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Sahin veut les clés du Real
Le milieu de terrain turc est la première recrue du Real Madrid. Un point de chute qui ne coule pas de source.
Notée il y a six ans dans un vieux carnet, cette phrase de Michael Zorc, le directeur sportif de Dortmund : « Nuri Sahin est l’un des joueurs les plus talentueux en Europe. Nous sommes très heureux de l’avoir au Borussia car il fera bientôt une carrière immense » . La prophétie est en cours. José Mourinho le voulait si fort que le transfert évalué à 10 M€ a été conclu quelques heures seulement après la fin de la saison.
Joueur de rond central
En gros, le Turc, 22 ans, arrive dans une équipe que l’on peut caricaturer ainsi : individualiste, impatiente et verticale. Rien ne l’interdit sauf que Nuri Sahin est surtout collectif, patient et passeur. Il vient de briller entre les mains de Jürgen Klopp (6 buts, 8 passes) mais la pièce s’emboitera-t-elle aussi bien l’an prochain dans le puzzle de Mourinho ? « Je ne vois aucune équipe où mes joueurs pourraient mieux s’exprimer si ce n’est au Barça » , s’interroge l’entraîneur champion d’Allemagne dans le Dorstener Zeitung. Un seul coup de fil de Mourinho a convaincu le joueur. Dans ses déclarations, Sahin a évoqué le statut et la perspective de remporter des titres. Jamais le jeu. A côté de Xabi Alonso, il aura sûrement un autre rôle que Khedira dont l’apport à l’expression collective merengue a déçu. En même temps, il n’était pas venu pour faire dans le beau… On ignore comment le Special One utilisera celui que l’Allemagne qualifie de « footballeur de rond central » mais le jeu long de Xabi Alonso ne sera plus la seule option.
Juste passeur
On voit bien avec Altintop et Callejon que Jose Mourinho a fini par imposer ses idées dans le recrutement et que Sahin ne sera pas un énième bibelot abandonné sur une étagère comme l’ont été Pedro Leon et Canales. Sahin peut être le juste passeur que le Real n’avait pas vraiment jusque-là. En tout cas dans une zone plus éloignée du but adverse que celle occupée parfois brillamment par Mesut Özil. Pas rien d’être élu « Joueur de la saison » avec la moitié des votes (46% exactement) dans un championnat allemand aussi spectaculaire où les stars comme Mario Gomez, Raul ou Arjen Robben ont brillé pendant la saison. La mesquinerie pousserait d’ailleurs à écrire que le vote a récompensé un collectif à travers celui qui incarne le mieux ses principes. Insinuer que Sahin risque de s’abimer dans une équipe où la concurrence porte le même maillot serait un procès d’intention au timing erroné.
Précoce
Dans l’attente de le (dé)juger sur pièces, la presse madrilène met en avant la précocité du futur merengue : plus jeune débutant en Bundesliga à 16 ans puis buteur un an après. Il s’en va sur un premier titre de champion et l’étiquette de « cerveau du BvB » la saison où Mario Götze s’est pourtant imposé comme un sacré prospect. La révélation de ses jeunes ne console donc pas Zorc de la perte de Sahin. Du coup, le directeur sportif redoute un peu la fin juste après le début : « Jouer au foot sans lui n’aura plus rien à voir tant il était influent sur notre jeu » . Un peu de patience, Nuri Sahin sera libre dans environ six années. L’avantage avec les précoces comme lui, c’est qu’il n’aura encore que 28 ans.
Mickaël Osganian
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