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Ronaldo, ambulances et objectif Ligue 2 : rencontre avec Mapril Baptista, président des Lusitanos

Propos recueillis par Steven Oliveira, à Saint-Maur-des-Fossés
8 minutes
Ronaldo, ambulances et objectif Ligue 2 : rencontre avec Mapril Baptista, président des Lusitanos

Président des Lusitanos Saint-Maur depuis septembre dernier, Mapril Baptista compte bien faire grimper le club à forte communauté portugaise du National 2 à la Ligue 2. Et ainsi s'inspirer de sa propre success story qui l'a vu débarquer en France, à la Cité des Bosquets de Montfermeil, à 7 ans, pour devenir le PDG des Dauphins, le leader européen de la fabrication d'ambulances. Rencontre avec un homme qui parle de Cristiano Ronaldo comme d'un « ami ».

Vous avez pris la présidence des Lusitanos Saint-Maur en septembre dernier. Pourquoi maintenant et pourquoi ce club ? Disons que c’est un club que je suis depuis de nombreuses années. C’est un club de la communauté portugaise et je suis moi-même d’origine portugaise. Cela faisait un petit moment que l’ancien président Arthur Machado me demandait de venir lui donner un petit coup de main, car au bout de dix ans de Lusitanos, il avait besoin d’un peu de renfort. Après un certain nombre de mois et peut-être même d’années, j’ai fini par dire oui pour prendre la présidence. Aujourd’hui, nous avons une direction qui est relativement forte avec un bureau composé d’un président et de trois vice-présidents. Dont Arthur Machado qui est devenu mon vice-président.

Dès votre arrivée, vous avez annoncé vouloir débarquer en Ligue 2 d’ici 4 ou 5 ans. C’est un objectif qui est toujours d’actualité ? (Rires.) C’est vrai que j’ai dit ça. Et c’est toujours d’actualité, bien sûr. C’est l’idée en tout cas. Je ne pouvais pas venir prendre la présidence du club en disant qu’on allait rester en National 2. On va donc tout faire pour monter, même si cette année, ça ne se passe pas forcément bien. (Les Lusitanos sont 7es du groupe A de National 2 à 18 points du leader, Sedan, qui a gagné tous ses matchs sans encaisser le moindre but, N.D.L.R.) Du moins, pas comme on l’aurait voulu. C’est pour cela que j’ai parlé de 4 ou 5 ans. Pour qu’on ait le temps de se mettre en place et de trouver l’équipe qu’il faut. Mais j’y crois.

Quel genre de président êtes-vous ? Du genre distant ou très présent à la Jean-Michel Aulas ? Je ne peux, bien évidemment, pas me comparer à Monsieur Aulas. Mais à notre petit niveau, je suis de près tout le monde et je suis très présent. Non seulement auprès du staff de l’équipe, mais aussi des joueurs. C’est mon rôle.

Quel est le Portugais qui n’aime pas le foot ?

Quel était votre rapport au football avant d’arriver à la présidence des Lusitanos ? Plus jeune, j’ai pratiqué le football dans une petite équipe durant une dizaine d’années. Et je suis les actualités de tout ce qu’il se passe dans le milieu du foot. En même temps, quel est le Portugais qui n’aime pas le foot ? J’ai d’ailleurs toujours suivi les Lusitanos.

Les Lusitanos sont connus pour leur communauté portugaise. Est-ce un critère de recrutement chez les joueurs et les partenaires ? C’est un club qui a été créé en 1966 au moment d’une forte immigration portugaise en France. Et cela nous tient à cœur, non seulement à moi, mais à beaucoup de Portugais, car c’est un peu notre histoire finalement. C’est d’ailleurs pour cela que le slogan est « Somos a historia » . ( « Nous sommes l’histoire » en VF.) Bien évidemment, au club, nous avons quelques Portugais. L’idée est d’ailleurs d’en avoir un maximum. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un club français. Et donc, tous les bons joueurs sont les bienvenus. Et tous ceux qui peuvent nous aider financièrement aussi. Cela ne fait aucun doute.

Justement, votre histoire personnelle est un exemple parfait puisque vous êtes arrivés en France en 1962. Tout à fait. J’allais avoir 7 ans quand mes parents sont arrivés en France. Ça n’a pas été très difficile de s’intégrer dans le sens où je n’avais pas encore été à l’école au Portugal. J’allais juste y entrer. Du coup, très rapidement, j’ai appris le français et j’ai fait toute ma scolarité en France. J’ai grandi à Montfermeil dans la Cité des Bosquets. C’était la cité, mais je n’ai que des bons souvenirs de mon enfance au bâtiment 13. Beaucoup de nationalités se côtoyaient, mais on s’entendait tous bien, nous avions des très bons rapports.

Quel a été votre parcours avant d’arriver dans le milieu des ambulances ?

Au Portugal, mon père était agriculteur, mais en France, il est devenu maçon. Ma mère, elle, était employée de maison et femme de ménage. J’ai dû arrêter l’école, car il fallait que j’aide la famille.

