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Rooney, une entrée à l’Américaine
Il dit avoir choisi Washington, plutôt que Los Angeles ou New York, pour sa tranquillité. Le souci, c’est que Wayne Rooney ne fait pas grand-chose, depuis son arrivée dans la capitale américaine, pour ne pas se faire remarquer. Auteur de trois buts et trois passes décisives lors de ses huit premiers matchs avec DC United, et surtout d’une action mythique mi-août, l’Anglais a déjà confirmé ce qu’il annonçait en posant ses valises aux States : il n’a pas traversé l’Atlantique pour niaiser.
C’est le genre d’actions que Thierry Roland se serait fait une joie de saupoudrer d’un : « il n’a pas fait le voyage pour rien » . Une course d’une cinquantaine de mètres au bout du temps additionnel, un tacle de desperado sur un joueur d’Orlando filant droit vers le but vide, quelques foulées balle au pied pour préparer l’estocade, et une transversale chirurgicale dans la boîte, pile sur le crâne de Luciano Acosta. Coup de tête et triplé de l’Argentin, pour un succès 3-2 d’un DC United pourtant si proche de la correctionnelle quelques secondes plus tôt. En ce lundi 13 août, moins d’un mois après ses débuts sous le maillot du club de la capitale américaine, Wayne Rooney confirme pour de bon ce qu’il avait annoncé en débarquant au pays de l’oncle Sam : non, il n’est pas venu aux États-Unis en pré-retraite.
Wayning culture
Sur cette action, c’est le Rooney des plus belles heures qu’a vu passer le public de l’Audi Field, enceinte de 20 000 places inaugurée le 9 juillet. Celui qui cavalait aux quatre coins d’Old Trafford, collait des tampons et régalait transversales, caviars et caramels jusqu’à l’écœurement. Un Rooney en mode dépassement de fonction quasi permanent pendant treize ans, sous le maillot de Manchester United (2004-2017), un peu moins sous celui d’Everton la saison dernière, où ses stats honorables (11 buts et 3 passes décisives en 40 matchs toutes compétitions confondues) n’ont pas suffi à écarter l’idée d’un déclin. Le temps d’une action, l’Amérique a donc revu le grand Wayne.
Une action dont la singularité et l’issue heureuse ont éclipsé une question essentielle : mais que foutait le gardien de DC United dans la surface adverse, à 2-2 et alors qu’on ne disputait que la 20e des 34 journées de la saison régulière ? Il tentait de forcer le destin, peut-être. Car avant cette rencontre, DC ne comptait que quatre succès en championnat. Dont deux avec Rooney, venu insuffler sa « Wayning culture » à une équipe lanterne rouge de la Conférence Est à son arrivée. Le la avait été donné dès la vidéo annonçant sa signature sur Twitter, un clip de 30 secondes accompagné du hashtag #NoWayneNoGain et conclu en ces mots par le meilleur buteur de l’histoire des Red Devils (253 buts en 559 matchs) et de la sélection anglaise (53 buts en 119 sélections) : « Salut DC, au boulot. »
Let’s get to work @dcunited #DCU pic.twitter.com/bJgn9yaMpI
— Wayne Rooney (@WayneRooney) 28 juin 2018
L’employé de la semaine
En bon capitaine, Wayne a rapidement joint les actes aux paroles. À l’entraînement, d’abord, comme il le racontait lors de sa présentation à la presse : « Hier sur le terrain d’entraînement, il y avait quelques joueurs du centre de formation et j’ai dû les réprimander parce qu’ils ne couraient pas autant qu’ils le devraient. Et c’était seulement mon premier jour. J’ai toujours mis la barre très haut. Je suis très exigeant avec moi-même, et j’attends la même chose de mes coéquipiers. » Sur le terrain, ensuite. Passeur décisif pour sa première apparition en rouge et noir le 15 juillet (15e journée) face aux Vancouver Whitecaps, Rooney a depuis délivré deux autres assists et inscrit trois buts : un à son ancien équipier américain à Manchester Tim Howard, aujourd’hui aux Colorado Rapids, et deux – dont un joli coup franc – contre les Portland Timbers la semaine dernière, trois jours après son action mythique.
Surtout, sur les huit rencontres disputées par l’Anglais, DC United en a remporté cinq. Guidé par son numéro 9, fraîchement élu joueur de la semaine en MLS, le club washingtonien est ainsi remonté à la huitième place de sa conférence. Encore loin des sommets squattés pendant une décennie par le premier et quadruple vainqueur du championnat nord-américain (1996, 1997, 1999 et 2004), certes. Mais de plus en plus près, en revanche (six points, avec quatre matchs de plus à disputer), de la sixième place détenue pour l’heure par l’Impact de Montréal, synonyme de playoffs en fin de saison.
Par Simon Butel