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Rudy Mater : « J’ai donné 12 ans de ma vie à Valenciennes »
Les histoires d'amour se font de plus en plus rares dans le football. Celle entre Valenciennes et Rudy Mater était pourtant bien réelle. Né dans un quartier défavorisé de la ville nordiste, le latéral est une icône pour les supporters valenciennois. S'il a commencé sa carrière à Cannes, c'est bien le VAFC qu'il a épousé en 2002. 12 ans et près de 400 matchs plus tard, c'est le divorce. Pas d'adultère, mais des problèmes financiers qui ont rendu la séparation inévitable. Explications.
Il se faisait une joie de voir Valenciennes éviter de justesse le redressement judiciaire et sauver sa place en Ligue 2 grâce à Jean-Louis Borloo. Mais l’aventure se fera finalement sans lui. Arrivé en fin de contrat le 30 juin dernier, l’arrière droit de 33 ans Rudy Mater n’a pas été conservé par le club nordiste, au même titre que Francis Massampu et Mody Traoré. C’est Bernard Casoni lui-même qui lui a annoncé la nouvelle mercredi matin. « On a un cahier des charges, on est limités. J’ai déjà trois latéraux, dont deux à droite, la priorité n’est donc pas d’investir dans un latéral » , justifie le nouvel entraîneur du VAFC, en poste depuis une semaine et qui espère recruter entre six et huit joueurs pour compléter un effectif très réduit (14 pros).
Cette décision, Rudy Mater a malgré tout du mal à l’accepter. « J’étais persuadé que je serais à Valenciennes la saison prochaine, on me l’a fait croire, on m’a fait des promesses, explique, dépité, l’enfant du club. J’étais prêt à baisser mon salaire mais on ne m’a même pas posé la question. Je voulais terminer ma carrière ici. J’ai eu des propositions d’autres clubs avant que VA ne soit sauvé, mais j’ai fait des sacrifices. J’ai donné 12 ans de ma vie à ce club, je me suis battu comme un chien. Au final, tout s’arrête après une discussion de cinq minutes dans un bureau. »
« Montrer que Valenciennes s’est trompé »
12 ans, 388 matchs, 14 buts et un brassard de capitaine mis à la poubelle. La position du joueur est compréhensible, mais celle du club aussi. « Une baisse de salaire n’aurait rien changé, assure Casoni. Si on doit investir dans le salaire d’un joueur, ce ne sera pas pour un latéral. C’est aussi simple que ça. Les promesses qui ont été faites avant mon arrivée, ça ne me concerne pas. La donne a changé, le club a failli mourir. Je ne suis pas pro ou anti-Mater, mais je ne suis pas là pour faire plaisir à l’un ou à l’autre. »
Arrivé à Valenciennes en 2002, Rudy Mater va donc devoir trouver un nouveau point de chute. Car il n’a pas l’intention d’arrêter sa carrière sur cet échec. « J’ai envie de montrer que Valenciennes s’est trompé. Je suis loin d’être terminé, affirme-t-il. Je suis prêt à attaquer dans un nouveau club, mes agents y travaillent. » En attendant, Mater s’entraîne seul. Valenciennes lui a bien proposé de continuer à utiliser les installations du club pour se préparer, mais le cœur n’y est plus. « Ce matin, je n’ai pas eu le courage de m’entraîner là-bas, avoue-t-il. C’est dur de venir dans un club que tu aimes tant sans y appartenir. »
Par Quentin Moynet