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Romain Viale : « Les Léopards de Dolisie veulent devenir une référence »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
Romain Viale : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les Léopards de Dolisie veulent devenir une référence<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Préparateur physique de formation, Romain Viale a accepté une offre venue du continent africain en début d'année 2015. Depuis, il exerce son métier aux Léopards de Dolisie, meilleur club du Congo et habitué de la Ligue des champions.

Comment s’est présentée l’opportunité d’aller travailler au Congo ?

Je faisais partie de la promotion 2014-2015 du programme « 10 mois vers l’emploi » proposé par l’UNECATEF. J’étais en session quand une offre est arrivée à l’UNECATEF pour ce poste de préparateur physique, j’étais le seul préparateur physique de la promo, donc on m’en a parlé et j’ai dit que cela pouvait m’intéresser.

C’est le club qui t’a contacté directement ?

Non, c’est un intermédiaire qui connaissait bien l’un des dirigeants de l’UNECATEF, Pierre Repellini, qui a fait le lien. Au départ, on m’a simplement dit qu’un club du Congo-Brazzaville cherchait un préparateur physique et on m’a demandé si cela pouvait m’intéresser. Vu que je l’étais, l’intermédiaire m’a rappelé 48 heures plus tard pour me donner toutes les informations sur le club, l’entraîneur, les conditions de travail, les objectifs. On était 4-5 sur une short list, puis j’ai été choisi.
Les Européens sont censés amener leur savoir-faire et leur réseau

À la base, tu as quelle formation ?

J’ai une licence STAPS Entraînement sportif spécialité « Musculation et haltérophilie » et un Master 2 STAPS Préparation physique et mentale orienté vers la performance en football. Depuis 2012, je suis également intervenant en physiologie dans une école d’ostéopathie.

Quand tu as débarqué chez les Léopards de Dolisie, tu as vite compris que c’était un club ambitieux ?

C’est loin d’être un petit club, ne serait-ce que par l’organisation. Ils ont arrangé mes formalités administratives et ma venue très rapidement. Tout a été géré de A à Z. Les infrastructures ne sont pas très modernes, elles sont en phase de construction. C’est un club qui a des bases solides, mais avec l’entraîneur actuel Lamine N’Diaye, on est en train de tout étoffer. J’ai moi-même fait des demandes de devis auprès de fournisseurs en France pour tout ce qui est matériel de musculation et d’entraînement. C’est aussi pour cela que l’on m’a fait venir, pour apporter mes références européennes en préparation physique. En Afrique, la fonction est très peu représentée, il n’y a pas de réels diplômes, les Européens qui sont recrutés sont censés amener « leur savoir-faire » , ainsi que leurs réseaux pour tout ce qui est acquisition de matériel. On a même un rôle de formateur pour le staff déjà en place. Après, on a déjà pas mal de choses : un grand terrain d’entraînement par exemple, des vestiaires en bon état, des salles pour les kinés, il n’y a pas de soucis…

Lamine N’Diaye, l’entraîneur avec lequel tu travailles, a déjà gagné la Ligue des champions africaine avec le Tout Puissant Mazembe, cela situe bien l’ambition du club ?

Tout à fait, c’est un ancien joueur en France qui a déjà une belle carrière en tant qu’entraîneur. Il est diplômé de la FFF, il a travaillé pour la Ligue d’Alsace après avoir été entraîneur à Mulhouse. Il a apporté toute son expérience en Afrique et y a gagné pas mal de titres (il a également atteint la finale du Mondial des clubs 2010, ndlr). Le club a clairement l’intention d’être une référence continentale. Le président nous l’a dit, l’objectif c’est d’aller chercher un beau parcours en Ligue des champions de la CAF. Bien sûr, il ne faudra pas négliger le championnat, car c’est lui qui donne accès à la Ligue des champions.
Les joueurs apprécient la rigueur que l’on apporte

Vous jouez devant combien de personnes à chaque match ?

Aucune idée ! Ils ont commencé à rénover le stade il y a peu, juste avant mon arrivée. Tout est en train d’être refait. Le stade est plein pour la Ligue des champions de ce que l’on m’a dit, car des gens se déplacent de Brazzaville et Pointe-Noire pour suivre les Léopards en Ligue des champions, alors qu’en championnat le stade est moins garni. Actuellement, c’est le meilleur club du pays, on est d’ailleurs les seuls Congolais encore en lice en Ligue des champions.

Quel est ton rapport avec les joueurs congolais ?

Ils ne sont pas forcément demandeurs d’exercices supplémentaires dans la globalité, même si quelques-uns, notamment ceux en retour de blessures, me posent des questions sur ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. Mais on a la chance d’avoir un groupe qui cherche à progresser, donc qui suit assez facilement les exercices qu’on lui donne. Mais ce sont des hommes qui ont l’habitude de l’Afrique, qui savent gérer les maux locaux, qui savent qu’ils peuvent à certains moments souffrir d’une fièvre, d’une infection qu’on ne connaît plus en Europe, et ils le vivent assez facilement. Pour moi, cela se passe bien avec eux, car ils apprécient le professionnalisme et la rigueur qu’on apporte dans les séances d’entraînement. Mais il y a encore beaucoup à faire. À son arrivée, le coach a ainsi mis en place un règlement intérieur qui n’existait pas avant, alors que dans la plupart des grands clubs européens, c’est la norme. Ce règlement sanctionne donc les retards, les portables qui sonnent dans le vestiaire ou pendant les réunions. Cela permet à chacun de se sentir concerné par le contrat qu’il a signé.

