Comment situez-vous l’équipe camerounaise par rapport à celle qui a gagné la CAN en 2000 et 2002 ?
Il y a clairement une différence de niveau. Puis à l’époque, les joueurs avaient de l’expérience et jouaient tous à leurs postes respectifs. Le climat du groupe aujourd’hui n’est pas le même non plus. Il y avait une unité de groupe, une cohésion qui n’existe plus. Mais tout ça, les joueurs le savent, leur équipe n’est plus aussi bonne et c’est communément admis au Cameroun.
Du coup, pensez-vous qu’elle va rééditer sa décevante édition 2010 ?
Sur le papier, c’est clair qu’ils sont un ton en dessous du Brésil et de la Croatie. Mais ça reste de la spéculation. C’est dans cette position que les Lions indomptables sont les meilleurs. C’est quand sur le papier, ils sont inférieurs, qu’ils montent en niveau et élèvent le défi physique. Les connaissant, il va falloir que la Croatie s’accroche, car le Cameroun fera tout pour cette deuxième place.
Les récentes déclarations de Kana-Biyik peuvent venir perturber le semblant de quiétude du vestiaire camerounais ?
Non, pas du tout. Comme je t’ai dit, le groupe a des certitudes, il est conscient de certaines choses et ce n’est pas ça qui va l’ébranler.
Vous êtes pessimiste ou optimiste sur le fait qu’un jour tous les problèmes internes cessent ?
Oui, je pense qu’un jour, tout ça prendra fin. Mais pas tout de suite, ça c’est sûr. Surtout pas aujourd’hui, à la veille du Mondial. En fait, ces soucis viennent d’une irrégularité des résultats et d’absence de trophée. Le jour où le Cameroun se remettra à gagner, je pense que tout ça s’estompera.
Volke Finke, que fait-il au milieu de tous ces égos ?
Je ne sais pas s’il décide de tout. Après, il a un mérite, il a su s’adapter à l’environnement de la sélection. Une chose très compliquée. C’est peut-être pour ça que pas mal de joueurs jouent dans le onze de départ, mais pas à leur poste. Finke semble obligé de composer son équipe en respectant un certain équilibre politique (entre le clan Song et Eto’o, ndlr). Du coup, t’as des milieux qui se retrouvent arrières, etc. Après, en terme de jeu, il n’a pas montré grand-chose. C’est pas un homme qu’on va mettre en avant pour sa tactique ou son jeu.
Eto’o peut-il faire encore la différence seul sur ce genre de match ultra décisif ?
Je suis pas vraiment partisan du fait qu’un joueur la joue solo. Après, Samuel, bien sûr qu’il peut la faire sur un geste, un placement ou sur une finition. Il a peut-être vieilli, mais la technique reste.
Vous avez vu la génération Geremi, Eto’o arriver. Un souvenir ?
C’était à cette période, pré-Coupe du monde. Le sélectionneur avait convoqué un groupe élargi pour quelques matchs amicaux. Lors d’un entraînement, il compose deux équipes. Celle des probables convoqués et celle des challengers. Eto’o a seulement 17 ans et il joue avant-centre des challengers. Personne ne le connaît vraiment. Pendant tout le match, il met la misère à tout le monde. Les plus anciens n’apprécient pas et les coups pleuvent sur lui, mais il se relève sans broncher et continue. Il a finalement été pris dans le groupe pour la Coupe du monde 1998. Il avait seulement 17 ans. Moi, finalement, je me suis blessé et j’ai été obligé de déclarer forfait. J’aurais aimé le voir évoluer davantage dans le groupe.
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