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Safet Sušić, vingt ans plus tard

Par Matthieu Rostac
Safet Sušić, vingt ans plus tard

C'est une affaire d'heures, voire de minutes : Safet Sušić sera l'entraîneur de l'ETG pour la saison 2015-16 en Ligue 2, avec pas mal de pain sur la planche chez les Roses. L'occasion aussi de se rappeler que le Bosnien dirigea son dernier match à la tête d'une formation française il y a de cela vingt ans, avec l'AS Cannes.

Ce 13 juillet 2015 sera peut-être un jour à marquer d’une pierre blanche : celui où Safet Sušić sera revenu en France après vingt ans « d’exil » avant, qui sait, de réaliser de grandes choses avec le club d’Évian Thonon Gaillard. Car oui, en ce 13 juillet 2015, celui qui émerveilla le PSG dans les années 80 – au point d’être élu meilleur joueur de l’histoire du club par France Football en 2010 – paraphera son contrat avec le club haut-savoyard en compagnie de son nouvel adjoint Roman Revelli (ancien adjoint de Perrin, puis Galtier à Saint-Étienne) pour remplacer Pascal Dupraz, limogé en juin dernier pour « faute grave » . Et l’entreprise sera de taille. Pas pour rien que Frédéric Hantz, qui tenait visiblement la corde pour prendre la suite du mangeur de gratin savoyard, a préféré garder son poste de consultant sur Canal+ plutôt que d’affronter cette jungle de la Ligue 2 qu’il connaît pourtant bien.

La fin du tropisme danois en Savoie

En effet, le président Esfandiar Bakhtiar a prévu de retrouver l’élite dès l’année prochaine, et ce, malgré un effectif forcément réduit, Évian Thonon Gaillard n’échappant pas au pillage en règle inhérent à une descente à l’échelon inférieur. Si le club haut-savoyard est bien parvenu à faire signer la pépite de CFA Kevin Hoggas (13 buts et 16 passes décisives avec Belfort cette saison), se faire prêter l’attaquant guinéen de l’Atlético Madrid Sekou Keita, puis prolonger les briscards Barbosa et Sorlin (respectivement jusqu’en 2016 et 2017), nombre de joueurs ont pris la tangente : Nicolas Benezet à Guingamp, Cédric Cambon au Havre, Adrien Thomasson à Nantes et Gilles Sunu à Angers, notamment. Avant, peut-être, de perdre l’un des joueurs dont les qualités sur le terrain n’ont d’égal que le style incomparable de son patronyme, le Costaricien Yeltsin Tejeda. Surtout, c’est la fin de cet étonnant et doucereux tropisme danois qui sévissait du côté du lac d’Annecy – question de climat, sans doute –, accessoirement symbole de l’avènement, puis de la chute du système Dupraz en Ligue 1. Si le départ de Daniel Wass au Celta Vigo fera longtemps pleurer les supporters des Roses, on ne peut pas en dire autant de celui de son fêtard de cousin Nicki Bille Nielsen au Esjberg fB. Et si Jesper Juelsgård, arrivé l’année dernière du FC Midtjylland, est parti pour rester dans l’effectif haut-savoyard, il se murmure que le portier Jesper Hansen pourrait rejoindre Brøndby.

Safet, héros puis bourreau de la Bosnie-Herzégovine

C’est donc dans un climat de hall de gare que Sušić revient en France. Mais nul doute que cela est loin de lui faire peur : le technicien bosnien a connu ambiance plus chaude. Sur les neuf équipes que Sušić a coachées par le passé, six d’entre elles étaient turques. Dans les années 90, Safet parviendra même à accrocher consécutivement une qualification en Intertoto, puis en Coupe UEFA avec Istanbulspor. Les années 90 ? Ça commence à remonter, oui. Mais si le passé en club de Sušić date un peu, c’est parce que ce dernier était très occupé pendant cinq ans avec la sélection de Bosnie-Herzégovine (2009-2014). Il était écrit que le plus beau joueur bosnien devait écrire les plus belles pages de son jeune pays en matière de football. Ce sera chose faite avec cette incroyable qualification directe pour la Coupe du monde 2014, avec 25 points glanés sur 30. La première de son histoire. Il est vrai que le sans-faute de Sušić a légèrement pris du plomb dans l’aile par la suite, d’abord lorsque les Lys d’or ont été incapables de sortir d’une poule à leur portée, ensuite lorsque ce dernier a commencé à agir étrangement à la tête de la sélection. Certains choix de joueurs en équipe nationale lui ont été reprochés, soi-disant motivés par des accords avec des agents, voire par des privilèges familiaux, comme la sélection pas forcément indispensable de son neveu Tino-Sven au Mondial. Le point de non-retour avec la Fédération bosnienne est atteint lorsque Sušić déclare en novembre dernier qu’il « ne se sent pas responsable » de la défaite que la Bosnie-Herzégovine vient de subir face à Israël (3-0) en qualifications de l’Euro 2016. L’ancien joueur du PSG est démis de ses fonctions dans la foulée.

« Il y a eu un complot pour dégager Sušić »

Un rejet des responsabilités qui fait drôlement écho avec un événement survenu au début de la saison 1995-1996. À l’époque, Safet Sušić a pris la suite de Luis Fernandez à la tête d’une jeune et rafraîchissante AS Cannes, avec laquelle il vient d’attraper l’Intertoto après avoir terminé neuvième du championnat. Trop jeune et rafraîchissante, peut-être, au point que certains anciens commencent à flipper pour leur place. Sans mentionner le fait que le groupe goûte peu le caractère froid de Sušić, qui tranche avec l’ambiance sudiste du club. Le reste, c’est Adick Koot, défenseur central cannois entre 1991 et 1998, qui le détaille à Goal : « Il y a eu un complot pour dégager Sušić. Ça a commencé avec les mecs âgés. William Ayache, un ancien international, organisait des réunions dans sa maison avec les jeunes joueurs de l’équipe. Sa mère travaillait comme assistante à la mairie et le complot a grandi doucement, mais sûrement. Kader Ferhaoui, qui a longtemps joué à Montpellier, faisait aussi partie du groupe. Tous ces mecs avaient des problèmes avec Safet parce qu’ils étaient sur la sellette. Je n’étais pas invité à ces réunions. Ayache me voyait comme un ennemi. J’étais le capitaine, en bons termes avec Safet de surcroît. Micoud faisait également partie du complot, mais je suis sûr qu’il le regrette aujourd’hui. Safet était calomnié, il subissait des remarques discriminatoires sur la Yougoslavie, ce genre de choses. » À force de mauvais résultats, la tête de Safet Sušić est mise à prix, et le 30 septembre 1995, il dispute son dernier match en tant que coach de l’AS Cannes lors du derby face à Nice, perdu 3-1. Derrière, il est remplacé momentanément par… William Ayache, qui vient tout juste de prendre sa retraite, puis très rapidement par Guy Lacombe. Sušić, lui, n’est pas rancunier pour un sou. Koot, toujours : « Après s’être fait virer, Safet est venu voir un match. Il m’a dit : « On me disait fou il y a encore trois semaines et là, tout le monde m’appelle Monsieur Safet Sušić ». » Nul doute que sur les bords du lac d’Annecy, on va longtemps l’appeler Monsieur.

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