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Ryan Babel, carrière low cost

Par Florian Cadu
4 minutes
Ryan Babel, carrière low cost

De nombreuses années après avoir fait le bonheur des yeux, Ryan Babel est de retour. En signant à La Corogne, le Hollandais espère redorer une carrière d’ores et déjà loupée. Qui l’aura quand même vu briller de manière éphémère.

La nouvelle est arrivée d’un coup. Comme un gros cheveu glacé sur une soupe tiède. Certains ont pu croire à une blague. Et puis finalement non. Tout le monde s’est rapidement fait à l’idée : Ryan Babel, qui jouera cette saison en Liga, à La Corogne, n’a pas arrêté le football. On pouvait facilement penser le contraire. La dernière actualité concernant le Hollandais passé par Liverpool et l’Ajax Amsterdam datait d’un an et n’avait pas grand-chose à voir avec le terrain. À l’époque, le garçon avait balancé une punchlineun brin machiste sur Twitter à une demoiselle qui avait osé le chambrer à propos de sa relation avec Rafael Benítez : « Tu devrais t’acheter une paire de seins au lieu de parler football. Tu es une fille, reste à ta place. » Voilà pour les nouvelles de Babel. Sinon, personne n’avait entendu parler de lui depuis son départ de Premier League, en 2011, voire d’Amsterdam en 2013 pour les plus admiratifs.

Et pourtant. Pourtant, son retour dans un grand championnat est accueilli de manière très positive par les amateurs de foot. Étrange, tant on sait pertinemment que le garçon ne deviendra pas un top player en Espagne. Oui, mais voilà : Ryan Babel est un esthète. La majorité de ceux qui l’ont vu jouer en Angleterre sont tombé amoureux de lui après un crochet, une accélération, un salto, une feinte ou une frappe. C’est que la nature a gâté Ryan Miguel Guno Babel, de son nom complet. Doté d’un talent certain, il possède également le gène de la nonchalance qui le maintient paradoxalement dans la catégorie des footballeurs élégants. Facile dans ses dribbles, classe dans ses inspirations, l’instant Babel pouvait parfois tourner à l’orgasme. Mais l’instant ne dure pas. Jamais. Il est même infiniment rare.

L’amour a ses raisons que la raison ignore ? Peut-être. De façon plus simple et plus concrète, l’amour est injuste et Ryan n’a rien fait pour mériter l’affection dont il jouit. Jamais il n’a travaillé, jamais il n’a défendu, jamais il n’a remercié, jamais il ne s’est remis en question. Au vrai, il suffit de regarder ses statistiques pour comprendre que chez lui, le spectaculaire prévaut sur la qualité. Toutes compétitions confondues, l’ailier facture 78 pions et 22 passes en près de 450 matchs. Son record de buts en une saison de championnat s’élève à neuf – performance atteinte une seule fois, en 2014-2015, à Kasımpaşa. Bilan honorable ? C’est oublier que le joueur a évolué plus de la moitié de sa carrière dans des pays où le niveau est relativement faible.

Tout avait pourtant bien commencé au sein de son Ajax formateur. Ses trois premières années s’avèrent même très bonnes, avec une dizaine de buts chaque saison. Devenu titulaire, Babel a vingt et un ans quand il franchit la frontière. Transféré à Liverpool pour 17 millions d’euros, le bonhomme confirme son statut d’espoir avec des premiers mois convaincants. Il fait le taf quand on fait appel à lui, débloque des rencontres, plante quelques buts sublimes – comme ce missile catapulté dans la lucarne lyonnaise en Champions -, et ne connaît pas de temps d’adaptation. La suite est plus galère. Petit à petit, Ryan revendique une place de titulaire en même temps que les spectateurs commencent véritablement à l’apprécier. Mais Rafael Benítez refuse, ne le considérant pas suffisamment mûr, à juste titre. Les années passent, les actions de folie se font de moins en moins nombreuses, les sourcils se froncent et la situation ne change pas, même après l’arrivée de Roy Hodgson. Finalement, l’attaquant souffle ses vingt-quatre bougies quand il est envoyé à Hoffenheim en échange de sept millions d’euros.

Après les Reds, le néant

Une cinquantaine de titularisations plus tard, le club de Bundesliga n’est franchement pas emballé et le renvoie gratuitement à son premier amour, Amsterdam. Où il ne satisfait pas non plus ses dirigeants malgré un titre de champion glané en chemin (2012-13). Bref, Ryan Babel se perd, s’efface et peine à exister au gré des années. Entre 2013 et 2016, il opte pour la Turquie et Kasımpaşa, où il semble s’éclater un peu plus, puis Al-Aïn, qu’il quitte assez rapidement. Bref, une carrière bien foirée et la sensation d’un énorme gâchis que ses 46 capes en équipe nationale – il n’a plus été appelé depuis 2011 – ne compensent pas. Qu’il est loin ce 26 mars 2005, jour de sa première sélection durant laquelle il inscrivit également son premier goal en Oranje… Heureusement qu’il lui reste encore un peu de temps pour quelques dingueries. Après tout, Ryan n’est pas encore trentenaire.

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