Au Portugal, mon père était agriculteur, mais en France, il est devenu maçon. Ma mère, elle, était employée de maison et femme de ménage. J’ai donc dû quitter l’école à 16 ans et demi. Ce n’était pas un choix personnel d’arrêter, mais c’était une obligation. Car à l’époque, c’était nos parents qui nous dirigeaient complètement, et nous étions donc soumis par la force des choses. Et mon père avait décidé qu’il fallait que j’arrête l’école et que je travaille. Il fallait que j’aide la famille. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai d’abord fait plusieurs petits métiers et vers 18 ans, je suis entré comme ambulancier.

Ce métier d’ambulancier vous est tombé dessus par hasard ? Au départ, je voulais être policier. Mais je n’ai pas pu, car à l’époque, je n’avais pas encore la nationalité française, puisque mon père ne voyait pas l’intérêt que je la prenne. De là, j’ai voulu être pompier. Ce que je n’ai pas pu faire non plus, car il fallait aussi avoir la nationalité française. Et un jour, alors que j’étais dans une cabine téléphonique pour appeler un employeur, j’ai vu une ambulance passer. Et il y a tout de suite eu un déclic. J’ai alors cherché du travail dans une compagnie d’ambulance où je suis d’abord entré pour un remplacement l’été. Puis vu que l’employeur a trouvé que je me débrouillais pas trop mal, j’ai passé ma formation de secouriste et ensuite mon certificat de capacité.

Comment passe-t-on de simple ambulancier à PDG du leader européen de la fabrication d’ambulances ? Quand j’étais employé, j’avais un tout petit salaire. Mon loyer était d’ailleurs plus important que mon salaire. Un jour, je suis allé voir mon employeur pour lui dire que mon salaire ne me suffisait pas et lui demander une chance de lui proposer quelques modifications pour faire un chiffre d’affaires plus important. Au début, il ne m’a pas pris au sérieux, et trois semaines plus tard, il est venu vers moi et m’a dit en se foutant un peu de moi, je crois : « Luis, qu’est-ce que tu proposes alors ? » Je lui ai alors fait une proposition. Il a été un peu étonné, mais m’a laissé faire et j’ai multiplié par 4 son chiffre d’affaires en six mois. Et moins d’un an après, je me suis installé à mon compte. Je pense que j’ai compris rapidement le travail et le système. Et de par mon éducation très stricte, partout où j’allais dans les hôpitaux ou autres, je me faisais bien voir.

Votre entreprise se nomme Les Dauphins. Pourquoi ce nom ? J’ai eu plusieurs entreprises avant les Dauphins. Et il faut avouer que j’ai toujours eu un problème pour trouver le nom de mes sociétés. Alors un jour, je suis allé dans un centre d’enfants handicapés – car je transportais beaucoup d’enfants handicapés – et je leur ai demandé de me trouver deux noms pour mes deux nouvelles entreprises. Ils m’ont donné les Kangourous, une société que j’ai vendue depuis à l’État. Et les Dauphins. J’ai maintenu ce nom, car cela me rappelle mes origines du Portugal, le soleil, et le dauphin a un rapport direct avec les ambulances, car il est connu comme le sauveur de l’homme.


Quelles sont vos passions en dehors du football ? J’ai cru comprendre que vous aimiez la politique, car vous êtes adjoint au maire de la commune de Pomponne en Seine-et-Marne. Je suis un grand fan de course automobile. Je suis d’ailleurs pilote. Je roule en Porsche GT3. Avec le football, j’ai dû arrêter, car ça me prend beaucoup de temps, et ça fait donc un an que je n’ai pratiquement pas roulé, mais je vais reprendre bientôt. Pour revenir à la politique, c’est vrai que c’est un milieu qui me plaît. Tout le monde d’ailleurs devrait se rapprocher de la politique, car c’est la vie de tous les jours. Et dans la commune où je vis depuis une trentaine d’années, j’ai trouvé important d’apporter ma petite expérience. Et ça fait donc 6 ans que je m’occupe de l’urbanisme et du patrimoine de la ville.

Il y a quelques mois, vous avez été invité au baptême du fils de Cristiano Ronaldo. Racontez-nous ce moment.

C’est difficile de parler de Cristiano, tellement il est gentil et simple. C’est un homme exceptionnel. Je n’en connais pas un deuxième comme lui.

Avec Ronaldo, nous avons des amis en commun et j’ai donc pu le rencontrer. C’est devenu un ami. Il a pensé à moi pour cet évènement, et j’ai eu la chance d’y aller. C’était un vrai beau moment. C’est difficile de parler de Cristiano, tellement il est gentil et simple. C’est un homme exceptionnel. Je n’en connais pas un deuxième comme lui.

Avec Cristiano Ronaldo, vous partagez l’amour du Sporting Portugal. Imaginez-vous vous présenter un jour à la présidence du club ? (Rires.) Non, je vais d’abord tenter de faire monter les Lusitanos en Ligue 2. Mais je vais souvent voir des matchs à Lisbonne, car ils ont la gentillesse de m’inviter, alors j’y vais quand je peux. En France, sinon, je suis supporter du Paris Saint-Germain et de l’AS Saint-Étienne, car c’était mon adolescence. C’est un club qui m’a beaucoup marqué et c’est avec eux que j’ai découvert le football.

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Propos recueillis par Steven Oliveira, à Saint-Maur-des-Fossés

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