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Romain Ferrier : « A Guingamp, on se fait applaudir quand on perd 3-0 »
Romain Ferrier est l'homme le mieux placé au monde pour présenter le choc qui opposera tout à l'heure l'En Avant Guingamp à Bordeaux au Roudourou. L'actuel entraîneur général de l'US Pegomas, champion de France avec les Girondins avant de passer quatre saisons dans les Côtes-d'Armor, livre son expertise.
Tout se passe bien à l’US Pegomas ?Oui, ça va. C’est un petit club de niveau départemental des Alpes-Maritimes dans lequel je mène la politique générale au niveau du terrain, que ce soit pour les seniors ou pour les plus jeunes. J’ai obtenu mon DEF, qui me permet d’entraîner jusqu’au niveau National, et passer mon DEPF pour entraîner des pros est quelque chose qui commence à mûrir dans ma tête.
Tout à l’heure, tu soutiendras Guingamp ou Bordeaux ?Mon cœur balance. A Bordeaux, j’ai passé deux belles années ponctuées par un titre de Champion en 1999, tandis que je suis resté quatre ans à Guingamp, où l’ambiance était totalement différente dans l’approche du football, beaucoup plus chaleureuse et proche. Pour moi, c’est trop difficile de choisir entre les deux équipes.
Cela te surprend de voir Guingamp mieux classé que Bordeaux ?
Guingamp a su mettre les bonnes personnes aux bons postes. A la tête du projet technique, Jocelyn Gourvennec a eu le temps de travailler, de constituer le groupe qu’il a voulu. Donc cela ne me surprend pas que Guingamp soit bien placé. Ils sont dans la continuité de leurs dernières saisons. Quant à Bordeaux, c’est une surprise de les voir en seconde partie de classement (les Girondins sont en fait 9e , ndlr). Ils sont à 3 points du 5e, mais cela peut aller vite dans un sens comme dans l’autre car le classement est assez homogène. La conjoncture les a obligés à vendre beaucoup de joueurs, c’est une période difficile.
Jocelyn Gourvennec fait partie de cette nouvelle génération d’entraîneurs qui aime les équipes joueuses. C’est un vent de fraîcheur salutaire sur le championnat ?
C’est clair que ça fait du bien. Il ne fait pas n’importe quoi, tout est calculé, mais ses joueurs ont de la latitude pour faire du jeu. Et c’est un homme qui préfère jouer pour gagner plutôt que pour ne pas perdre, ce qui change tout. Je pense que son passage à Nantes l’a profondément marqué là-dessus. C’est vrai que son équipe est beaucoup plus sympa à regarder que des équipes qui cadenassent. Et pour les joueurs aussi, c’est beaucoup plus agréable.
« J’aimerais que Marc Planus brise la série d’Enyeama »
Tu reviens de temps en temps à Guingamp et Bordeaux ?Je suis dans la région de Cannes, à l’opposé de Guingamp, donc c’est un peu compliqué d’y retourner. Par contre, je suis allé à Bordeaux en juin dernier parce que mon fils y disputait un tournoi. J’en ai profité pour passer au Haillan, qui est un endroit fantastique. Ce sont deux clubs qui m’ont marqué et où j’ai gardé de bons contacts. Deux régions différentes qui ont chacune leur charme. Quand je suis arrivé à Bordeaux, je n’avais que 21 ans, pas la maturité suffisante pour profiter de la ville et de sa région. C’est un vrai regret. A Guingamp, j’avais entre 24 et 28 ans, père de famille, avec un peu plus de plomb dans la tête. La première année a été compliquée parce que je n’avais connu jusque-là que des clubs du Sud, mais j’ai ensuite découvert une région que j’ai adorée. Si demain, on me demande de retourner à Guingamp, je fais mes valises tout de suite. Là-bas, la relation avec les gens est vraiment particulière, très étroite, ça marque. On pouvait se faire applaudir en perdant 3-0 au Roudourou contre Lyon, par exemple. Parce qu’on avait tout donné mais qu’on était tombés sur meilleur que nous. On avait été ovationnés.
Aller, dis-nous à quelle place vont terminer les deux équipes en fin de saison.Je vois bien Guingamp se maintenir autour de la septième place. Bordeaux, c’est vraiment l’interrogation. Ça marche par cycles, et l’élimination en Ligue Europa peut les aider. Je les vois finir entre la septième et la dixième place.
Ce week-end, Bordeaux reçoit Lille. Quel sera le Bordelais qui va briser la série d’invincibilité de Vincent Enyeama ?
J’aimerais que ce soit Marc Planus. Sur un coup de pied arrêté, plus que sur une chevauchée fantastique en éliminant cinq ou six joueurs.
Propos recueillis par Mathias Edwards