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Rui Patrício, la tête ailleurs

Par Steven Oliveira
4 minutes
Rui Patrício, la tête ailleurs

En rompant de manière unilatérale son contrat avec le Sporting Portugal, Rui Patrício a ouvert la voie à ses coéquipiers, dégoûtés par une saison marquée par la violence de leurs supporters et par la pression de leur président, Bruno de Carvalho. Ou comment préparer la Coupe du monde de la pire des manières possibles.

Les Rita Mitsouko avaient donc raison en chantant leur célèbre Les histoires d’A. Et ce n’est pas Rui Patrício qui va venir contredire Catherine Ringer et Fred Chichin. Arrivé au centre de formation du Sporting Portugal à l’âge de douze ans, le pire cauchemar d’Antoine Griezmann a tout connu en onze saisons chez les Leões : une seconde place en championnat, une victoire en Coupe du Portugal, une seconde place en championnat, une autre victoire en Coupe du Portugal, une nouvelle seconde place en championnat, une Coupe de la Ligue.

Deuxième joueur le plus capé de l’histoire du Sporting Portugal avec 467 rencontres disputés, Rui Patrício était le symbole du joueur fidèle appartenant à un club habitué à voir ses jeunes pépites s’envoler lors de chaque mercato estival. Mais ça, c’était avant cette année bordélique qui a vu l’international portugais accepter – après des années de refus – de regarder les offres étrangères. Et histoire de prouver la véracité de la maxime des Rita Mitsouko, ce départ a pris des tournures de télénovelas et s’est terminé par une rupture unilatérale de contrat de la part du portier portugais.

Rui Patrício, au cœur de la querelle Mendes-De Carvalho

Mais alors, comment la situation de Rui Patrício a pu en arriver là, alors que le transfert du portier de trente ans à Wolverhampton semblait quasiment acté pour une jolie somme de 18 millions d’euros ? La réponse est simple et porte le nom de Bruno de Carvalho, célèbre président du Sporting Portugal. Après avoir critiqué ses joueurs sur son compte Facebook après leur défaite à l’Atlético de Madrid, le Jean-Michel Aulas portugais avait suspendu 17 d’entre eux – dont Rui Patrício – pour avoir osé lui répondre dans un communiqué. Et vu que Bruno de Carvalho a décidé de ne pas rendre la vie facile à son capitaine, il a rompu au dernier moment les négociations avec Wolverhampton.

Une décision que le principal intéressé explique face à la presse en accusant l’agent de Rui Patrício – le reconnu Jorge Mendes qui avait négocié « sept millions d’euros sur les 18 millions du transfert » – : « Ce serait un crime de lèse-majesté pour le Sporting d’accepter un tel chantage. Je suis désolé pour Rui qui est manipulé. Nous sommes ici pour défendre les joueurs, mais nous ne serons pas soumis à un chantage. J’espère que Rui pourra quitter le Sporting par la grande porte, comme il le mérite. » Raté.

Furieux de cette décision, Rui Patrício décide de rompre de manière unilatérale son contrat pour « faute » , invoquant notamment l’agression des supporters à l’entraînement. Avant de fusiller son président dans les colonnes de laGazzetta dello Sport : « J’ai craint pour ma vie. J’ai été victime de violence psychologique et physique. En janvier de cette année, le président a commencé à exercer une pression inacceptable sur tous les joueurs et l’équipe, ce qui implique que les résultats négatifs seraient dus au manque de professionnalisme des joueurs. »

Le début de l’exode

Mais plus que pour la perte gratuite de Rui Patrício, ce départ ouvre surtout la voie à un début d’exode. Jour après jour, les journaux portugais annoncent l’identité d’un nouveau joueur qui souhaiterait rompre son contrat de manière unilatérale. Si jusqu’à présent, seuls Rui Patrício et Daniel Podence chez les joueurs – et le coach Jorge Jesus – avaient mis leur menace à exécution, la presse portugaise annonce que trois nouveaux joueurs ont déchiré leur contrat : William Carvalho, Bruno Fernandes et Gelson Martins. Soit les trois joueurs à la plus grosse valeur marchande du Sporting Portugal. De quoi foutre un bon bordel chez les Leões.

Pendant ce temps-là, Rui Patrício tente de fermer les yeux sur ce qui se passe dans son club de toujours afin de se concentrer sur son Mondial. Une mission d’autant plus difficile que certains supporters n’hésitent pas à l’accuser d’être celui qui a allumé le feu dans la maison verte. Et ce, alors même que le portier portugais a prouvé durant la finale de l’Euro 2016 qu’il était plutôt du genre à contenir les flammes.

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Par Steven Oliveira

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