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Rome et le derby capital

Par Éric Maggiori
4 minutes
Rome et le derby capital

Elles séduisent, elles gagnent, elles sont sexy. Les deux équipes romaines se retrouveront dimanche prochain pour un derby qui sent très très bon. Miam.

Certains voient des symboles partout, même là où il n’y en a pas forcément. Et puis d’autres se refusent à voir des symboles évidents. Deux écoles. Ce dimanche, il fallait clairement être dans la première team. Un dimanche où les deux équipes de Rome gagnent, à une semaine du derby, tout ça pendant que la Juventus, leader du classement, se fait démolir par le Genoa emmené par Giovanni Simeone. Il y a seize ans, c’est papa Simeone qui avait cassé le joujou de la Juventus, en portant sur ses épaules la Lazio d’Eriksson et en l’emmenant vers un Scudetto pourtant promis à la Juve. Simeone qui marque, des Romaines qui flambent, et un derby qui arrive à grands pas. Il faudrait vraiment être fou pour refuser de voir là des symboles.

Force est de constater que la Juventus a du mal cette saison. Déjà trois défaites après seulement quatorze journées. Celle de ce dimanche fait mal, car elle ne souffre aucune contestation. Les dix-neuf autres équipes qui constituent la Serie A avaient pris l’habitude de disputer un championnat à part. Un championnat où l’on lutte pour la deuxième place, puisque la première est de toute façon chasse gardée. Mais cette saison, quelque chose se trame. Ça bouge. Le tapis rouge avait été déployé pendant l’été pour emmener la Juve vers son sixième Scudetto de rang, mais il se pourrait bien que des petits plaisantins aient envie de tirer sur ce tapis pour faire valser ceux qui s’y prélassent. Et ces plaisantins, ce sont bien les clubs romains.

Inarrêtable Džeko

La Roma, on le savait. L’ancienne équipe de Rudi Garcia avait échoué deux fois à la deuxième place du classement, puis à la troisième l’an passé. Le retour au club de Spalletti devait apporter une nouvelle stabilité. Quand Garcia s’était entêté à vouloir faire de la Juve son ennemi numéro 1, Spalletti, lui, a recentré son groupe sur lui-même. D’abord regarder chez soi avant de zieuter chez le voisin, en gros. Et la recette fonctionne. Sa Roma n’est pas parfaite, surtout en défense, mais elle joue, elle marque beaucoup de buts, et elle avance à un rythme qui peut lui permettre de rêver à autre chose qu’une éternelle deuxième place. Symbole (encore) de cette Roma new look : un nouveau Džeko, tout beau, tout neuf.

Oublié l’attaquant qui loupait le but vide à trois mètres des cages, qui ratait ses contrôles et que l’on surnommait « Dzieco » ( « cieco » signifie « aveugle » en italien). Le Džeko 2.0 bouffe les espaces et surtout marque une pelletée de buts. Encore deux dimanche soir face à Pescara (3-2), qui font douze en quatorze journées, et dix-sept en vingt matchs toutes compétitions confondues. L’attaquant à 90 millions, depuis septembre, c’est lui. Et Totti ? Le Capitano est blessé, et pourtant, la Roma gagne et avance. C’est aussi ça, la force de Spalletti : certes, depuis son retour, il s’est publiquement frité avec la légende Totti en public (à ses risques et périls), mais en même temps, il est en train de faire ce qu’aucun coach, avant lui, n’a osé préparer avec brio : l’après-Totti.

Simone Inzaghi le loco

La Lazio, on le savait moins. L’équipe biancoceleste a probablement vécu le pire été depuis bien longtemps. Après une saison moisie, conclue à une anonyme huitième place, Klose a pris sa retraite, Candreva s’est barré, et Marcelo Bielsa devait venir mettre du baume au cœur des tifosi. Finalement, le Loco a planté tout le monde, et le président Lotito a du se rabattre sur Simone Inzaghi. Tout ça dans la gronde générale. Ce que personne n’avait prévu, en revanche, c’est que le petit frère de Pippo allait être encore plus loco que Bielsa. Avec les armes qu’il a à disposition, Inzaghino a construit une équipe solide, cohérente, qui n’a perdu que deux fois cette saison (face à la Juve, première, et Milan, troisième) et qui, à l’instar de la Roma avec Džeko, a trouvé en Immobile son bomber maison.

Quatrième du classement, la Lazio arrive ainsi au derby avec seulement un point de retard sur la Roma, en embuscade. Une situation qui n’est pas sans rappeler le derby de mai 2015. À deux journées de la fin de la Serie A, la Roma, deuxième, avait ainsi battu la Lazio, troisième, sur un but de Yanga-Mbiwa (1-2), décrochant son billet pour la Ligue des champions. Les Laziali l’ont encore en travers de la gorge et, d’ailleurs, ils n’ont plus gagné le moindre derby depuis la finale de Coupe d’Italie, en mai 2013. Oui, mais cette fois-ci, ils ont Simone Inzaghi sur le banc. Un mec qui, il y a seize ans, battait la Roma dans un derby fou (2-1) aux côtés de son pote Diego Simeone, s’envolant vers le Scudetto. Mais de toute façon, c’est pour les illuminés, les symboles. Non ?

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