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Runarsson, le grand blond en avant
Dijon a trouvé avec l’Islandais Runar Alex Runarsson (23 ans) le successeur de Baptiste Reynet, parti à Toulouse. Le gardien international (3 sélections), que le club bourguignon est allé chercher au FC Nordjaelland (Danemark), était suivi depuis plusieurs mois par les recruteurs du DFCO. Samedi à Montpellier, le fils de Runar Kristinsson, le joueur le plus capé de l’histoire de la sélection islandaise (104 sélections) effectuera ses grands débuts en Ligue 1.
Il a découvert Dijon le 18 juillet, trois jours après le titre des Bleus en Russie obtenu face à la Croatie (4-2). Pour lui, la Coupe du Monde, vécue sur le banc de touche islandais, s’était arrêtée beaucoup plus tôt, après une défaite face à ces mêmes Croates lors du dernier match du premier tour. Un peu de vacances avec madame, quelques valises à boucler, deux ou trois détails administratifs à régler et Runar Alex Runarsson s’est pointé à Dijon, évidemment surpris par la canicule et l’air suffocant de la capitale bourguignonne. « Il a fait très chaud ces derniers jours. Moi qui vient d’Islande, où le climat n’a rien à voir, où tout est un peu plus sombre, cela change. » Mais que l’insulaire se rassure. A Dijon, les hivers peuvent être très froids et le brouillard s’invite régulièrement dans le quotidien des habitants. Cela devrait lui rappeler Reykjavik, où il est né et a commencé à jouer, au KR, et Farum, au Danemark, où il a évolué de 2015 à juin dernier. « Je me suis tout de suite senti à l’aise en arrivant à Dijon. J’ai été bien accueilli au club et les gens sont sympathiques. J’ai maintenant hâte de débuter en championnat » , assure l’insulaire.
Quand papa valide
La piste menant à ce grand blond longiligne d’1,86 m était explorée depuis l’automne dernier. Olivier Delcourt, le président dijonnais, qui venait de prolonger le contrat de Baptiste Reynet et de le revaloriser après l’échec de son transfert à Montpellier, avait assuré à son gardien que le bon de sortie serait toujours valable à l’été 2018. « Via ses réseaux, Laurent Weber, l’entraîneur des gardiens, a entendu parler d’Alex. Je suis allé le voir jouer plusieurs fois au Danemark, pendant que Laurent regardait des vidéos et suivait ses performances tous les week-ends, via une plateforme. Son style de jeu correspondait bien à ce que nous recherchions : Nordsjaelland est un équipe qui aime avoir le ballon et Alex est un gardien moderne, qu’on peut assimiler à un joueur de champ, bon des deux pieds, explosif, un peu félin, bon dans le domaine aérien » , résume Sébastien Larcier, le responsable de la cellule recrutement du DFCO.
Un déjeuner entre le joueur et son père Runar Kristinsson, ancien international islandais, permet d’approfondir les discussions. « Le père d’Alex est un ancien joueur, il est désormais coach(Lilleström, Lokeren, KR Reykjavik), et comme son fils, il a été intéressé par le projet de jeu du DFCO. Il y avait un transfert à payer, mais pour nous, c’est abordable, comme son salaire » , poursuit Larcier.
Le polyglotte
Runarsson fils, lui, ne jure plus que par la Ligue 1. « Beaucoup d’Islandais préfèrent l’Angleterre. Moi, j’ai toujours eu une attirance pour la France, l’Espagne ou l’Italie, des championnats où on joue plus au foot. Au Danemark, j’évoluais déjà dans une équipe offensive, et comme Dijon a la même ambition, cela a été décisif dans mon choix » Le paternel, venu visiter les installations dijonnaises, repart de Bourgogne chargé de bonnes impressions qu’il s’empresse de livrer à son gardien de fils. Et quelques semaines avant de partir en stage avec sa sélection, le futur ex gardien de Nordjaelland est venu à son tour se faire une idée de ce qui l’attend. « Il sait qu’il va succéder à Baptiste Reynet, qui fait partie des très bons spécialistes du poste en Ligue 1. Baptiste était très apprécié des supporters et évidemment, il y aura une certaine attente. Alex sait qu’il sera observé » , intervient Laurent Weber.
L’Islandais, qui a joué son premier match le 21 juillet face à Sochaux (0-0) moins d’une semaine après son arrivée, est encore en phase de découverte, même si la communication n’est pas encore optimale avec le staff technique. Weber, avec son anglais de contrebande, s’appuie beaucoup sur Bobby Allain, le gardien numéro 2 et parfaitement bilingue, pour faire passer ses consignes. « Je m’améliore un peu en anglais, et Alex, qui comprend un peu le français puisque son père a joué en Belgique, va s’améliorer dans notre langue. C’est un garçon posé, intelligent, qui s’est déjà vite adapté » , poursuit Weber. Et accessoirement polyglotte : outre sa langue natale, Runarsson parle anglais, danois et espagnol, qu’il avait appris au Danemark afin de favoriser ses échanges avec Inaki Pavon, le coach des gardines ibérique de Nordjaelland.
Il reverse 1 % de son salaire annuel à des associations
Olivier Dall’Oglio, vite séduit par les qualités du Nordique, a validé sans trop tarder la suggestion du duo Larcier-Weber. « Il n’a pas forcément les mêmes caractéristiques que Baptiste Reynet, mais dans l’esprit, c’est aussi un gardien moderne, adroit avec ses pieds, impliqué dans la relance. Il va lui falloir maintenant d’adapter à la Ligue 1, mais comme c’est un mec qui comprend vite et qui est très pro, cela ira très vite » , évacue le coach du DFCO. Runarsson, remplaçant en équipe nationale et qui découvrira en théorie le Suédois Erik Hamren, le nouveau sélectionneur de l’Islande le 7 septembre en Suisse à l’occasion de la première journée de la Ligue des Nations. « Le fait de jouer en L1 doit me faire progresser. » Une façon polie de dire qu’il envisage de bousculer la hiérarchie des gardiens, alors qu’Hannes Halldorsson (34 ans), le titulaire habituel, vient de quitter Randers (Danemark) pour Qarabag (Azerbaïdjan).
Et lors de son passage au Danemark, Runarsson a été sensibilisé par l’initiative de l’Espagnol Juan Mata, qui a décidé de reverser 1% de son salaire annuel à des œuvres de charité, via le projet Commun Goal. « Cela me semble normal. J’ai envie d’aider des enfants à avoir une vie meilleure. L’argent que je reverse est destiné à de petits Sud-Africains. » L’Islandais a même prévu d’en toucher un mot à se nouveaux coéquipiers, à l’occasion…
Par Alexis Billebault, à Dijon