S’abonner au mag
  • Italie
  • Serie A
  • 37e journée
  • Lazio/AS Roma (1-2)
  • Analyse

Rudi a appris de ses erreurs, la Lazio entre regrets et espoirs

Par Éric Maggiori
7 minutes
Rudi a appris de ses erreurs, la Lazio entre regrets et espoirs

Ce lundi, la Lazio s'est inclinée 2-1 lors du derby romain. Une défaite amère, d'autant que les Laziali se savaient plus forts que leurs adversaires. Oui, mais en cela, Rudi Garcia a parfaitement interprété le match. Et a appris de ses erreurs passées.

Au lendemain d’une défaite lors d’un derby, il est humain de se raccrocher à tout ce que l’on peut pour se dire que « non, ce n’est pas si grave » . Au vrai, une défaite lors d’un derby romain fait toujours mal. Peu importe le score. Un 2-0 sec, un 4-1 violent, un 1-0 avec un but à la dernière seconde. Elle fera mal, toujours. Parce qu’il faudra vivre avec les railleries du voisin au moins jusqu’au prochain derby et parce que voir l’ennemi heureux, c’est toujours un crève-cœur. Ce lundi, la Lazio a perdu le derby de Rome. Elle devait le gagner. Elle aurait dû le gagner. Depuis le début de la phase retour, tous s’accordent à dire que l’équipe de Pioli pratique, avec la Juventus, le plus beau football d’Italie. Les statistiques étaient d’ailleurs là pour le rappeler : au moment d’affronter le premier derby de la saison, le 11 janvier dernier, la Roma comptait neuf points d’avance sur la Lazio. Lundi, au coup d’envoi, de ces neuf points d’écart, il n’en restait plus qu’un. Preuve de la magnifique deuxième partie de saison des Biancocelesti, et, à l’inverse, de la calamiteuse deuxième partie de saison des Giallorossi. Oui mais voilà : un match, et encore moins un derby, ne se gagne pas avec ce qui a été produit avant. Il se gagne sur 90 minutes. Il se gagne parce qu’on a su lire le match avant de le jouer. Et à ce petit jeu-là, c’est la Roma qui s’est imposée. En conférence d’après-match, Stefano Pioli aura beau dire « qu’il n’a rien à apprendre de Rudi Garcia » , la réalité de ce derby dit l’inverse. Car Pioli a bel et bien une chose à apprendre de Garcia : savoir s’adapter à l’événement, à l’adversaire, et jouer en conséquence.

D’abord Chiellini, ensuite Mapou

Le coup de massue est évidemment terrible pour les Laziali. De potentiels deuxièmes, ils se retrouvent à devoir défendre la troisième place le week-end prochain dans l’enfer du San Paolo. Et autant le dire, c’est loin d’être gagné. C’est là où le bât blesse pour l’entraîneur laziale. Oui, son équipe voulait gagner le derby pour être deuxième. D’ailleurs, aucun supporter n’aurait signé pour un match nul lorsque, pendant la semaine, quelqu’un a commencé à parler de « biscotto » . Sauf que sa Lazio n’est pas entrée sur le terrain avec le bon état d’esprit. La Roma, elle, était venue là pour prendre ce point qui lui aurait quasiment garanti la deuxième place au vu des affiches de la dernière journée (Roma/Palerme et Napoli/Lazio). Rudi Garcia ne s’en est d’ailleurs pas caché, et a proposé un bon vieux catenaccio des familles. Parce que, à défaut d’être la plus spectaculaire, c’était la meilleure stratégie à adopter. Et en face, la Lazio n’a pas su comment se comporter. Pire, elle s’est comportée exactement de la façon qu’avait souhaitée Garcia : elle a fait tourner le ballon, sans folie, sans pressing, sans niaque. Une pâle copie de la magnifique équipe qui s’est hissée au niveau de la Juventus mercredi soir, en finale de Coupe d’Italie.

C’est là toute l’erreur de cette Lazio : elle voulait jouer pour gagner, mais elle a surtout joué pour ne pas perdre. Et forcément, quand on joue pour ne pas perdre, bah on perd. Les supporters ont également reproché à Pioli de ne pas avoir fermé la boutique après l’égalisation de Djordjevic. De fait, le point du nul aurait offert mathématiquement la troisième place. Difficile de lui en vouloir, toutefois. Car son équipe n’a pas pris de but parce qu’elle s’est ruée à l’abordage. Elle a pris un but sur un coup franc anodin à 40 mètres de ses buts. Là, c’est la naïveté des joueurs qui est à mettre en cause, puisque tous les joueurs ont préféré lever la main pour réclamer un hors-jeu plutôt que de défendre sur le seul Romain qui n’était pas hors-jeu : Yanga-Mbiwa. C’est d’ailleurs la deuxième fois en cinq jours que la Lazio encaisse un but d’un défenseur central (Chiellini, Mapou) des suites d’un coup franc. Pas un hasard.

