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Romelu et Juliette
Deuxième meilleur buteur du championnat, Romelu Lukaku retrouve un Chelsea qu’il a failli rejoindre l’été dernier. Mais son départ avorté semble être bénéfique pour le Belge, tant Yannick Bolasie et Everton le rendent meilleur cette saison.
Il est là, le centième. Ou le cinquantième, c’est selon. En renard des surfaces, Romelu Lukaku place sa tête dans les cages de West Ham désertées par Adrián. « Trop facile » , « Tout le monde l’aurait mise » , diront les nombreux détracteurs du Belge. Ils n’auront pas forcément tort. Sauf qu’il s’agit là du cinquantième tremblement de filet de l’attaquant en Premier League avec les Toffees. Et du centième de sa carrière tous championnats confondus. À seulement vingt-trois ans. Pas mal, hein ? À ce rythme-là, ce n’est plus tout à fait du hasard. Dans sa quête, l’avant-centre est actuellement aidé par un serviteur dévoué. Son nom ? Yannick Bolasie. Contre Dimitri Payet et consorts, c’est lui qui s’arrache pour déposer le ballon sur le crâne de son pote. Immédiatement après le but, Bolasie s’accorde une petite danse de joie, à laquelle se synchronise parfaitement Lukaku, témoignant d’une franche complicité.
C’est vrai, Romelu Lukaku n’a pas attendu son compère arrivé de Crystal Palace pour faire l’actualité. Valeur sûre du championnat anglais depuis 2012, il n’a pour le moment jamais réalisé de saison à moins de dix buts à partir de cette date. Et encore, dix buts représentent son plus faible total (en 2014-2015). Sans compter ses huit pions en neuf matchs de Ligue Europa et ses dix-huit caramels en coupes nationales. Bref, de quoi avoir envie de se faire une place au plus haut niveau et de franchir un cap en rejoignant une grosse cylindrée qui joue la Ligue de champions pour celui qui n’a jamais véritablement eu sa chance à Chelsea.
Ces soirées-là…
Alors, le bonhomme de 193 centimètres, qui a une haute estime de lui-même, comptait bien bouger cet été. « Ce que je veux, c’est l’opportunité qu’un coach dise :« Allez les gars, allons gagner un titre, maintenant ! Champion d’Angleterre ou d’Europe, allons gagner quelque chose… » Je veux gagner des titres, dès la saison prochaine » , déclarait-il ainsi dans nos colonnes, bien conscient qu’Everton ne correspondait pas à ses envies. Très vite, Chelsea, pas persuadé que Diego Costa resterait, montre un vif intérêt pour le rapatrier. Mais les Blues se cassent les dents sur le prix réclamé par les Toffees, un poil exagéré (environ quatre-vingts millions). Aucun autre mastodonte européen ne fait preuve d’un réel attrait pour le joueur. C’est donc la mort dans l’âme, mais toujours sans se plaindre, que Lukaku reprend avec Ronald Koeman.
Reste que le natif d’Anvers ne va pas pleurer bien longtemps. Non seulement Everton commence sur des chapeaux de roue – treize points lors des cinq premières journées – et se place juste derrière les ténors anglais (sixième à cinq unités du leader City, mais devant United), mais Lukaku est aussi et tout simplement énorme sur le terrain. En partie grâce à Bolasie. Car Romelu s’entend parfaitement avec le Lyonnais d’origine. Ce dernier, qui trouve son partenaire les yeux fermés, lui a déjà offert quatre passes décisives en Premier League. Soit le meilleur duo du Royaume. Sur son couloir gauche, le milieu offensif cherche constamment la tête de son compère ou ses courses en profondeur. Et qu’importe si l’ex d’Amsterdam tient à lui chourer le beau rôle.
Les raisons de cette efficacité ? D’abord, les deux garçons sont amis en dehors des pelouses. De plus, ayant tous les deux des origines congolaises, ils communiquent de façon particulière. « Quand nous sommes sur le terrain avec Romelu, nous parlons le lingala, a confié Bolasie à la presse après la rencontre face aux Hammers. Peu de défenseurs parlent cette langue, donc ça nous donne un petit avantage. » Grâce à cette collaboration fructueuse, Lukaku progresse indiscutablement.
Cette saison, celui dont José Mourinho n’a jamais voulu atteint son meilleur pourcentage de passes réussies (76%) et rate beaucoup moins de contrôles (1,6 par match contre 2,2 l’année dernière). Pas négligeable pour un mec parfois raillé pour sa maladresse technique. Il participe également davantage au jeu (son nombre moyen de passes clés et celui de dribbles ont été multipliés par deux par rapport à l’année dernière). Enfin, encore plus important, le deuxième meilleur buteur du championnat reste ultra décisif. Avec six buts en neuf rencontres, il a retrouvé son meilleur ratio : un pion toutes les 124 minutes (un but toutes les 118 avec West Bromwich Albion en 2012-2013). Sans oublier ses deux passes décisives. L’international est donc en train de devenir un attaquant complet, mature et prêt à jouer dans une équipe digne du niveau de Chelsea. Merci Bolasie.
Par Florian Cadu