Ronaldinho au Milan AC, les dents plus longues que jamais
Cette saison, le numéro 21 du PSG, c'est Yannick Boli. A une époque, le Parisien qui se trimballait avec ce numéro floqué dans le dos s'appelait Ronaldinho Gaúcho. Les temps changent. Coincé dans la rubrique nécrologie après avoir traversé la saison 2007-2008 en sous-marin, l'homme qui a révolutionné le football des années double zéro est back in the business. En page d'accueil du site officiel du Milan AC, y a même son nom qui s'affiche, fond noir, écriture en or.
Ronnie Saint-Germain
Quand il débarque au PSG en 2001 en provenance de Gremio, Ronaldo de Assis Moreira n’est pas encore Ronnie dans le cœur des Européens, mais est déjà annoncé comme l’une des prochaines terreurs du football mondial.
De 21 à 23 ans, le Brésilien passe son temps à goûter la be-her du Parc, autrement dit la formation idéale pour un non-Européen qui veut une définition complète du mot “football”. Les embrouilles avec Luis Fernandez feront office de support idéal pour expliquer le départ d’un joueur de toute façon condamné à quitter la capitale après deux saisons dans l’Hexagone.
Ronnie quitte le PSG, les dents longues et des fourmis dans les jambes. Entre-temps, il a claqué quelques buts de légende, réduit à néant la crédibilité des défenseurs du championnat de France, et propulsé Mike Landreau au rang de superstar le jour où ce dernier a repoussé un péno du Brésilien avec poings, audace et parties génitales.
Quand on pense à ces cheveux mouillés et frisés, à cette mâchoire difforme et à ces yeux proéminents, des images d’une fessée offerte généreusement (0-3) à l’ennemi marseillais refont surface. Ce jour-là, Ronnie montre qu’il n’est pas des nôtres, et confirme que le costume de joueur de Ligue 1 est définitivement trop moulant pour ses poignées et ses chevilles d’amour.
Rester à Paris n’est pas très raisonnable lorsque l’on veut s’asseoir sur le toit du monde. Alors, déjà couronné avec le Brésil lors du Mondial 2002, Ronnie s’attaque à son palmarès en clubs, et compte sur le FC Barcelone pour lui permettre de récolter de nouvelles récompenses métalliques. Le deal s’effectue autour de 30 millions d’euros, une somme que se chargeront de dilapider comme il se doit les dirigeants parisiens.
Ronnie ou la belle vie
En Catalogne, Ronaldinho prend du muscle et passe des week-ends romantiques avec les défenseurs de la Liga. Sa première saison chez les Blaugranas est marquée par une 2e place dans le championnat espagnol et un titre de meilleur joueur de Liga. Histoire d’enfoncer le clou, l’enfant de Porto Alegre parcourt la saison 2004-2005 en 1ère classe, tout seul, les pieds sur le siège de devant. Sa panoplie de dribbles ne semble pas avoir de limite, mais France Football en a assez vu en 2005 et lui offre un Ballon d’or qui ne pouvait pas vraiment atterrir ailleurs que dans les mains du Gaucho.
Tranquillement installé au sommet du football mondial, le frère de l’ancien Montpelliérain Roberto Assis vit à ces heures-ci les moments les plus heureux de sa carrière.
Avec Paris, Ronnie était parvenu à s’imposer sur la pelouse du rival phocéen (0-3 au Vélodrome). Hiver 2005, l’Auriverde prend feu sur la pelouse de Santiago Bernabeau (0-3). Une performance qui a le mérite de faire bouger la masse graisseuse des spectateurs madrilènes, qui se lèvent pour applaudir le joueur. Le Barça est champion et réussira à faire mieux en terme de palmarès la saison suivante, conservant la suprématie nationale et grattant la Ligue des Champions aux Gunners de Titi Henry.
Tout au long de son passage barcelonais, la starlette multiplie les actions perturbantes, faisant de la feinte du regard sa marque de fabrique. Le Camp Nou kiffe allègrement, notamment un soir où son “clutch player” effectue un triple coup du sombrero sur un défenseur de Bilbao.
Ronnie soit qui mal y pense
Les histoires d’amour finissent mal en général, celle de Ronnie et du Barça ne dérogera pas à la règle. Souillé par les médias et considéré comme un joueur banal suite à une baisse de régime, l’Auriverde vit une saison 2007-2008 désastreuse. Ses stats en Liga (17 matchs, 8 buts) camouflent mal une saison marquée par le mépris de la direction du club à son égard, et un comportement du joueur pas toujours très sain. Dancefloors, banquettes, bouteilles, femmes, bouteilles, femmes, bouteilles, Ronaldinho gagne en kilogrammes mais perd en popularité.
La gestuelle de ses dribbles devient poussive, ses coup-francs perdent de leur génie.
La saison dernière, le Barça se crashe violemment. Rijkaard se plante, joue avec la sous-polyvalence de Thierry Henry, une partie des supporters pense que les blessures d’Eto’o sont les seules raisons du fiasco catalan. La vérité, c’est la dépendance du Barça à un Brésilien qui, en 4 ans, a façonné une équipe taillée sur mesure pour optimiser son génie. Trop tard, Ronaldinho n’est plus barcelonais.
Quand on naît avec un passeport brésilien, souvent, avoir 28 ans correspond au début de la descente aux enfers. Ronaldinho a préféré rejoindre le Milan AC, club pas vraiment réputé pour recruter des joueurs à la ramasse. En s’engageant avec le club rossonero, Ronnie espère mettre un terme à ces rumeurs qui l’envoyaient à la morgue il y a encore quelques semaines. Point-virgule final.
Matthieu Pécot
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