Comment les joueurs te traitent-ils ? Tu te fais chambrer un peu comme cela peut se passer en France entre les joueurs et le préparateur physique, qui peut se permettre d’être plus proche des joueurs ?

Non, il y a de la réserve et une grande forme de respect, même si je suis assez jeune. J’ai le même âge que la plupart des joueurs, quelques-uns seulement sont plus vieux. Certains blaguent, même moi cela m’arrive de les taquiner, mais il y a toujours eu un vrai respect depuis le début. Est-ce dû à ma posture, à la distance que je maintiens ? Est-ce dû à mon travail ? On m’a dit que mon travail était apprécié, que les joueurs en ressentaient les effets. On a joué au Kenya il y a quelques jours, à 1500 mètres d’altitude, alors que Dolisie c’est 500 à peu près. On était logiquement défavorisés par cette différence d’oxygène, mais à la fin du match, les joueurs sont venus me voir en disant : « Romain, on aurait pu jouer encore 10 minutes de plus, on était bien » . Je pense qu’il y a aussi cette forme de respect qui découle de notre travail commun, qui s’avère payant. Ils se disent sûrement que je suis jeune mais sérieux.
Une dizaine de jours à Brazzaville pour trois matchs en retard à disputer

Un mot sur ta vie au Congo, tu vis comment ? À la locale ou comme un expatrié ?

Je suis encore à l’hôtel avec le coach, mais on va bientôt chacun avoir un vrai logement. La nourriture alterne plats africains et plats européens. Dolisie, c’est la troisième ville du Congo, c’est une ville assez jolie de 100 000 habitants, mais c’est beaucoup moins développé que Brazzaville ou Pointe-Noire, les deux grandes villes du pays. Du coup, il n’y a pas beaucoup d’expatriés à Dolisie, et la guerre a fait fuir pas mal d’investisseurs (1998-2003 ndlr). Je n’ai donc pas vraiment de fréquentations en dehors du staff technique. Les éventuels expatriés de Dolisie, je ne les connais pas. La vie en général est assez calme. Je me déplace en taxi, il y a deux ou trois magasins où on peut éventuellement acheter quelques produits occidentaux, mais il n’y a pas de grands supermarchés comme à Pointe-Noire, qui a même un casino. Et puis il y a les épiceries locales avec des produits d’ici. Étant à l’hôtel, on n’est pas encore totalement immergés dans la vie locale, même si Dolisie n’étant pas une grande ville, on l’est un peu quand même.

En dehors du foot, tu fais quoi ?

Je reste principalement à l’hôtel, je lis beaucoup, je me suis pris une petite connexion internet avec la 3G. Je passe l’essentiel de mon temps à préparer les séances et à lire. Et mine de rien, on passe beaucoup de temps sur la route pour nos matchs à l’extérieur. J’ai par exemple passé une dizaine de jours consécutifs à Brazzaville, car on avait trois matchs en retard à disputer.

Ta compagne t’a accompagné ?

Non, elle est enseignante en région parisienne et il fallait d’abord que je m’installe au Congo, que je vois comment cela se passe. C’est l’aspect le plus difficile, car on est ensemble depuis 10 ans, mais elle vient me voir pendant les vacances scolaires, donc on passera du temps ensemble cet été. Mais ce type de contrats en Afrique, les entraîneurs partent souvent seuls les premiers mois.

Toi, tu ambitionnes de rester longtemps en Afrique ou tu espères revenir en Europe ?

Actuellement j’en profite pour acquérir de l’expérience, c’est un beau projet, ambitieux. Ils ont des attentes, et j’espère y répondre en mettant en place des choses. Par exemple, si j’arrive à mettre en place la salle de musculation du club comme je l’ai imaginé, je pourrais partir l’esprit tranquille dès demain. Si le prochain préparateur physique arrive et se dit : « Wouah la salle de muscu ! Je peux commencer à bosser de suite ! » , ce serait déjà une réussite. Ensuite, bien sûr que j’aimerais revenir en Europe car ma famille est en Corse, ma femme à Paris. Mais d’un point de vue professionnel et humain, on n’a pas la chance de vivre ce que je vis tous les jours. Partir dans un autre pays, découvrir une autre culture et un autre football… Le football, c’est universel, certes, mais il y a d’autres pratiques et visions du football dans les autres pays. Donc j’en profite pour m’enrichir au maximum sur les plans humain et professionnel, pour pouvoir ensuite revenir vivre du football dans un club européen, car je suis européen et c’est le football qui me fait rêver depuis tout petit.

Des préférences en matière de championnat ?

On dit que nul n’est prophète en son pays, mais si je pouvais exercer en France, ce serait une belle récompense.
La nouvelle saison de Serie A est enfin là : dans les épisodes précédents...

Propos recueillis par Nicolas Jucha

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