S’abonner au mag
  • Premier League
  • Bilan

Saha : «Arsenal manque d’expérience»

Par
Saha : «Arsenal manque d’expérience»

Avec près de 400 matchs de Premier League au compteur, on peut dire que Louis Saha s'y connaît question foot anglais. Blessé depuis le mois de mars, l'attaquant d'Everton a malheureusement eu bien le temps de peaufiner son analyse au sujet de cette saison pas comme les autres : un Big Four moins dominateur, des outsiders qui poussent et les mal-classés qui ne ferment pas le jeu. De quoi y voir plus clair...

Commençons par le haut du tableau. Manchester United fait-il un beau champion d’Angleterre ?

Alors là, je ne vais pas pouvoir vous donner une réponse objective car même en jouant à Everton, je reste supporter de Manchester. J’ai toujours été persuadé que cette équipe était au-dessus du lot, de par la continuité prônée par Alex Ferguson. Même si cette année, ils ont moins dominé le championnat que par le passé, ils ont été les plus constants.

Justement, la plupart des spécialistes s’accordent à dire que ce Manchester-là n’est pas un grand cru. Qu’en pensez-vous ?

Certes, Manchester a peut-être proposé un jeu mois flamboyant que par le passé, davantage basé sur le contre. Mais je dirais plutôt que, cette année, c’est l’ensemble du Big Four qui n’a pas joué à son meilleur niveau. D’ailleurs, c’est ce qui a permis à des équipes comme Tottenham ou même Everton de venir se mêler à la bagarre pour les places européennes. Malgré tout, dans cette Premier League ultra resserrée, c’est encore une fois United qui a été l’équipe la plus régulière et qui a su tirer son épingle du jeu.

Ce Manchester version 2011 ne vous semble-t-il pas moins fort que celui de 2009 ?

Je ne suis pas sûr de cela. Manchester a peut-être perdu Cristiano Ronaldo et Carlos Tevez mais l’effectif d’aujourd’hui me semble plus équilibré. Le groupe a finalement peu changé et ils ont su conserver des joueurs qui ont bien progressé par la suite comme Ji-Sung Park ou Nani. L’arrivée de Chicharito a aussi été très importante pour eux. C’est pourquoi je les vois davantage mettre en difficulté Barcelone dans quelques jours qu’ils ne l’avaient fait il y a deux ans.

Et le replacement en tant qu’attaquant plus reculé, voire en 10, de Wayne Rooney, ça vous paraît pertinent ?

Wayne, c’est un joueur qui a besoin de beaucoup toucher le ballon et de participer au jeu. En avant-centre, il est très dangereux et extrêmement efficace mais je pense que c’est aussi un poste qui peut le frustrer à la longue. Dans une position sur le terrain un peu plus reculée et avec un mec mobile et rapide comme Chicharito devant, ça lui donne plus de liberté dans ses mouvements. Le danger vient du fait que les défenseurs adverses ne savent pas s’ils doivent sortir sur lui ou bien suivre les appels en profondeur de l’attaquant. C’est une association très intéressante.

Revenons au championnat, pourquoi a-t-il été plus serré cette année ?

Plusieurs raisons à cela. Peut-être qu’effectivement les cinq ou six plus grosses équipes de Premier League n’ont pas eu leur rendement habituel. Mais en parallèle, c’est toutes les autres équipes du championnat qui ont élevé leur niveau de jeu, du septième au dernier. Que ça soit Blackpool ou même West Ham, ces équipes n’ont jamais fermé le jeu. Résultat, il leur arrivait de perdre lourdement mais à coté de ça, elles pouvaient aussi battre les plus grosses écuries et le championnat était du coup beaucoup plus ouvert. C’est simple, cette saison en Angleterre, aucune équipe n’a joué le match nul.

Une question d’état d’esprit ?

