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Rony la braise
Plus encore peut-être qu'un début de mercato prometteur, le retour de blessure de Rony Lopes ravive la flamme de l'espoir dans les rangs monégasques.
Ce dimanche soir, dans un Vélodrome sous haute tension, il sera avant tout question de survie. Celle d’un coach dont on peine à imaginer comment il pourrait surmonter un nouveau revers. Celle d’un club, qui aussi vendeur de rêve soit-il cet hiver, ne peut échapper à sa réalité. Mais, si le refus de mourir d’un homme et l’amour du risque d’un autre aimanteront les regards, il s’agira aussi de scruter sous les cendres une possible renaissance. Celle d’un joueur dont l’envol n’a cessé depuis cinq ans d’être plombé par son propre corps, mais qui a déjà évité un crash au club du Rocher la saison passée.
Saint Rony, père du jeu ?
Vendredi, Thierry Henry est venu accompagné de Rony Lopes en conférence de presse, comme pour envoyer un message. L’AS Monaco commence une nouvelle saison. Du moins, on peut considérer que l’ère Henry a véritablement posé ses fondations pendant les fêtes, que tout ce qui les a précédées n’était qu’un mauvais brouillon, peut-être bientôt un mauvais souvenir. Sa reprise précoce – le 27 décembre – en témoigne. L’allure de son mercato, qu’il dit clairement « piloter » , aussi. Dans cette grande campagne hivernale, l’entraîneur monégasque peut désormais compter sur de nouveaux soldats. Rony Lopes en est un. Il est une recrue à part entière dans la reconquête que mène Henry puisque, avant ce mois de janvier, l’international portugais n’avait jamais joué sous ses ordres. Blessé pendant quatre mois, c’est peu dire que l’ancien Lillois aura manqué à son équipe. Il n’aurait sans doute pas inversé à lui seul la dynamique catastrophique enclenchée par ses partenaires, mais nul doute qu’il y aurait contribué, pour de multiples raisons.
Son profil en premier lieu : ils sont peu dans l’effectif monégasque à posséder sa capacité d’élimination. Et parmi ceux-là, aucun ne possède sa qualité de frappe et n’est attiré comme lui par le but. C’est notamment sur ce point que sera attendu le milieu offensif. Mais pas seulement, comme le soulignait son coach vendredi : « Dans l’entrejeu, il a été super important (contre Rennes en Coupe de la Ligue, N.D.L.R.) : marquer la pause, donner la direction(…). Il nous permet de garder la balle, de remonter le bloc, de faire reculer les adversaires de par ses courses, de par ses prises de balle. » Ainsi, il apparaît comme le lien privilégié entre un milieu de terrain qui se projette peu et une attaque où Falcao n’a jamais paru aussi esseulé que cette saison. Dans un 3-5-2/3-4-2-1 qui devrait perdurer et dans lequel la percussion reposera en grande partie sur les latéraux, il sera la véritable menace de l’axe. Capable de prendre la profondeur pour exploiter les passes verticales dont auront la charge Fábregas, Tielemans, Golovin ou Aït-Bennasser comme de redescendre pour provoquer balle au pied, il est tout désigné pour devenir l’électron libre d’une attaque monégasque jusque-là sans idée.
Souviens-toi l’hiver dernier
Si son retour d’entre les morts-vivants de l’infirmerie émoustille presque autant que l’arrivée d’un ancien champion du monde, c’est également parce que personne à Monaco n’a oublié la dernière saison de Rony Lopes. Au sein d’une équipe qui commençait déjà à se laisser mourir, c’est lui – avec Jovetić – qui avait sonné la révolte il y a un an, alors que l’ASM semblait à deux crampons de lâcher prise dans la course au podium. Sa performance dans l’improbable victoire contre Lyon (3-2) en janvier 2018 l’avait mis sur les rails d’une fin de saison folle sur le plan personnel (13 buts sur la phase retour).
Moins étincelant auparavant, il ne s’était tout de même pas privé d’enquiller les passes décisives, comblant en partie la baisse de rendement de Thomas Lemar, signe d’une passation de pouvoir progressive, sur le plan technique et celui du leadership. Car c’est peut-être là la meilleure nouvelle pour Thierry Henry : Rony Lopes s’est émancipé la saison passée dans la difficulté, dans un collectif amorphe qu’il a réussi à secouer par son envie. Les enjeux sont bien différents aujourd’hui, mais l’équation est sensiblement la même. Monaco a autant besoin de caractère que de talent. Monaco a besoin de raviver la flamme plutôt que de pleurer ses cendres. Et si personne ne peut jurer que Rony a toujours autant de feu dans les jambes, les fourmis sont bien là : sa dernière rencontre en Ligue 1 remonte au 2 septembre 2018. Et c’était contre l’OM.
Par Chris Diamantaire