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Roy Keane, rouge de colère

Par Mathieu Faure
Roy Keane, rouge de colère

Aston Villa - Manchester United aurait dû permettre à Roy Keane, alors adjoint de Paul Lambert sur le banc des Villans, de retrouver les Red Devils, son club de cœur et pour lequel il a joué et porté le brassard de capitaine pendant plus de dix ans (1993-2005) avec des hauts… et des bas. Retour sur la folie d'un homme qui avait plus de burnes que de talent et qui vient juste de quitter Aston Villa après une sombre histoire de bagarre dans un hôtel.

« Je me suis embrouillé avec tellement de monde que, avant un match, je ne sais plus trop à quels joueurs serrer la main. » La phrase date du début des années 2000 et apparaît dans la première autobiographie de Roy Keane. Écrit en collaboration avec le journaliste Eamon Dunphy, Keane : the autobiography est un livre intemporel. S’il n’avait pas quitté subitement Aston Villa, où il assistait Paul Lambert depuis le début de saison, l’ancien capitaine de l’Éire et de Manchester United aurait pu serrer quelques pognes avant la rencontre face à MU. Surtout qu’entre MUFC et lui, c’est une histoire à la fois compliquée et riche en titres (480 matchs, 51 buts, sept titres de champions, deux Cups et surtout une C1). Mais voilà, Roy Keane ne sera pas à Villa Park. Adjoint également de Martin O’Neill en équipe nationale, l’ancien milieu de terrain a préféré jeter l’éponge avec Aston Villa il y a peu. « Au bout du compte, combiner mes engagements auprès d’Aston Villa et de l’équipe d’Irlande est devenu trop compliqué » , a expliqué dans un communiqué l’ex-joueur de Manchester United, âgé de 43 ans. Pourtant, tout le monde attendait les retrouvailles entre l’ancienne idole d’Old Trafford et son club de cœur. Surtout depuis la sortie du second tome de sa vie, The second half, dans lequel il revient, entre autres, sur son départ (licenciement, au vrai) du club le plus titré d’Angleterre.

Dire qu’il y a dix ans, la moitié du Royaume-Uni voyait en Roy Keane le remplaçant idéal à Sir Alex Ferguson sur le banc de United. Mais l’ancien box-to-box a préféré pratiquer la politique de la terre brûlée. D’ailleurs, le divorce entre le joueur et le club est facile à dater. 1er novembre 2005. La veille de la fête des morts. Tout sauf un hasard. Alors interviewé par MUTV, le joueur irlandais sort la boîte à tacles en direct. Un suicide cathodique, même si l’interview – censurée – ne sera jamais diffusée. Pendant de longues minutes, Keano va se payer la moitié de l’effectif mancunien. John O’Shea, Darren Fletcher, Kieran Richardson et Rio Ferdinand en prennent plein la gueule. Pour Ferdinand, c’est du sur-mesure : « Ce n’est pas parce qu’on gagne 120 000 livres par semaine et qu’on fait, un jour, 20 bonnes minutes contre Tottenham qu’on est une star… » C’en est trop pour Ferguson et la nouvelle direction incarnée par la famille Glazer. Dix jours plus tard, les deux clans se séparent par consentement mutuel. À 34 ans, Roy Keane quitte Manchester United par la petite porte. Dans le silence le plus complet. Incroyable pour un joueur qui a tant apporté aux Red Devils.

« Avec ou sans toi, MU va dominer l’Angleterre. Avec toi, nous allons dominer l’Europe »

En 2005, c’est un joueur boîteux, blessé à la hanche et en fin de carrière qui quitte MUFC et le football. Mais lorsqu’il débarque à Old Trafford en 1993, Keane n’est pas encore une légende en dépit d’un transfert conséquent pour un milieu défensif (6 millions d’euros, un record pour l’époque). Qui est cet Irlandais à la gueule de boxeur pour lequel Alex Ferguson a fait des pieds et des mains pour le recruter ? Natif de Cork, Keane va devenir un joueur de football sous les ordres d’un autre génie du coaching : Brian Clough, alors coach de Nottingham Forest. Avec Stuart Pearce, Des Walker ou Steve Hodge, le milieu de terrain fait ce qu’il sait faire. Dans sa première autobiographie, il résumait parfaitement le rôle que lui avait trouvé Cough : « Il me demandait de récupérer le ballon et de le donner aussitôt. Je suis un joueur aux qualités limitées, mais, au moins, je le sais. Je ne dribblerai jamais deux ou trois joueurs pour aller au but. Je ne sais pas le faire. Je gagne la balle et je la passe à ceux qui savent joueur. J’ai fait toute ma carrière là-dessus. C’est ma force. Avec mon attitude. Chez moi, tout est attitude. » Tout Roy Keane en une citation. Un joueur simple avec un cœur gros comme ça. Un leader, en somme. C’est ce qui va séduire Alex Ferguson qui, au début des années 90, compte déjà dans ses rangs des mecs comme Paul Ince, Bryan Robson, Éric Cantona ou encore Steve Bruce. Pour franchir un palier, Fergie a besoin d’un poumon. D’un soldat. D’un guerrier.

