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Roméo Elvis : « 2005 ? J’étais dégoûté d’avoir raté ce truc »
Plus d'un mois après la sortie de son premier album solo, le rappeur belge va vivre la quatrième finale de Ligue des champions d'un club pour lequel il s'est mis à vibrer en ratant la fin du miracle d'Istanbul. Entretien.
Comment un mec né à Bruxelles en vient à devenir supporter de Liverpool ?Pour moi, ça a commencé assez brutalement. La première fois que j’ai entendu parler de ce club, c’était par rapport au drame du Heysel. On était en 2005, et la même année, Liverpool arrive en finale de la Ligue des champions. Honnêtement, à l’époque, je ne regardais que vite fait le foot. J’étais encore gosse, je jouais un peu en club, mais c’est tout. Puis, il y a eu ce match contre le Milan. C’est la mi-temps, Liverpool est mené 3-0, et mon père (le chanteur Marka, N.D.L.R.) m’envoie me coucher. Il me dit que de toute façon, le match est terminé, que je vais rien rater. Moi, j’ai un peu la haine sur le coup, et au réveil, il me regarde avec le smile et me dit : « Tu sais pas ce que t’as manqué… » L’enfoiré ! (Rires.) Sur le coup, ça m’a choqué et j’étais dégoûté d’avoir raté ce truc de dingue. Résultat, je me suis pris d’affection pour ce club un peu mystique.
Comment tu pourrais décrire ce côté mystique ?Ce qui me plaît avec Liverpool, c’est le côté « on va rien lâcher ». Le club peut appartenir à un milliardaire, il garde une âme et une belle âme. Cette âme, c’est des joueurs qui se déchirent pour le maillot, un jeu classe, une forme d’humilité que tu ressens partout… Et dans le foot, c’est quand même quelque chose de rare. Quand je vois Manchester City, au-delà du foot, je ne ressens rien. Rien du tout même.
Aimer le foot
, pour toi, ça passait forcément par ça : ressentir un truc ? Bien sûr, c’est la première chose. Et quand j’étais gamin, c’était déjà ça : je m’imaginais dans un trip footballeur, où je dribblais Wayne Rooney, où je marquais… C’était un peu bizarre (Rires), surtout que j’étais pas hyper bon. Mais je suis issu de cette culture, mon père est à fond dans le foot, et finalement, j’ai joué au même poste que lui : latéral gauche.
Tu t’es construit avec des idoles ?Forcément, j’ai rapidement été Steven Gerrard à fond. J’ai vite chopé un maillot. J’en ai même acheté un à Istanbul, un faux maillot tout pété… Tu voyais rapidement que c’était un faux. Aujourd’hui, j’ai une petite collection et comme j’ai des potes qui travaillent dans la fripe, je récupère des belles pièces.
Tu as déjà mis les pieds à Anfield ?Oui, mais au-delà de l’ambiance, du truc énergétique qui s’en dégage, ce qui m’a le plus choqué la première fois, c’est le côté impeccable des choses. T’as bien regardé la pelouse ? Le gazon est incroyable ! Puis, derrière, tu te rends compte qu’il y a tellement de monde pour faire tourner le club… C’est assez fou. En Angleterre, le foot, tu te rends rapidement compte que c’est quelque chose de sacré. J’étais au Liverpool-PSG en début de saison, Thomas Meunier m’avait eu des places, j’ai vraiment kiffé.
Tu le connais bien, Thomas Meunier ?Carrément ! Grâce à lui, j’ai été quelques fois au Parc. On discute souvent, il est artiste au fond et c’est pas impossible qu’on monte des projets ensemble à l’avenir.
Tu n’as jamais eu envie d’écrire quelque chose sur Liverpool, toi ?Je sais qu’il y a un lien assez fort entre les artistes et ce club, la ville est liée à la musique, mais moi, je viens de Belgique. Déjà, je trouve ça un peu chelou d’aimer un club qui n’est pas de ta ville, et en plus, pas de ton pays. Je préfère m’en tenir là, pas en faire trop. Après, mon vrai club de cœur, c’est le RWDM, le club de Molenbeek. Mon père n’a que c
ette équipe dans le cœur. Aujourd’hui, le club est en quatrième division, c’est un peu galère et je n’arrive pas à voir les matchs, donc je suis de loin. J’aimerais faire plus de bruits pour le RWDM, mais certains supporters modernes du club sont proches de la base extrémiste, donc forcément, ça me fait aussi un peu honte de voir ça.
Tu as tes places pour la finale de samedi ?Au départ, j’ai essayé d’y aller, mais finalement, c’est un peu mes seuls jours de pause, donc je vais regarder ça au calme, avec des potes. Bon, la plupart sont pour le Barça, donc ils vont être contre Liverpool en finale et vont supporter Tottenham.
Tu le sens bien ?Objectivement, je sais que pour Tottenham, c’est une chance presque unique de gagner la Ligue des champions. Ces mecs ont prouvé, comme nous, qu’ils étaient capables de tout faire. Après, j’ai confiance en mon Liverpool parce que celui-ci est bien excitant, bien flamboyant… J’ai un gros coup de cœur pour Robertson, j’adore aussi Van Dijk et Mané. Il sait être décisif pour un match comme ça. J’ai hâte.
Propos recueillis par Maxime Brigand
Le premier album solo de Roméo Elvis, Chocolat, est sorti le 12 avril 2019.