Possible, mais c’est aussi quelque chose qui s’est clairement accentué cette année. Il y a beaucoup d’entraîneurs étrangers en place qui ont eu envie de produire du jeu comme à Wigan (Roberto Martinez) ou à Birmingham (Alex McLeish). Prenez même Ian Holloway avec Blackpool. Son équipe peut gagner 5-0 mais elle peut aussi en prendre 17, quelque part, c’est magnifique.

Après cette saison, on peut parler de Big Five avec Manchester City…

Oui très clairement. En deux ans, leur effectif s’est beaucoup enrichi alors que dans le même temps une sorte de noyau dur de joueurs s’est créé. Cette année, ils ont acquis une forme de stabilité qui leur a permis de se qualifier pour la Ligue des Champions et de remporter la Cup. Si Mancini continue de bien travailler comme il le fait depuis deux saisons, je les vois bien champions dans les trois années à venir.

Dans le même temps, Arsenal s’est encore écroulé. Que leur a-t-il manqué cette fois-ci ?

Sans surprise, je vais vous répondre de l’expérience. Le but du jeu au haut niveau, c’est de trouver le juste milieu entre le talent et l’expérience. Le talent, c’est certain qu’ils l’ont depuis longtemps, mais par moments, ils auraient bien eu besoin de mecs comme Giggs, Scholes ou Van der Sar pour calmer le jeu.

Scott Parker et Gareth Bale ont chacun été élus meilleur joueur de Premier League cette saison. Vers lequel des deux va votre préférence ?

Difficile à dire car les deux ont réalisé une saison formidable. Scott Parker est très méritant car il a réussi à s’illustrer alors qu’il jouait avec l’équipe la plus faible du championnat. Il a porté West Ham à bout de bras toute l’année et leur a permis d’espérer pouvoir se sauver jusqu’à l’avant-dernière journée. J’ai la conviction que si Scott Parker avait joué de la sorte à l’époque où il portait les couleurs de Chelsea, il aurait été élu meilleur joueur de l’année par les journalistes et par le syndicat des joueurs. A côté de ça, Gareth Bale a complètement explosé cette année. Il a réussi des matchs extraordinaires, notamment contre l’Inter en Ligue des Champions.

Question talent, entre les deux, je vais dire match nul, même si médiatiquement, Bale était avantagé. Il n’a eu besoin que de six, sept grands matchs pour se faire remarquer alors que Parker, lui, a dû en jouer plus d’une vingtaine.

[page]
A l’inverse, Fernando Torres a vécu une année compliquée. A-t-il eu raison de quitter Liverpool ?

C’est toujours compliqué de changer de club en milieu de saison. Ça l’est encore plus lorsqu’on arrive dans une équipe où la concurrence à son poste est très élevée, comme c’était le cas à Chelsea avec Anelka, Drogba et Kalou. Malgré cela, on ne peut pas dire qu’on ne lui ait pas donné le temps de jeu nécessaire pour se mettre en valeur. Pourtant, ça n’a pas fonctionné pour lui cette année. Je crois qu’il est arrivé à Chelsea en méforme et que pour différentes raisons, il a mis beaucoup de temps à trouver ses repères. Après, de là à dire qu’il n’a pas eu raison de partir… Je sais que tout le monde ne sera pas d’accord avec moi sur ce coup-là mais il a quand même quitté Liverpool pour un club de plus grande envergure. Chaque saison, les Blues jouent le titre et la Ligue des Champions et je suis persuadé que Torres va réussir à s’imposer l’année prochaine.

Autre grand joueur en difficulté cette année : Steven Gerrard. C’est la fin pour lui ?

Non pas du tout. Gerrard, c’est un peu le Scott Parker de Liverpool, ils sont d’ailleurs de la même année. C’est quand même un joueur qui a joué 40 à 50 matchs par saison depuis le début de sa carrière, c’est normal qu’à un moment donné, la machine ait besoin d’être réparée. Je suis persuadé qu’il va revenir à son meilleur niveau, peut-être même plus fort qu’avant car il aura eu le temps de bien se reposer.

