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Romario : «Messi n’est pas entré dans l’histoire»
Champion du Monde 1994 et désormais député fédéral, Romario a fait ses débuts comme commentateur télé mardi à Guadalajara, pour un Argentine-Brésil féminin, disputé dans le cadre des Jeux Panaméricains. L'occasion d'une conférence de presse, où le Brésilien a parlé de tout (Neymar, Messi, l'Espagne, le Barça, la Seleçao …), sans oublier de parler de lui.
Romario, comment analysez-vous les dernières sorties du Brésil ?
80% des joueurs que prend Mano Menezes, je les prendrais. Ce sont les meilleurs. Mais la Seleçao ne joue pas comme nous, les Brésiliens, le désirons. Mano est un bon professionnel, il faut lui donner un peu plus de temps.
Le Real Madrid serait-il un bon choix pour Neymar ?
Je ne le connais pas personnellement, mais il a les qualités pour s’imposer à Madrid. Le jour où il enfilera l’uniforme merengue, il sera au même niveau qu’à Santos ou en sélection. Par expérience, je peux assurer que des sept pays où j’ai évolué, l’Espagne est celui où l’adaptation sur le terrain est la plus aisée. Au Barça, par exemple, il n’y a pas tant besoin que ça de se dépenser, il suffit d’être intelligent, comme Messi. En Amérique du Sud, on te serre de beaucoup plus près.
Messi vient de confier préférer Maradona à Pelé, et n’avoir jamais vu jouer O Rei, qui lui a dans la foulée proposé de lui envoyer des vidéos de sa carrière. Où situez-vous Messi par rapport à Maradona et Pelé ?
Messi est le meilleur joueur du monde. C’est indiscutable. Mais on ne peut pas aujourd’hui le comparer à Pelé, le meilleur joueur de tous les temps. Pelé, lui, est dans l’histoire, notamment pour ses trois Coupes du Monde. Messi n’en n’a même pas remporté une, il n’est pas encore entré dans l’histoire. Il a tout pour devenir une légende, mais premièrement, il faut qu’il se hisse au niveau d’un Maradona, après d’un Romario, puis devenir un Pelé. En tout cas, si Pelé lui envoie ses vidéos, il est certain que Messi va beaucoup apprendre.
Selon vous, pourquoi Messi n’a-t-il pas le même rendement avec l’Argentine qu’avec le Barça ?
C’est très simple. L’équipe ne joue pas pour lui. A mon époque, la Seleçao jouait pour moi, avant pour Pelé, et l’Argentine pour Maradona. Nous étions les meilleurs, ceux qui faisaient la différence. En Argentine, il y a beaucoup de grands joueurs, mais le jour où un sélectionneur demandera à ce qu’ils jouent tous pour Messi, je crois que l’Argentine aura de meilleurs résultats.
Pensez-vous que la sélection espagnole va marquer son époque comme celle du Brésil des années 60-70 ?
La Roja a déjà marqué son époque. Cette génération a imposé son style au monde, et je crois que l’Espagne sera encore plus forte en 2014 qu’en 2010. Ses joueurs seront plus expérimentés, et les jeunes qui émergent sont talentueux. Je respecte énormément cette sélection.
Et le Barça, vous le voyez poursuivre sa domination ?
Guardiola a passé sept ans avec Cruyff, et je suis sûr qu’il a beaucoup appris avec lui. Désormais, il appliques ses principes. Aujourd’hui, le Barça est la plus grande équipe du monde, et je pense que cela va encore être le cas pendant quelques années.
Quel est le métier le plus difficile : joueur de foot, politique, ou commentateur ?
Sincèrement je n’ai pas été un joueur, mais un grand joueur ! Après, chaque métier a ses difficultés. Par exemple, comme footballeur, jouer dans des équipes modestes te demande davantage d’efforts que de jouer au Barça. En tant que politicien, j’ai des obligations comme aider les jeunes des favelas, notamment les consommateurs de crack. Enfin, je ferai le bilan à la fin de mon mandat. Quant au travail de commentateur, je commence cet après-midi, donc…
Hormis le football, allez-vous suivre d’autres sports lors de ces Jeux Panaméricains. Et avez-vous un sportif, non footballeur, comme référence ?
J’aime le volley-ball, surtout de plage, le patinage, le basket, le tennis de table. Quand je ne commenterai pas de match, j’irai assister aux épreuves. Quant à ma référence, il ne s’agit pas d’un sportif, mais de ma femme, ici présente.
Propos recueillis par Thomas Goubin