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Ruffier-Subašić, vis ma vie

Par Chris Diamantaire
Ruffier-Subašić, vis ma vie

Ce vendredi soir, Ruffier et Subašić échangeront peut-être leurs soucis sur la pelouse de Geoffroy-Guichard, après avoir sans doute échangé leurs destins il y a six années maintenant.

À quoi juge-t-on un gardien ? À ses arrêts, ces ballons qu’il aurait dû arrêter, son palmarès, sa fidélité, sa cote d’amour ? En mai 2011, Stéphane Ruffier, auteur de sauvetages miraculeux depuis qu’il avait conquis les cages de Flavio Roma, n’a pas pu sauver son club formateur de la descente aux enfers. C’était face à Lyon, contre qui il a souvent dû baisser sa tête austère et fière. La désillusion pointait encore au zénith quand il a répondu ces mots malheureux à un journaliste qui lui demandait s’il allait suivre son club en seconde division : « À votre avis ? » Jean-Luc Ettori, ancien gardien du club de la Principauté, souligne d’ailleurs ce tempérament fonceur : « Si Steph’ était resté, c’est lui qui jouerait aujourd’hui à l’AS Monaco. Mais ce qui le caractérisait quand je l’ai connu, c’était l’impatience. Il voulait toujours intervenir vite, il avait du mal à prendre son temps. C’était terrible ! Il a peut-être fait pareil dans ses décisions. Il aurait pu se dire : « Je vais accompagner l’AS Monaco en Ligue 2 pour mieux rebondir ensuite. » Mais il était en pleine ascension personnelle, il ne pouvait pas concevoir le fait de redescendre d’un étage. »

Sept mois après que le portier trop souvent abandonné par ses coéquipiers a abandonné son club, Danijel Subašić arrivait de sa Croatie natale pour défendre les couleurs d’un Rocher au bord du gouffre dont il n’avait sans doute jamais entendu parler. Depuis, les deux hommes sont restés fidèles. À la carrière plus qu’honorable, mais assez pauvre en trophées, en sélections et en émotions de l’un s’est confrontée l’improbable ascension de l’autre, champion de France, demi-finaliste européen et numéro un d’une nation qui ira à la Coupe du monde. Pourtant, qui oserait affirmer sans nuances que « Suba » est plus fort que « La Ruffe » ? Personne, surtout au moment où le gardien de l’AS Monaco étire de semaine en semaine sa traditionnelle mauvaise entame de saison. C’est la vie d’un gardien : les places sont chères et, quand elles se libèrent, le risque est parfois récompensé, d’autres fois sanctionné.

Prendre le risque

Lorsqu’il a signé à l’AS Saint-Étienne, Stéphane Ruffier a renoncé à une proposition qui émanait du pays où l’on ne tolère pas les grands gardiens de « petite » taille selon la théorie contestée de Christophe Lollichon, qui s’occupe des gardiens de Chelsea. C’était Manchester City qui avait frappé à la porte, pour un poste de doublure de luxe. Ruffier a renoncé à bien davantage plus tard, en envoyant valser l’équipe de France. Ça ne surprend pas Jean-Luc Ettori : « Doublure, c’est un mot qu’il ne veut même pas entendre. Même quand il était jeune, il ne voulait pas entendre parler du banc. Ça, c’est Steph’. Son obsession, c’est jouer. Je pense qu’il avait quelques pistes au chaud, je ne sais pas si Saint-Étienne était celle qui lui convenait le mieux. Mais, en même temps, c’est un club tellement mythique ! »

Globalement irréprochable dans le marasme qui règne actuellement dans le Forez, le Bayonnais n’est pas à l’abri de vouloir changer d’air après sept années de bons et loyaux services. Le contexte actuel pourrait en tout cas l’y pousser : « Steph’ est sûrement très bien là où il est, les gens l’aiment. Mais, le connaissant, ça doit le faire chier de ne pas davantage gagner parce qu’il a ça en lui. Je pense qu’il est assez mûr aujourd’hui pour aller voir ailleurs. Après, les Anglais vont dire qu’il lui manque des centimètres… En France, c’est compliqué de trouver un club intéressant en ce moment. C’est vrai que c’est quelqu’un qui aime bien être chez lui, avec sa petite famille. Alors, est-ce qu’il va prendre le risque de partir sans avoir de certitudes ? Saint-Étienne, c’est le seul club où la doublure ne joue même pas la Coupe de la Ligue. Steph’ veut jouer tous les matchs ! Il faut le trouver, le club qui t’offre ça » , renchérit celui qui a aussi été l’entraîneur des gardiens de l’ASM pendant une décennie.

Oublier et se relever

Changer d’air n’est sans doute pas la priorité de Subašić. Se changer les idées après cette mauvaise passe, sans doute un peu plus. Mais comment ? Il n’y a pas de solution miracle selon Ettori : « L’année dernière, il a fait une grosse saison. Là, l’espèce de mal-être des cadres rejaillit sur lui. Je lui fais confiance, il va revenir dans le coup. Dans ces moments difficiles, il ne faut pas trop chercher des explications, mais travailler jusqu’à l’épuisement. Le ballon qu’il a raté en match, il va le prendre dix fois à l’entraînement. Ce sont des gestes qu’on va gommer. On ne cible pas spécifiquement les erreurs qui ont été faites en match, mais il va forcément se présenter des exercices similaires à la situation où tu as fauté en match. Il faut être capable de reconnaître la faute puis passer à autre chose, ne pas vivre avec elle, l’éliminer par le travail. »

Le gardien monégasque paraît en tout cas toujours aussi fébrile dans ses sorties aériennes, une lacune qu’il partage avec Ruffier, même si ce dernier a beaucoup progressé dans ce domaine : « Le jeu aérien, il faut que tu le ressentes. C’est peut-être le domaine de jeu qu’on travaille le moins à l’entraînement parce que, de plus en plus, le travail est individualisé. Les gardiens se retrouvent ensemble, sont à l’écart des autres joueurs. Et rien ne vaut l’opposition réelle. On travaille beaucoup la force et les jambes. C’est pour ça qu’ils sont forts sur leur ligne. Qu’est-ce qui remplace les déplacements ? La taille pour couper les trajectoires et les jambes. Avant, on avait le temps, on pouvait se déplacer. Les centimètres étaient moins importants. Aujourd’hui, tu n’as plus le temps de te déplacer. Le poste a changé. Avant, on était actif, aujourd’hui, ils doivent être réactifs » , analyse l’ancien international. Il est souvent reproché à Subašić d’être justement trop passif dans sa surface, quand Ruffier cultive son style autoritaire. Vont-ils échanger de nouveau leur place ce soir ? Quoi qu’il arrive, les doutes du moment n’effaceront pas le reste, et c’est une légende qui le dit : « Les deux vont marquer l’histoire de leur club, c’est sûr ! »

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Par Chris Diamantaire

Propos de Jean-Luc Ettori recueillis par

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