Pour finir, quelques mots sur votre club d’Everton. Que vous a-t-il manqué pour accrocher l’Europa League cette année ?

D’avoir commencé la saison comme nous l’avons finie. Je ne sais pas si le problème était physique ou mental mais quand on regarde aujourd’hui derrière nous, il y a une quinzaine de points que nous avons laissés filer bêtement. Si on jette un œil au classement, avec 15 points de plus, nous serions quatrièmes. Ça se joue à rien, quelques matchs nuls, des défaites contre des équipes qui nous étaient inférieures. Prenez notre belle victoire contre Manchester City au début du mois de mai (2-1 après avoir été menés 1-0), la semaine d’après, on perd contre West Brom et ça annule tout, c’est frustrant. Sur l’ensemble des matchs joués contre disons le “Big 6”, Everton n’a peut-être perdu qu’une ou deux fois mais ça ne suffit pas, il faut aussi être bon contre les petits.

Leighton Baines est-il le meilleur arrière gauche de Premier League ?

Cette année, cela ne fait aucun doute. Même si j’aime beaucoup Patrice (Evra), là il commence vraiment à avoir chaud. Leighton, j’avais déjà joué contre lui lorsqu’il portait les couleurs de Wigan, il était impressionnant. Aujourd’hui, il s’est encore affirmé et offensivement, il apporte beaucoup. Cette saison, je crois qu’il est à plus de dix passes décisives et quatre ou cinq buts, c’est énorme pour un arrière gauche. Il joue derrière et pourtant, c’est un de nos premiers créateurs. D’ailleurs nos fans ne s’y sont pas trompés et l’ont élu meilleur joueur de la saison.

Et derrière, ça pousse à l’Everton Academy ?

Il y a quelques joueurs intéressants oui. Jack Rodwell et Seamus Coleman ont déjà explosé et jouent régulièrement avec l’équipe première. Ross Barkley, qui n’a encore que 17 ans, va faire mal lui aussi. La Premier League est intéressante pour ça, elle donne très vite une chance à ses jeunes pousses. Même s’il y a finalement peu de joueurs qui sortent des centres de formation, lorsqu’ils sont bons, ils explosent direct.

Enfin, quels sont les objectifs d’Everton pour la saison prochaine ?

Aujourd’hui, je signerais pour une place européenne et pourquoi pas un bon parcours en Coupe. Pour moi personnellement, j’espère jouer une saison pleine et être épargné par les blessures. De la constance, ça serait sympa.

Propos recueillis par Thomas Lecomte

Luis Enrique, en coulisses comme à la scène

Par

À lire aussi
Oct 2, 2024; Columbus, OH, USA;  Columbus Crew head coach Wilfried Nancy talks to Inter Miami CF forward Lionel Messi (10) following the MLS soccer game at Lower.com Field. Miami won 3-2. Mandatory Credit: Adam Cairns-USA TODAY Network via Imagn Images/Sipa USA   - Photo by Icon Sport
Oct 2, 2024; Columbus, OH, USA; Columbus Crew head coach Wilfried Nancy talks to Inter Miami CF forward Lionel Messi (10) following the MLS soccer game at Lower.com Field. Miami won 3-2. Mandatory Credit: Adam Cairns-USA TODAY Network via Imagn Images/Sipa USA - Photo by Icon Sport
  • Podcast So Foot
Pourquoi les entraîneurs français s’exportent si mal ?

Pourquoi les entraîneurs français s’exportent si mal ?

Pourquoi les entraîneurs français s’exportent si mal ?
Articles en tendances
12
Revivez Belgique-France (1-2)
  • Ligue des nations
  • J4
  • Belgique-France
Revivez Belgique-France (1-2)

Revivez Belgique-France (1-2)

Revivez Belgique-France (1-2)
Logo de l'équipe Belgique
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J4
  • Belgique-France (1-2)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine