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Des saluts fascistes sur la célébration du but de Mussolini, vraiment ?
Le petit-fils de Mussolini est pro et a marqué son premier but ce week-end avec la Juve Stabia. Une performance qui aurait été saluée par plusieurs spectateurs de bras tendus. On fait le point.
« L’enquête suit son cours, c’est confidentiel. »
Avec deux titres de champion de quatrième division, la Juve Stabia n’a pas le meilleur palmarès du football italien, mais vit l’une des meilleures périodes sportives de son histoire. Alternant ces dernières saisons entre la Serie C et la Serie B, le club de la province de Naples s’est hissé à la quatrième place de la deuxième division ce week-end après une courte victoire à domicile face à Cesena (1-0), grâce à un patronyme que tout le monde connaît. Il s’appelle Romano Floriani Mussolini, il a marqué son premier but comme professionnel, et les supporters ont célébré en criant en chœur son nom. Jusque-là, tout va bien.
Enquête ouverte
Le problème, c’est qu’on peut voir sur une vidéo les supporters de la tribune latérale du stade Romeo-Menti tendre un bras lorsque le speaker hurle son prénom. Certains semblent tendus. Impossible d’affirmer qu’il s’agit de saluts fascistes. Une clarification du club aurait aidé à comprendre et ne pas se poser la question que certaines personnalités politiques ont relayée dans la journée : le fascisme est-il ouvertement accepté dans les tribunes européennes ?
C’est pareil dans tous les stades d’Italie. Et cela n’a absolument aucun mais absolument aucun lien avec un geste fasciste. Quand on reprend en cœur Forza Roma Forza Lupi à l’Olimpico, on le fait tous en levant le (ou les) bras, pareil sur un but. C’est une façon de reprendre en…
— Thierry Cros (@tcros) December 23, 2024
Italie, 2024, le fascisme à visage découvert.
Des dizaines de supporters du clubs de la Juve Stabia Romano, ont célébré le but de Floriani Mussolini, arrière-petit-fils de Mussolini, en faisait des saluts fascistes.
Des images qui glacent le sang. pic.twitter.com/SDGqrMDXNg
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) December 23, 2024
Pour le comprendre, la fédération italienne de football a lancé ce lundi une procédure. « Les employés du parquet fédéral (de la FIGC) enverront un rapport sur l’incident, accompagné de documents vidéo, au juge sportif de la Ligue Serie B pour qu’il se prononce », a-t-elle indiqué à l’AFP. D’après plusieurs spécialistes du club, la Curva Sud de la Juve Stabia, non filmée lors des célébrations, possède des liens avec des mouvements de gauche. Ils ont déjà invité les Parisiens de la K-Soce Team, groupe de supporters parisiens répertorié comme antiraciste.
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Si l’enquête permettra de statuer sur les agissements des fans, la clarification mériterait d’exister du côté du joueur. Son CV familial fait froid dans le dos. Romano Floriani Mussolini est le fils d’un cadre des finances et d’une ancienne députée européenne issue du Mouvement social italien, parti formé par des partisans de Mussolini après la Seconde Guerre mondiale. En bonus, le latéral est prêté par la Lazio, pas vraiment connue pour ses engagements antifascistes. Certains supporters du club ont même été soutenus par sa maman Alessandra Mussolini, présente au stade ce dimanche. Son fils a décidé de porter le nom de sa mère sur son maillot et de réduire à un « M. » celui de son père. L’inverse de ce qu’il faisait à la Lazio.
Il s’en justifiait à moitié à la Gazzetta dello sport en novembre : « Mon arrière-grand-père Benito a été une personnalité très importante pour l’Italie, mais nous sommes en 2024 et le monde a changé. Il y aura toujours quelques préjugés, mais mon travail n’a rien à voir avec cela, et cela ne me pèse pas. Les gens parleront toujours, mais ma mère me dit de ne pas m’en soucier. Je suis pour les défis : si je dois faire taire ceux qui ont des préjugés sur mon nom de famille, je le fais. » Il l’a montré en célébrant son but ce dimanche, avec un index sur la bouche. Alors si on ne choisit pas sa famille, peut-on choisir d’être exemplaire ?
Par Ulysse Llamas