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Amorim à Manchester United : par amour du coût
Pisté par Manchester United pour en faire le successeur d’Erik ten Hag en plein milieu de saison, l’entraîneur du Sporting CP Rúben Amorim serait tenté par le challenge mancunien, quitte à délaisser son projet bien construit dans la capitale portugaise pour un club à feu et à sang depuis plusieurs saisons.
30 buts marqués, 2 encaissés, 9 victoires en 9 matchs. Ce ne sont pas les stats de Pep Guardiola, mais bien de Rúben Amorim, entraîneur du Sporting courtisé par Manchester United pour succéder à Erik ten Hag, licencié après la défaite des Red Devils face à West Ham (1-2). L’entraîneur portugais de 39 ans est le nouveau coach hype du foot européen et marche déjà tranquillement sur le championnat portugais, après l’avoir déjà gagné deux fois. L’homme qui a démarré sa carrière d’entraîneur en troisième division en 2018 avec Casa Pia se retrouve désormais aux portes d’un mythique club, avec la lourde responsabilité de lui redonner ses lettres de noblesse. Après avoir déjà été le héros du Sporting en permettant au club de connaître à nouveau la joie d’être champion du Portugal, pour la première fois depuis 19 ans.
José Mourinho 2.0
Quatre ans après sa promotion à la tête du club portugais, il affiche déjà un beau palmarès : deux championnats du Portugal (2021, 2024), deux Coupes de la Ligue (2021, 2022) et une Supercoupe du Portugal (2021). Avec son jeu en 3-4-3 basé sur la possession et une ligne défensive costaude, il était naturellement cité comme le successeur de Pep Guardiola du côté de Manchester… City ! Ironie du sort, c’est dans l’autre club du nord de l’Angleterre que son avenir devrait s’écrire, avec à sa tête un patron de la pétrochimie plutôt qu’un prince héritier d’un État pétrolier. Ineos et Jim Ratcliffe en auraient fait leur priorité, mieux encore, une obstination. Au point selon The Athletic de mettre les finances des Red Devils, déjà bien exsangues, dans le rouge écarlate. Parce que si Rúben Amorim a la cote, au point d’être déjà comparé avec le boss du management portugais, Monsieur José Mourinho, le Sporting a bien anticipé et lui a collé une clause de départ fixée à 10 millions d’euros.
Pas un problème pour les nouveaux riches de Manchester United, qui sont prêts à tout pour faire venir en pleine saison un entraîneur qui ne parle pas couramment la langue de Shakespeare. Le Sporting a déjà communiqué publiquement sur la volonté des dirigeants mancuniens de sortir le chéquier, entraînant la gronde des supporters locaux. « Ils croient vraiment en mon travail, et l’amour est très proche de la haine », préfère sourire Rúben Amorim lors d’une « journée étrange » mardi, qui l’a vu également éliminer Nacional en quarts de finale de la Coupe de la Ligue (3-1). Les médias anglais l’assurent, le boss du Sporting, déjà légende vivante dans la capitale portugaise après avoir réussi à hisser les Leões jusqu’en huitièmes de finale de la Ligue des champions en 2021, serait tout de même prêt à abandonner les siens.
Unai Emery project ?
« Je ferai ce que je veux, ce que je veux faire, comme je l’ai toujours fait en tant que joueur et en tant qu’entraîneur, a répondu l’ancien milieu de Belenenses et Benfica, après avoir été relancé une énième fois sur le sujet en conférence de presse. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais cela ne m’inquiète pas, car tout dans ma vie s’est passé très vite et sans que je cherche quoi que ce soit. » L’ascension éclair qui l’attend a quand même tout d’un piège : il débarque dans un club d’une autre dimension, mais en manque cruel de résultats depuis des années, en pleine transition entre l’ère Glazer et celle d’Ineos, avec une pression énorme et un vestiaire difficile à gérer.
Si Rúben Amorim illustre aujourd’hui le renouveau du projet de Manchester United avec la volonté de construire sur la durée, le timing de son arrivée l’oblige aussi à faire avec un groupe qu’il n’a pas choisi, composé de nombreux néerlandophones rameutés à coups de millions cet été par Erik ten Hag, quand il avait encore la confiance de ses boss. Il aura aussi la lourde charge de relancer la dynamique, dans une équipe en gros manque de réussite, avec seulement 8 buts marqués en 9 journées de championnat, alors que Manchester United cumule 27 grosses occasions créées, mais en a raté 22, plus haut total de la Premier League. Les Red Devils ont aussi le plus grand écart entre le nombre d’expected goals (14,78xG), 6e meilleur total de PL, et le nombre de buts réels (-6,78). Si l’expérience d’Aston Villa, qui avait recruté Unai Emery à la même période la saison passée en l’arrachant à Villarreal, a été très concluante – 4e de Premier League et une qualification en Ligue des champions –, la tentative des Red Devils apparaît plus comme une dernière chance de relancer enfin un club qui n’a rien à faire à la 14e place.
Par Anna Carreau