- 24 mars
- Journée nationale de la courtoisie au volant
Roy Keane, la courtoisie à l’état brut
La journée internationale de la courtoise au volant, Roy Keane doit sûrement la passer à préparer sa ligne de défense. Le 31 mars prochain, l'Irlandais passera devant un tribunal pour répondre des accusations d'agression sur un chauffeur de taxi, en février dernier.
S’il était un joueur respecté à Old Trafford, Roy Keane fait de moins en moins la une de la rubrique sport des médias outre-Manche, mais figure de plus en plus dans les colonnes people des tabloïds. La faute à un penchant non dissimulé pour les excès de rage liés à une sclérocardie qu’on devine aisément sous son épaisse barbe. Le 3 février dernier, Roy le bourru s’en est pris à un chauffeur de taxi. Pour ce nouveau dérapage, il devra se présenter, le 31 mars prochain, devant les magistrats de Manchester. Pour qu’ils puissent élucider le début d’un mystère : pourquoi diable a-t-il une nouvelle fois pété les plombs ? Une chose est certaine, l’actuel entraîneur adjoint de l’équipe nationale de la République d’Irlande sera reconnu coupable de ne pas avoir respecté les trois règles d’or de la courtoisie au volant.
La courtoisie dans le langage corporel
Le site de l’association française de prévention des comportements sur la route (AFPC) est formel : la courtoisie au volant passe avant tout par un langage corporel adapté. Pour adhérer au mouvement, la règle est simple. « Je réponds au dialogue avec les conducteurs sur la chaussée par le geste, le regard et le sourire. » Et déjà à cette étape, l’ancien joueur de Manchester United a tout faux. Car d’après Fateh Kerar, le conducteur de taxi de 44 ans, l’altercation a débuté à cause d’un sourire. Tout content de croiser une star du football avec sa passagère, Hothan Isman, monsieur Kerar aurait fait preuve d’un peu trop de courtoisie à l’égard du Leprechaun géant. Aperçu sur Cecil Road en train de retirer de l’argent, Keane n’est pas passé inaperçu. « On était en train de se dire avec mon passager« Hé, regarde, c’est Roy Keane! » Mais lui ne faisait que nous fixer d’un air vraiment agressif. Alors j’ai décidé de lui dire bonjour et de lui demander de nous sourire. » Peut-on vraiment blâmer ce taxi pour cette aimable requête ? Après tout, un sourire est souvent l’essentiel. On est payé par un sourire. On est récompensé par un sourire, disait Antoine de Saint-Exupéry. Oui, mais non. Ce soir-là, devant le Unicorn Pub, dans le petit quartier du Metropolitan Borough of Trafford, Roy n’était clairement pas keen. Sans doute voulait-il simplement rentrer chez lui.
La courtoisie dans le respect de la distance
Pas franchement chaud des zygomatiques, l’ancien entraîneur adjoint d’Aston Villa aurait alors décidé d’aller expliquer à ce cher monsieur Kerar qu’en ce 3 février, ses lèvres n’avaient pas tellement envie de dessiner une belle banane. Arrêté à un feu tricolore, The Boy in Green n’a pas respecté les distances de sécurité imposées par le code de la route. « Il nous a suivis en conduisant juste derrière nous, alors que nous rentrions dans Altrincham. Au niveau d’un feu tricolore, il s’est arrêté juste à côté de nous et nous a regardés d’un air très méchant » , explique le conducteur du taxi du Greater Manchester. « Il est sorti de sa voiture en plein milieu de la rue, m’a adressé deux doigts d’honneur et a marché jusqu’à moi. » Pourtant, Keane devrait le savoir : un trait = danger, deux traits = sécurité. « Il ne devrait pas avoir le droit de s’en prendre à des gens comme ça. Il y avait énormément de gens qui étaient là, au coin de la rue, et qui ne croyaient pas ce qu’ils voyaient. » À rouler si près de la voiture qui le précède, l’Irlandais a provoqué l’inévitable : un carambolage verbal de premier ordre.
La courtoisie dans le langage verbal
Sur ce point encore, le natif de Cork enfreint l’une des règles majeures de la charte de la courtoisie au volant. « Je réponds au dialogue avec les conducteurs sur la chaussée par le geste, le regard et le sourire » , indique le manifeste de l’AFPC. Pour répondre au dialogue, Roy y a répondu. « Il regardait le chauffeur de manière très agressive – je lui disais « wow, il te regarde pour de vrai là. » Il se retournait, il revenait, il ne le quittait pas des yeux. Il bougeait ses bras dans tous les sens et il lui hurlait dessus toute sa rage » explique la passagère de ce taxi. À force de crier sur tous les toits des petits noms d’oiseaux, l’ancien footballeur en a attiré des plus gros. La police est arrivée sur les lieux de l’échauffourée quelques minutes plus tard. « La police a été appelée à Altrincham pour intervenir alors qu’un homme se comportait de manière violente avec un autre individu » pouvait-on lire sur le communiqué de la Greater Manchester Police. Interrogé par plusieurs médias dans les jours qui ont suivi, Roy Keane a toujours invité ces derniers à cordialement aller voir là-bas s’il y était. Sans qu’il n’y soit jamais. Le 31 mars, en revanche, fini de se cacher. Le grand barbu devra répondre de ses actes. « La colère a toujours fait partie intégrante de mon caractère. Je ne trouve pas que c’est mal. J’ai toujours eu la réputation d’être un teigneux » explique-t-il dans son autobiographie. Pourtant, il sait que colère et conduite ne vont pas ensemble. Parce qu’à pied, au volant ou au guidon, restons zen sur la route !
Par Gabriel Cnudde
Tous propos recueillis dans les articles du Manchester Evening News et dans The Second Half, de Roy Keane