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Rudi Garcia, merci pour ce moment
Conspué, vilipendé et critiqué comme jamais lors de son arrivée à l'OL, Rudi Garcia est parvenu à emmener les Lyonnais en demi-finales de Ligue des champions. Malgré la défaite face au Bayern Munich (0-3), et les regrets qui l’accompagnent, le technicien français a prouvé qu’il avait encore de la suite dans les idées.
Le 19 octobre 2019, alors que Rudi Garcia s’apprête à disputer son premier match sur le banc de l’OL, face à Dijon, les supporters lyonnais manifestent leur mécontentement auprès de leur nouvel entraîneur. Sifflets et banderole hostiles accompagnent son entrée sur la pelouse du Groupama Stadium, la faute à ses propos tenus à l’égard du club rhodanien lorsqu’il entraînait encore l’Olympique de Marseille. Rien ne s’arrange le 25 février 2020 quand, après des résultats plus que décevants en Ligue 1, il est à nouveau la cible des supporters, qui le griment en clown sur les réseaux sociaux, et créent du même coup la colère de Jean-Michel Aulas. Mais quelques jours après ce troll, l’OL gagne son huitième de finale aller de Ligue des champions contre la Juventus. Et sans qu’on le sache, Garcia commence à se racheter une cote de popularité.
Envers et contre tous
Personne ne les imaginait capables d’éliminer la Juventus. Pourtant, début août, cinq mois après le match aller à domicile, les Gones sortent les muscles et parviennent à dégager les Bianconeri de la C1 au terme d’une solidarité exemplaire. Ce soir-là, une équipe est née, et Garcia n’y est pas pour rien. Rebelote en quarts de finale, où pas grand monde ne voit l’OL se farcir Manchester City. Encore moins quand il aligne Karl Toko-Ekambi à la place de Moussa Dembélé aux côtés de Memphis Depay. Néanmoins, sa mise en place tactique déroute les Skyblues, et Maxwel Cornet, rarement épargné par les critiques, ouvre même le score d’entrée. La suite, tout le monde la connaît : une égalisation de Kevin De Bruyne, avant que Garcia ne fasse entrer Dembélé, qui plante les deux pions d’une qualification méritée.
Un coaching gagnant pour Rudi, qui élimine Pep et ferme quelques bouches au passage. Celles de ses supporters, mais celles aussi des « spécialistes » du football français, qui n’ont jamais hésité à le tacler plus que de raison. Pourtant, avec l’équipe qu’il a sous ses ordres, qui aurait parié qu’il l’emmènerait aux portes de la finale de LDC ? Qui aurait imaginé qu’il serait capable de relancer Cornet, Marçal ou Marcelo, trois joueurs très largement décriés depuis le début de saison en août dernier ? Enfin, qui aurait pensé qu’il serait en mesure d’inculquer une solidarité de tous les instants à son équipe ? Encore une fois, personne.
Un supplément d’âme
Alors certes, Garcia n’a pas réussi à qualifier son équipe pour la prochaine édition de la Ligue des champions, la faute à une décevante septième place en Ligue 1. Mais face à une équipe du Bayern Munich très largement supérieure à la sienne, le coach des Gones n’a pas manqué d’idées. Il a une nouvelle fois aligné Toko-Ekambi à la place de Dembélé, pour exploiter au maximum les boulevards défensifs laissés par le très offensif Alphonso Davies. Une prise de risque qui n’était pas si loin de payer, si l’attaquant camerounais n’avait pas été aussi maladroit dans le dernier geste.
Garcia pensait sans doute pouvoir rééditer son coup de poker du tour précédent contre City, où Dembélé avait terminé le travail. Problème, ce mercredi soir, il était déjà trop tard, et l’élimination était alors inéluctable. Qu’importe, celui qui avait réussi à emmener l’OM en finale de Ligue Europa en 2018, avec une équipe que personne n’imaginait aller si loin, a redonné un supplément d’âme à une équipe en difficulté. D’ailleurs, à son arrivée sur le banc rhodanien, il avait aussitôt mis en avant son souhait le plus cher : « J’espère que cet Olympique lyonnais, le mien, aura une âme. » Un souhait en apparence vain quand on s’est rendu compte que son équipe était bien incapable de broyer les petites écuries de Ligue 1. Mais après cette campagne de C1 aussi folle qu’inespérée, Rudi a bel et bien réussi à apporter un supplément d’âme à ses Lyonnais. Pour ça, merci à lui.
Par Maxime Renaudet