- CDM 2018
- Gr. B
- Portugal-Espagne (3-3)
Ronaldo, mondialement grand
Pour sa quatrième Coupe du monde – et probablement sa dernière –, Cristiano Ronaldo a décidé de frapper fort, très fort, en claquant un triplé qui permet aux Portugais d'accrocher un match nul face à l'Espagne (3-3). Une belle revanche sur le Mondial pour l'attaquant du Real Madrid, qui n'avait jusque-là pas vraiment brillé dans la compétition reine.
Bousculé, malmené, au bord de la rupture, le Portugal ne voit pas le jour dans cette seconde période alors que le chronomètre affiche la 88e minute. Le moment que Cristiano Ronaldo choisit pour aller gratter un coup franc, à vingt mètres des cages de David de Gea. L’attaquant portugais pose son ballon, réalise ses petits pas vers l’arrière, souffle fort, regarde Guerreiro – lequel pense pouvoir tirer le coup franc –, et envoie une frappe de l’intérieur du pied dans la lucarne du portier espagnol. Le capitaine portugais peut exulter, il vient d’inscrire le premier coup franc de sa carrière en compétition internationale sur sa… 45e tentative. Mais aussi le premier triplé de sa carrière en Coupe du monde, alors qu’il n’avait marqué jusque-là que trois petits buts en trois éditions. Ou comment marquer – déjà – cette édition 2018 de son empreinte.
Buteur dans quatre Coupe du monde consécutives
Il faut dire qu’avant ce triplé face à l’Espagne, celui qui est devenu le quatrième joueur de l’histoire à inscrire un but dans quatre Coupe du monde consécutives – après Miroslav Klose, Uwe Seeler et Pelé – n’avait pas toujours été performant au Mondial. Encore jeune en 2006, il avait surtout fait parler de lui pour avoir provoqué l’expulsion de Wayne Rooney, son coéquipier à Manchester United, et pour ses simulations. Son penalty face à l’Iran et son tir au but contre l’Angleterre ? Anecdotique. En 2010, Cristiano Ronaldo connaît sa pire période de disette avec le Portugal, et son but inscrit face à la Corée du Nord ne suffit pas à compenser, dans le cœur des Portugais, la défaite en huitièmes de finale contre l’Espagne. Quatre ans plus tard, c’est un Cristiano Ronaldo usé physiquement (après une saison terminée sur les rotules et avec une blessure au genou) qui débarque au Brésil. Cela donne un petit pion face au Ghana et une élimination au premier tour. Trois Coupe du monde, treize matchs, et 70 tirs pour seulement trois petites réalisations. Ce qui est très peu comparé aux statistiques du bonhomme en club sur la même période.
L’âge de raison
Conscient qu’il vit probablement, à 33 ans, sa dernière Coupe du monde, Cristiano Ronaldo a donc décidé de changer ses habitudes. Fini les saisons à 70 matchs. Désormais, le Portugais se repose face aux équipes du bas de tableau afin d’être physiquement à 100% lors des matchs qui comptent. Et ça paye, puisque CR7 vient d’enchaîner une cinquième saison consécutive avec le trophée de meilleur buteur de Ligue des champions.
Arrivé en Russie avec un « corps biologique de 23 ans » , Cristiano Ronaldo a donc décidé de tout casser chez Vladimir Poutine. Cela s’est vu dès sa première touche de balle avec un duel remporté de la tête face à Gerard Piqué. La suite ? Un penalty provoqué. Un penalty transformé. Une frappe du gauche. Une Arconada de David de Gea. Un coup franc provoqué. Une frappe dans la lucarne… Voilà donc Cristiano Ronaldo qui, en un match face à l’Espagne, égale son record de buts en Coupe du monde en frappant 17,5 fois moins au but. Pourtant, la journée avait très mal débuté pour le Portugais, qui s’est vu réclamer une ardoise de 18,8 millions d’euros par le fisc espagnol. Si l’amende n’a toujours pas été payée, l’Espagne vient de recevoir un premier acompte. Il est tout aussi salé.
Par Steven Oliveira