- Ligue Europa
- Groupe H
- J5
- Krasnodar/Lille OSC (1-1)
Roux réchauffe Lille
Menés au score une bonne partie du match, les Lillois ramènent un point de Russie grâce au premier but de Nolan Roux depuis le mois d'août (1-1). Cela ne sera probablement pas suffisant pour passer, mais c'est un début vers la rédemption.
Ari (34′) pour Krasnodar , N. Roux (78′) pour Lille.
Dans le football, on a de plus en plus tendance à n’accorder d’importance qu’aux chiffres. Si cela ne tenait qu’aux buts marqués et encaissés et aux points, on pourrait encore comprendre. Mais les statistiques se multiplient : kilomètres parcourus, nombres de duels gagnés, hauteur de la ligne défensive, pourcentage de passes réussies, dans quelle moitié du terrain… Autant de paramètres plus ou moins significatifs, plus ou moins farfelus. Et s’il y en a un particulièrement cruel, c’est bien le nombre de matchs sans marquer pour un attaquant. Pour Nolan Roux, il faut remonter au 30 août pour retrouver son seul et unique but cette saison. Mais aujourd’hui, alors qu’il avait comme à son habitude passé son match à bouger les défenseurs et à rater, le joueur à la tête d’elfe a fini par faire trembler les filets, pour la première fois en 15 matchs de Coupe d’Europe. Un but qui offre le point du nul à Lille. Si cela implique statistiquement que Wolfsburg doit perdre contre Everton, de préférence largement, puis contre le LOSC pour que le club français passe, dans la tête de Roux, cela veut dire bien plus. Forcément bénéfique pour un Lille en grande difficulté actuellement.
Des Dogues en hiver
Dans l’obligation de gagner, René Girard envoie un 4-4-2 en losange, avec Marvin Martin en soutien de Roux et Frey. Les Lillois mettent d’entrée le pied sur le ballon, et les Russes les pieds sur les pieds, histoire de montrer qu’ici, c’est la Russie. Une technique plutôt efficace. Les Russes ouvrent d’ailleurs le score sur une action bizarre au possible, Pereyra se présentant seul face au but après deux relais de la tête dans l’axe, mais le but est annulé pour une obstruction d’Ari, en position de hors-jeu sur Basa. Ragaillardis, les Russes se mettent à contrôler les débats, tout en continuant leurs traditionnelles fautes. Heureusement, il y a toujours un retour lillois, souvent de Balmont, ou une frappe non cadrée pour les empêcher de vraiment faire bouger le planchot. Parce qu’il faut avouer que les joueurs de Krasnodar jouent très bien au ballon, faisant tourner sans hâte avant de chercher une passe dans l’intervalle pour casser les lignes. Dépassés, les Lillois reculent, concèdent corner sur corner, généralement sur des débordements de Joãozinho, avec son nom de regen de FM. Certains coups de pied de coin sont certes plus dangereux que d’autres, à l’image de Rozenhal tout proche du CSC. Et ce qui devait arriver arriva : une passe entre les lignes pour Mamaev, qui dévie en pivot pour Ari, et l’attaquant prouve qu’il a de l’or dans les pieds en piquant par-dessus Enyeama. Ce but a le mérite de réveiller un peu les pauvres Dogues, mais la seule chose notable avant de rentrer à la niche est la blessure du défenseur central polonais Jędrzejczyk.
Roux a tourné
Surement réchauffés par la soufflante de Girard, les Lillois reviennent avec de bien meilleures intentions : Rozenhal claque une volée que détourne difficilement en corner Dikan, qui n’a pas fait de régime, et derrière, Basa marque, mais ce but aussi se voit annulé par l’arbitre, à cause d’une prétendue faute dans le duel aérien. Du coup, M. Kruzliak semble bien gentil lorsqu’il ne siffle pas penalty alors que Basa avait déséquilibré dans la surface Laborde, entré à la mi-temps à la place d’Izmailov pour faire la pluie et le beau temps. Enfin, la rencontre bascule dans l’agréable, les deux équipes se rendant coup pour coup. Pas beaucoup de frappes, mais un Delaplace intéressant avant de céder sa place à Mavuba et des latéraux qui commencent à prendre leur couloir, une donnée essentielle avec un tel schéma. Sinon, Roux tente un ciseau improbable qui finit très loin du cadre. Malgré tout, le LOSC a fait main basse sur le ballon, et Krasnodar se contente de bien défendre et de tenter des contres, à l’opposé de leur jeu léché de la première mi-temps. Si les coups de pied arrêtés sont les seules situations un tantinet dangereuses, Rodelin ratant par deux fois sa reprise sur le deuxième ballon, c’est du jeu que vient la lumière. Balmont prend l’intervalle côté droit, centre parfaitement, et Roux s’offre un bol de confiance en coupant la trajectoire au premier poteau. Euphoriques, les Lillois passent même tout près de prendre l’avantage, mais le rush robbenesque de Ryan Mendes s’arrête sur le portier russe. Et quelques actions plus tard, le Cap-Verdien fait le mauvais choix en voulant servir Roux. Alors Enyeama est obligé de faire ce qu’il fait le mieux : sauver les meubles, sur un superbe coup franc de Joãozinho. Chaude est la fin de rencontre, et Balmont ne passe pas loin d’emplatrer un Russe. Sentant venir le danger, l’arbitre siffle la fin de rencontre. Krasnodar est éliminé, mais Lille peut encore rêver.
Par Charles Alf Lafon