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Rooney-Van Persie, ce qui se fait de mieux
Ce dimanche, Manchester United peut espérer frapper un grand coup chez le voisin City grâce à son duo d’attaque infernal, Wayne Rooney et Robin van Persie. Ne cherchez pas plus loin : sur la planète football, actuellement il n’y a pas mieux. Et on vous dit pourquoi.
Ah ça, les commentateurs de tout bord n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère cet été après le mercato du PSG : Cavani-Ibrahimović serait, sur le papier, le meilleur duo offensif du monde. Une idée complétée, au regard de Lavezzi, Lucas ou Pastore autour dudit tandem, par cette sentence : Paris aura(it) la meilleure attaque de la planète. Ouais, carrément. Passons sur le raccourci saugrenu qui consiste à penser que le potentiel d’une attaque se jauge à la compilation des individualités, alors que Dortmund par exemple a largement démontré la saison passée qu’il fallait bien d’autres ingrédients qu’un simple alignement de stars. Reste la question du duo d’attaque le plus performant d’Europe. Ibra-Cava ? C’est sûr, l’association a quelque chose d’excitant, mais, au regard des premières sorties parisiennes, il va visiblement falloir être patient pour atteindre le niveau de ce qui semble, en fait, être la véritable référence du genre en ce moment : Rooney-Van Persie.
« Je pense que c’est ce qui se fait de mieux actuellement, nous confirme Maxime Bossis, ancien recordman de sélections en équipe de France (76) et aujourd’hui consultant Canal notamment sur la Premier League. Et le niveau de ce duo doit avant tout à Wayne Rooney. Robin van Persie, on le connaît, c’est un joueur merveilleux dans les dix-huit mètres, extrêmement adroit dans le dernier geste, brillant dans ces prises de balles, notamment dans des espaces réduits. Mais c’est aussi la mentalité de Rooney qui permet l’excellence de leur fonctionnement. Il faut bien se rendre compte que l’Anglais est un joueur de niveau mondial, et une vraie star qui plus est. Pourtant, il n’hésite jamais à mettre son talent au service d’un autre crack. C’était déjà le cas avec Ruud van Nistelrooy, puis avec Cristiano Ronaldo pour qui Rooney a même été faire le boulot sur un côté pour le laisser dans l’axe. C’est un joueur d’équipe au sens premier du terme qui se fiche bien de ses stats, pourvu que ce qu’il produit aille dans le sens de l’intérêt de son équipe. » Alors quoi, l’alignement de ces deux monstres serait l’arme absolue offensivement ? « C’est plus complexe que ça, reprend l’ancienne légende nantaise. Il faut qu’autour ça suive, que MU retrouve sa force sur les côtés, qu’il retrouve une assise au milieu de terrain qu’il possédait avec Scholes notamment, et pour l’heure, tout n’est pas encore parfaitement en place. Mais enfin, Rooney-Van Persie, ça vous apporte de sacrées garanties. »
Mieux que Bale-Ronaldo ?
Au-delà des questions (essentielles) de l’état d’esprit et de l’animation globale, là encore une inconnue à Paris, il y a aussi la complémentarité des deux avants mancuniens. Témoin, cette action d’un autre monde il y a une semaine face à Crystal Palace (2-0) avec une ouverture de Rooney de quarante mètres sur la poitrine de Van Persie parti en profondeur pour un enchaînement amorti-volée du gauche un poil au-dessus. « Dans cette séquence, il y a à peu près tout ce qui fait la force de ces deux-là, reprend le grand Max. Le déplacement de Rooney d’abord. Quel attaquant au monde possède un tel volume ? C’est lui, par ses déplacements, qui désorganise le système défensif adverse. On évoquait Cavani et Ibra, mais le Suédois, s’il a du génie dans sa capacité à passer, n’a pas cette amplitude de courses qu’affiche Rooney, donc il est un peu moins compliqué à lire dans son placement. D’autant que, la passe face à Palace le prouve, Rooney n’a rien à envier à Zlatan en terme de qualité de transmissions, il fait même davantage de longues passes, là encore un enfer à décrypter pour une défense. Alors bien sûr, Cavani et Van Persie sont très proches en terme de niveau, mais petit plus là encore pour le tandem des Red Devils, l’association d’un droitier (Rooney, ndlr) et d’un gaucher (Van Persie, ndlr) donne une complémentarité naturelle sur les angles de passes, notamment quand elles sont croisées. Comme face à Palace. »
Vécu et complémentarité valent plus que richesse et talent
Résultat : depuis l’an dernier, les deux hommes affolent les stats en club – toutes compétitions confondues – avec 19 buts et 16 passes décisives pour Rooney (en 34 titularisations), 36 pions et 8 assists pour RVP (en 54 apparitions). Alors bien sûr, si les cas d’Ibra et Cavani semblent réglés face à nos diablotins, reste ce qui fait le buzz depuis fin août : Gareth Bale et Cristiano Ronaldo ensemble au Real Madrid. Pourtant, là encore dans l’esprit de Bossis, le duo champion d’Angleterre conserve une longueur d’avance. « Bale et Ronaldo sont indiscutablement très forts sur le plan individuel. Peut-être même un peu plus que Rooney et Van Persie, même s’il faut voir sur la durée. Mais il me semble que ce sont deux joueurs dans des registres très voisins, dribbles, courses, percussions. Du coup, c’est davantage l’addition de leurs talents respectifs qui va faire leur force que leur complémentarité, comme c’est vraiment le cas des deux attaquants d’United. Et la remarque vaut pour le binôme Messi-Neymar d’ailleurs, deux profils assez similaires. » Last but not least, comparé aux assemblages offensifs parisiens et madrilènes, celui de Manchester possède un an de vécu en plus. Un extra qui n’a pas de prix. Même à 100 millions d’euros…
Par Dave Appadoo