15 points de moins, 13 points de plus

À analyser cette défaite, il n’y a donc pratiquement aucun motif de satisfaction pour la Lazio. Mais il faut regarder plus loin. Il faut d’abord regarder les scènes de liesse presque démesurées des joueurs romains pour comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre que cette Roma avait peur. Elle avait peur de perdre, peur de se faire dépasser par son ennemie jurée. De Rossi l’a d’ailleurs avoué sans demi-mesure à la fin de la rencontre : « Cette Lazio nous faisait un peu peur. » Et rien que ça, c’est un motif de satisfaction pour la Lazio. Il y a un peu plus d’un an, lorsque les deux équipes se sont affrontées lors du derby retour, il n’y a pas eu photo. Edy Reja avait mis en place une stratégie ultra-défensive, bien conscient qu’il ne pourrait jamais battre cette Roma-là. La Roma avait attaqué pendant 90 minutes, et avait finalement concédé un 0-0 qui sonnait comme une défaite. À ce moment-là, le gap entre les deux formations était énorme, et les tifosi laziali se demandaient même combien d’années il faudrait pour le combler. La réponse est là : un an a suffi. Car pour ce derby retour 2015, c’est bien au match inverse que l’on a assisté : une Roma à neuf derrière, et une Lazio à l’attaque, qui se pète les dents sur le mur rouge et jaune.

Les objectifs, ensuite. La Roma et Rudi Garcia l’avaient clairement annoncé. Cette saison, c’était la saison du Scudetto. La saison où la Roma allait dominer la Juve. « Après ce match (défaite 3-2 contre la Juve), je suis convaincu d’une chose : cette année, nous allons gagner le Scudetto » avait déclaré le bon Rudi un soir d’octobre 2014. Au final, c’est un échec. La Roma non seulement n’a pas gagné le championnat, mais elle compte 15 points de moins que l’an dernier à la même époque. Elle a marqué 19 buts de moins, et en a encaissé 5 de plus. Situation inverse pour la Lazio. Après une saison blanche, l’objectif était de retrouver l’Europe (comprendre la C3), par le biais d’une cinquième ou d’une sixième place. Résultat : les Biancocelesti ont déjà atteint leur objectif et ont toujours leur destin entre les mains pour faire mieux en accrochant la troisième place. L’équipe de Pioli affiche 66 points au compteur, soit 13 de plus que la saison dernière. Une défaite à Naples synonyme de non-qualification pour la C1 serait évidemment une énorme désillusion, surtout lorsque l’on a passé la moitié de la saison sur le podium. Mais il faut bien avoir en tête qu’au mois d’août, quand Stefano Pioli débarque au club, 100% des supporters auraient signé pour une quatrième place.

Apprendre de ses erreurs

Alors, non, la Lazio n’a pas tout perdu ce lundi. Elle a perdu le match, oui. Elle a perdu la deuxième place, oui. Elle a perdu la bataille tactique, oui. Cela fait beaucoup. Mais de ce match mal interprété, mal lu, les Laziali sauront tirer des enseignements. La recette est déjà vue, mais c’est clairement dans les défaites les plus douloureuses que naissent les grandes équipes. La Roma est en la preuve vivante. Le 26 mai 2013, il y a deux ans jour pour jour, elle perdait le derby le plus important de l’histoire en finale de Coupe d’Italie. La douleur est encore là et il n’y a qu’à voir la joie des Romanisti à chaque victoire dans un derby pour comprendre à quel point elle est profonde. Oui mais voilà, c’est sur cette défaite que la « nouvelle » Roma s’est reconstruite. Rudi Garcia est arrivé à son chevet, l’a relevée et a bâti une formation pas encore en mesure de gagner le Scudetto (dur dur avec cette Juventus), mais capable d’arriver deux fois deuxième, ce qui est déjà, en soi, un résultat exceptionnel. La Lazio doit en prendre de la graine, et apprendre. Comme l’a appris Rudi cette année.

Lorsqu’il avait affronté le Bayern Munich, le 21 octobre 2014, le coach français avait affirmé que son équipe pouvait « battre n’importe quel adversaire. » Résultat : une torgnole 7-1. Excès de présomption. Il ne commettra pas deux fois la même erreur. Face à la Lazio, il a su revoir ses ambitions de jeu à la baisse, quitte à transformer son équipe en une équipe besogneuse, parfois moche, mais prête à profiter de la moindre erreur de son adversaire. Et la Lazio, elle, a fait l’erreur inverse. Elle est entrée sur la pelouse en pensant avoir déjà gagné, juste parce qu’elle jouait mieux que son adversaire depuis cinq mois. Excès de présomption. Mais Pioli et ses hommes ont une chance : il leur reste un match, et non des moindres, pour déjà mettre à profit les enseignements de ce derby. Dimanche soir, à Naples, il leur faudra un point pour valider leur billet pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Un petit point qui, soyons-en sûrs, ferait rapidement oublier cette défaite lors du derby.

Dans cet article :
Lyon : à Textor et à travers
Dans cet article :

Par Éric Maggiori

À lire aussi
Articles en tendances
Logo de l'équipe France
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J5
  • France-Israël (0-0)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus
00
En direct : France-Israël (0-0)
  • Ligue des nations
  • J5
  • France-Israël
En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Comptez-vous regarder Italie-France Dimanche soir ?

Oui
Non

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Italie