Alors que Keane est sur le point de signer aux Rovers, Alex Ferguson décroche son combiné et balance la phrase qui va convaincre Keane de rallier MUFC : « Avec ou sans toi, MU va dominer l’Angleterre. Avec toi, nous allons dominer l’Europe. » Six ans plus tard, les Red Devils sont champions d’Europe et bouclent la saison 1999 sur un formidable triplé. Keane porte le brassard. CQFD. Dans l’esprit de beaucoup, Roy Keane était l’homme parfait pour prendre la suite du vieil Écossais. Pour ce faire, il doit embrasser la carrière d’entraîneur. Ce fut chose faite un an après son licenciement de MU. Nous sommes en août 2006 et le Sunderland de son ancien coéquipier en sélection Nial Quinn occupe la dernière place de la D2 anglaise (4 matchs, 4 défaites). En plein spleen post retraite, Keane se retrouve sur un banc de touche pour la première fois de sa vie. Presque par hasard. En fin de saison, Sunderland est champion de deuxième divison avec une moyenne de 34 000 spectateurs. L’homme est assagi. Loin de la colère permanente qui était la sienne sur un terrain de football. En août 2007, son Sunderland, fraîchement promu, est même dans le peloton de tête de la Premier League. Mais très vite, on sent que le football moderne n’est pas fait pour lui. Keane est un mec à l’ancienne. Un mec qui a trempé ses lèvres dans la Guinness avant même le lait maternel.

Trop de colère

Plus le football devient business, plus Keane semble se perdre dedans. Le marché des transferts est même en train de le tuer à petit feu. Dans la presse anglaise en 2007, il ne comprend plus le sport qu’il a tant aimé. « Qu’un joueur que je contacte me dise qu’il n’a pas envie de jouer pour moi, ça me va. Mais quand il m’explique que sa femme préfère faire du shopping à Londres que d’habiter Sunderland, cela nous dit bien dans quel triste monde on vit. » Un an après ses débuts prometteurs sur un banc de touche, Keane commence à dépérir. La suite ? Ipswich Town pendant deux ans avec un échec à la clé et un trou d’air entre 2011 et 2013 où il devient alors adjoint de la sélection nationale. Mais l’homme est en colère. Tout le temps. Pour preuve en novembre dernier où Keane fait encore la une de la presse pour une nouvelle histoire de violence. L’histoire a d’ailleurs été dévoilée par l’Irish Star. Frank Gillespie est un fan de l’équipe d’Irlande et réside à Boston. Accessoirement, l’homme tient un pub très connu des Irlandais fan de football, le Blackthorn, accueillant souvent les joueurs irlandais de passage dans le Massachusetts. En 2004, il a d’ailleurs sorti un livre – Confessions from the Blackthorn – où il raconte quelques anecdotes sur Roy Keane, notamment.

En bon supporter de son équipe nationale, Gillespie traverse alors l’Atlantique avec l’autobiographie de Roy dans ses valises pour aller s’égosiller lors du match Écosse-Irlande. Arrivé à son hôtel, Franck tombe sur Keane. La suite, il la raconte dans le journal : « J’ai déjeuné là-bas et, après 18 heures, je me suis assis dans lelobbyquand Roy Keane revenait de sa chambre. Je lui ai dit : « Hey Roy, tu pourrais me dédicacer ton livre ? » « Qui t’a autorisé à écrire un livre et parler sur ma famille ? » » , lui rétorque Keane. Le ton monte. Frank tend de nouveau l’autobiographie pour la dédicace, mais Keane refuse une nouvelle fois. Gillespie réagit à chaud : « J’ai alors déchiré quelques pages et j’ai dit : « Eh bien, si tu te comportes comme ça, je ne le lirai pas. » » Mauvaise idée. Keane s’énerve, et Frank termine à l’hôpital. Gueule cassée. Compliqué dès lors de confier la gestion d’un club de football à un homme aussi fou. D’ailleurs, dans un entretien accordé à France Football début décembre, Roy Keane a été franc sur son devenir : « Je ne suis pas certain que le football ait désespérément besoin d’un manager qui s’appelle Roy Keane. » Certes, mais c’est bien dommage.



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