- Ligue 1
- J5
- OM-Rennes (1-3)
Rudi Garcia sur la corde raide
Après la défaite à domicile contre Rennes, l'Olympique de Marseille est dans une situation d'urgence. Et en première ligne, son entraîneur Rudi Garcia va vite devoir trouver des solutions sous peine de voir son séjour en cité phocéenne écourté.
« Je veux gagner la Ligue des champions. » C’est avec ces mots pleins d’ambition que Rudi Garcia aurait fini de convaincre Frank McCourt d’en faire l’entraîneur de l’OM l’hiver dernier. Et pendant plusieurs mois, l’ancien entraîneur de Lille et de la Roma a bien été l’une des figures de proue d’un OM Champions Project qui prenait de l’épaisseur : arrivée de Dimitri Payet et Morgan Sanson, match nul initial courageux au Parc des Princes, qualification en Ligue Europa après un redressement concret des résultats…
Mais force est de constater qu’à l’arrivée de l’automne, la cote du technicien français a singulièrement baissé, tout comme la crédibilité initiale de la nouvelle direction marseillaise. Alors certes, Rudi Garcia ne pourra pas prendre sur lui le bilan d’un mercato mitigé – quelques prises intéressantes, mais aucune star que l’on aurait pu imaginer l’hiver dernier -, mais il est automatiquement en première ligne après les deux humiliations contre Monaco (6-1) et Rennes (1-3).
Le fonds de jeu plus inquiétant que les résultats
Deux matchs où l’OM a pris neuf buts pour deux marqués, et réussit l’exploit d’inquiéter moins par l’aspect comptable que le fonds de jeu. À Monaco, le technicien avait tenté un pari ultra-défensif qui s’était retourné contre lui, ses hommes comprenant peut-être inconsciemment sa tactique comme un aveu de faiblesse sur son effectif. Contre Rennes, dans une configuration plus classique, c’est la totale désorganisation collective et le manque d’esprit de révolte qui a prédominé. Alors certes, se prendre une Madjer et une frappe de 25 mètres en dix minutes, cela complique la vie. Mais l’OM de Garcia n’a jamais donné l’impression d’être, dans son stade, capable de faire vivre l’enfer à un adversaire qui n’avait pas encore gagné cette saison…
Cette faiblesse récurrente dans le jeu avait été bien masquée en début de saison par deux victoires heureuses – surtout celle à Nantes -, ainsi qu’une qualification pour la phase de poules de la Ligue Europa. Mais paradoxalement, ces quatre rencontres européennes avaient mis en lumière les lacunes criantes du onze marseillais, lacunes compensées par la maestria de Valère Germain (à l’aller) et Steve Mandanda (au retour) contre Ostende, et un but bienvenu de Morgan Sanson contre Domžale, qui avait bousculé l’OM pendant le match aller.
Konyaspor, déjà décisif
Aujourd’hui, l’équipe de Rudi Garcia est donc clairement bancale. La défense grince de toutes parts – Patrice Évra étant le plus en difficulté -, le milieu manque d’impact en l’absence de Luiz Gustavo, et l’attaque n’en fait pas assez quand tout le reste va mal… Seul point positif, l’OM n’a encore rien perdu de définitif : encore en vie en Ligue Europa, capable de se rattraper en championnat.
Même si les grandes équipes s’arrangent pour être au top au printemps, la faiblesse actuelle – tant collective, technique que mentale – ressemble moins à une tranquille montée en puissance qu’aux symptômes d’un été raté. Il y a visiblement quelque chose qui n’a pas fonctionné dans l’OM Champions Project, et le technicien doit rapidement trouver des solutions. Car si la banderole vindicative des supporters ce dimanche visait bien Jacques-Henri Eyraud, c’est toujours l’entraîneur qui est le premier à servir de fusible quand ça va mal. Le match de jeudi contre les Turcs de Konyaspor comptera donc double pour Rudi Garcia.
Par Nicolas Jucha