- Retraite de Ronaldo
Ronaldo n’en pouvait plus
A 34 ans, l'un des plus grands attaquants de tous les temps, Ronaldo, va annoncer officiellement cet après-midi qu'il arrête définitivement le football.
« Les deux dernières années que j’ai passées ici au Brésil furent les plus incroyables de ma vie. Ces derniers jours, j’ai pleuré comme un bébé » . En voyant ces quelques mots s’afficher hier soir à l’écran de l’émission dominicale Fantastico, grand-messe de l’audimat de TV Globo, des millions de Brésiliens ont dû à leur tour verser une petite larme. Quelques heures plus tôt, la nouvelle de la fin de carrière de Ronaldo commençait déjà à se répandre sur Internet, suite à une déclaration publiée sur le site du journal O Estado de São Paulo : « Je n’en peux plus. J’aurais voulu continuer, mais je n’y arrive pas. Il m’arrive de penser à une action telle que je veux la jouer, mais je n’arrive pas à l’exécuter comme je veux. C’est le moment. Mais c’était vraiment magnifique… » . Mine de rien, le monde du foot vient sûrement de perdre un des plus grands attaquants de tous les temps. Hier, il n’a donné que des déclarations isolées à distance, sans être filmé et sans que sa voix ne soit enregistrée. Sa retraite sera annoncée officiellement ce lundi à 12h40 heure locale (15h40 heure française), au centre d’entraînement de son club, les Corinthians.
Et pourtant, “O Fenômeno” avait encore un an de contrat avec la formation pauliste. Même s’il entrera plus en détails lors de la conférence de presse de cet après-midi, il a déjà donné un aperçu des raisons qui l’ont poussé à arrêter. L’aspect physique revient bien entendu au premier plan : « Le problème, ce sont les douleurs du corps. La tête veut bien continuer, mais le corps n’en peut plus » , a-t-il précisé. Après avoir passé plus de temps à l’infirmerie que sur le terrain en 2010, il aurait senti à nouveau des douleurs musculaires lors des derniers entraînements.
Conspué par les supporters après une défaite
Il se dit aussi très affecté par l’élimination de son club au tour préliminaire de la Copa Libertadores contre les Colombiens de Tolima, le 2 février dernier. Cette compétition était sa grande motivation pour cette dernière saison sous le maillot du Timão. Les insultes des supporters, qui ont caillassé le bus et recouvert les murs du siège du Corinthians de messages agressifs à son encontre, n’ont pas dû aider. En tout cas, c’est sûrement ce qui a précipité le départ de son super pote Roberto Carlos vers le championnat russe, direction l’obscur club du Daghestan Anzhi Makhachkala. Le latéral de 37 ans au pied gauche de feu se disait menacé et craignait pour sa famille. Cela dit, le salaire de cinq millions d’euros par an a aussi dû peser de tout son poids dans la balance. D’ailleurs, question business, la retraite de Ronaldo risque de poser pas mal de problèmes à son ancien club. O Fenômeno avait débarqué à São Paulo avec tout un tas de sponsors dans sa besace. Des mécènes qui risquent sûrement de se faire la malle en même temps que Ronaldo, la marque Corinthians n’ayant plus du tout la même valeur sans sa superstar.
« Lundi triste »
Pour se consoler, les dirigeants ne peuvent compter que sur leur nouvelle recrue, le naturalisé portugais Liedson, ancien du Sporting Lisbonne, qui a claqué deux pions dès son premier match. Lui-même s’avoue déçu de ne pas avoir pu évoluer aux côtés de Ronaldo : « C’est un très grand attaquant, j’aurais beaucoup aimé jouer avec lui, mais la décision lui appartient » , a-t-il affirmé suite au match nul et vierge concédé face à la faible équipe de Paulista. Son désormais ex-entraîneur Tite s’est dit déçu par la décision de son attaquant vedette de raccrocher les crampons, mais il lui a conseillé de prendre du bon temps : « Aujourd’hui, il faut que Ronaldo se rapproche de ses vrais amis, des gens qui lui veulent du bien » . Le mot de la fin revient à Galvão Bueno, sorte de Thierry Roland local, qui commente les matchs de la Seleção depuis plus de trente ans et a tenu à lui faire un vibrant hommage hier soir lors de l’émission Fantastico : « Ce sera un lundi triste pour le monde du football. Des attaquants comme Ronaldo, on peut les compter sur les doigts d’une main » .
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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