa, métronome du milieu, est emprunté ; Mathieu Debuchy, dynamiteur offensif, est débordé. Ce dimanche, en raison des blessures, Ghislain Printant pourrait à nouveau revenir à une défense à quatre, de quoi semer une nouvelle graine de doute dans l’esprit des observateurs. Pour sauver sa peau, l’entraîneur des Verts doit espérer que de cette semence naisse une victoire. Mais ce n’est jamais en septembre qu’il est le plus facile d’entrevoir le printemps.
Par Valentin Lutz