- Amérique du Sud
Ronnie au top, Trezeguet le « traître »
Ils ont brillé en Europe et ont fini par revenir en Amérique du Sud. Ils s'appellent Ronaldinho, Trezeguet, Ze Roberto, ou Forlán. Voici notre compte-rendu hebdomadaire consacré à ces vedettes américaines.
Ronaldinho n’en finit pas de renaître. Son divorce pas vraiment aimable avec Flamengo en mai dernier augurait pourtant du pire. D’un déclin sans doute irrémédiable. D’une fin de carrière erratique, où il régalerait de manière de plus en plus épisodique quelques-unes de ses inimitables fulgurances. Descendu au fond du puits, Ronaldinho a finalement refusé d’y moisir. Un instinct de survie footballistique l’a conduit à s’agripper à la corde pour refaire surface, et retrouver son rang. Pour le référentiel hebdomadaire Placar, Ronnie a été le meilleur joueur de ce Brasileiro 2012. Fred (20 buts) occupe la troisième place de ce classement, Juninho, annoncé partant pour la MLS, se trouve un rang en dessous, et Ze Roberto (Grêmio), l’un des joueurs les plus sous-côtés des années 2000, siège à la cinquième place. En règle générale, les ex « européens » n’ont pas déçu. Clarence Seedorf pointe ainsi au neuvième rang de ce classement. Diego Forlán (Internacional) confirme la tendance, en constituant l’exception. Cinq petits buts marqués par l’Uruguayen, entraîné par l’ex Marseillais et Toulousain, Fernandao. Les Colorados croyaient avoir réussi un coup en signant le meilleur joueur du Mondial 2010. Leur médiocre neuvième place couplée aux fades statistiques de Forlán suggère qu’ils se sont peut-être trompés.
Le menu de la dernière journée du Brasileiro proposait dix derbys. Des affrontements où se joue trop d’honneur pour laisser la place à des arrangements de dernière minute. C’est, en tout cas, la raison d’être de cette programmation. Ce week-end entre voisins et néanmoins ennemis a fait les affaires de l’Atlético Mineiro de Ronaldinho. Vainqueur du derby de Belo Horizonte face au Cruzeiro (3-2), le club noir et blanc a repris une deuxième place qui lui avait longtemps appartenu, aux dépens du Grêmio, tenu en échec par l’Internacional (0-0). Une place directement qualificative pour la Libertadores. En 2013, Ronnie, qui a manqué un pénalty lors du derby (voir vidéo), jouera donc la plus prestigieuse des compétitions sud-américaines, et avec le retour de Scolari à la tête de la Seleção, sa participation à la Coupe des confédérations peut être envisagée. Un retour en grâce conditionné toutefois à la fâcheuse tendance du Ballon d’or 2005 à piquer du nez au moment où il redresse la tête.
En Argentine, les jeux sont faits. L’avant-dernière journée de la Primera A a enfanté du sacre de Vélez Sársfield. Son troisième en quatre ans. À défaut de jouer le titre, River Plate a décidé de son attribution en dominant Lanus (1-0), la seule équipe qui pouvait encore contrarier les ambitions hégémoniques d’El Fortin. Blessé à la cheville droite, David Trezeguet a suivi le match depuis les tribunes. Son futur chez les Millonarios s’écrit désormais en pointillé… Dimanche, une banderole (retirée quelques minutes plus tard) pas franchement amicale lui était visiblement dédiée au sein du Monumental. « Assez de traîtres » était-il écrit en français, sans que l’on connaisse la raison d’être de cette déclaration hostile. La semaine a été agitée pour les Millonarios. Licencié, Matias Almeyda a été remplacé par Ramon Diaz, entraîneur historique du club. Avec cinq championnats et une Libertadores remportés depuis le banc de River, Diaz n’a pas fait dans la fausse modestie lors de sa prise de fonction. « Je suis le meilleur entraîneur de l’histoire du club. » Un entraîneur qui, selon la presse argentine, ne serait pas disposé à accorder un traitement de faveur à Trezeguet, dont la saison a été amputée par des pépins physiques, mais aussi par ses voyages à Monaco pour régler son divorce. Si le Français ne participe pas à la dernière journée du championnat, il est fort probable de ne pas le revoir enfiler le maillot à la diagonale rouge. Une triste fin pour une histoire qui avait si bien commencé…
Par Thomas Goubin